Notes de lecture : « Yellow birds », de Kevin Powers
par Lediazec
mardi 21 mai 2013
La mort est une colle résistante, ricanante, oisive et sûre de son adhérence. De la prise de conscience à l'état d'inconscience, elle est, tour à tour, chat et souris. L'ayant trompée, moquée, bravée avec insolence, s'offrant au passage sursis et frissons, l'humain, éternel joueur, ne se faisant aucune d'illusion quant à l'issue de la partie, la trouille au ventre quand même, aime ce défi de perdant que la vie lui offre dès la naissance comme un cadeau exceptionnel. Un livre est un pied de nez à son coup de faux. Un prolongement que la poussière de la postérité nappe d'une couche de plus en plus épaisse. Il est une guerre contre la défaite ainsi que la mise en lumière de la grande dépravation humaine.
« Une chose ne peut être absurde qu'à condition qu'un nombre suffisant de personnes la prenne très au sérieux. » K.P.
Bartle a 21 ans et son avenir est suspendu à un coup de dé, pas plus grand que la taille d'une balle hasardeuse ! A peine éclose, sa jeunesse est déjà un champ de ruines où poussent des fleurs sans odeur, juste bonnes à tresser des couronnes mortuaires. Jeune et déjà immensément vieux, Bartle est ce soldat qui ne sera, à jamais, qu'un mauvais soldat, s'appliquant à respecter les consignes au pied de la lettre, non point pour devenir un modèle, mais pour sauver sa peau, comme tous ceux qu'il a vu crever sans savoir pourquoi eux et pas lui. Se demandant pourquoi le parfum des jacinthes ou de jasmin dégage une onde merveilleuse au milieu d'un tas de cadavres pourrissant au soleil, si ce n'est que pour raviver le regret d'un bonheur auquel le guerrier, le symbole, la bécane publicitaire, n'avait accordé qu'un intérêt superficiel au moment où les politiques lui matraquaient la bonne direction à prendre.