Nouvel An chinois : le Lapin fêté par les tigres et les dragons

par Fergus
mardi 24 janvier 2023

Le Nouvel An luni-solaire, plus fréquemment appelé Nouvel An chinois (nónglì xīnnián), est tombé cette année le 22 janvier en Asie (le 23 en Europe). Depuis hier, l’on est donc officiellement entré dans l’année du Lapin (tùzĭ). Un évènement qui, comme chaque année, a été abondamment fêté par les communautés asiatiques de Paris, entre défilés hauts en couleurs, animations et rendez-vous culturels...

C’est fait : le 22 janvier a débuté en Asie l’année du Lapin d’eau (le Poissons dans notre zodiaque). Elle succède à l’année du Tigre d’eau (le Verseau), après quoi, le 10 février 2024, elle cèdera la place à l’année du Dragon de bois (le Bélier).

Dans toute la Chine, mais également dans tous les pays de diaspora, cet évènement calendaire déroulera ses fastes durant deux semaines. Forte de sa population asiatique, la ville de Paris ne fait pas exception. Bien au contraire, ce Nouvel An chinois – mais aussi vietnamien : Fête du Têt où sera fêtée l’entrée dans l’année du Chat –, est désormais une tradition bien ancrée. Elle est l’occasion de nombreuses manifestations en divers lieux de la capitale où se sont, au fil des décennies, concentrées plusieurs communautés asiatiques. Après le pavoisement de l’avenue d’Ivry samedi et le défilé de dimanche au cœur du Marais entre la place de la République et la rue Beaubourg, d’autres évènements sont prévus dans le Chinatown du 13e arrondissement, mais aussi à Belleville et dans le quartier de La Chapelle.

Un coup d’œil sur le zodiaque chinois (shengxiao) nous enseigne qu’il est, comme le zodiaque occidental, composé de 12 signes symboliques. En l’occurrence des animaux, exception faite du Dragon, seule créature mythique. Mais contrairement aux symboles occidentaux reliés à des constellations, les animaux chinois symbolisent chacun 1/12e de l’espace céleste, ainsi divisé naguère par les astrologues en fonction du mouvement des planètes relativement aux alignements d’étoiles de la Grande Ourse.

En Chine, c’est un calendrier luni-solaire qui sert de référence temporelle. Chaque année débute lors de la nouvelle lune comprise entre le 21 janvier et le 20 février, en l’occurrence la deuxième nouvelle lune après le solstice d’hiver. À l’animal zodiacal est associé l’un des « éléments » suivants : la terre (rigueur, autonomie), le métal (détermination, ambition), l’eau (intuition, communication), le bois (empathie, créativité) ou le feu (énergie, fécondité). C’est la combinaison des deux (soit un cycle de 60 ans) qui, alliée à l’alternance binaire de son « rameau » yin ou yang, donne son caractère particulier à l’année et à ses natifs. 

À la différence du cycle zodiacal occidental qui fonctionne sur 12 mois, le cycle zodiacal chinois s’étend sur une période de 12 ans. À chaque année correspond l’un des 12 animaux du zodiaque. Dans l’ordre : le Rat, le Bœuf (ou le Buffle), le Tigre, le Lapin (ou le lièvre), le Dragon, le Serpent, le Cheval, la Chèvre (ou le Bouc), le Singe, le Coq, le Chien, le Cochon (ou le Sanglier). 12 animaux que l’on retrouve également dans le cycle des mois, toujours dans le même ordre. 12 animaux encore présents dans le cycle des heures, à raison de 2 par signe.

Tout cela est fort intéressant, mais comment a été établi l’ordre de succession des animaux symboliques dans le calendrier chinois ? « Au moyen d’une course  », affirment généralement les Chinois et les habitants des pays voisins. Certains par croyance, d’autres par superstition, la plupart par goût de la tradition. Seul diffère le nom de l’organisateur de cette fameuse course : on évoque Bouddha lui-même, Huáng Dì (L’Empereur Jaune), voire Yuhuang Dadi (L’Empereur de Jade). En réalité, peu importe le promoteur de l’idée car c’est une bien jolie légende qui, d’un bout à l’autre de la Chine, et dans de nombreuses régions du Sud-Est asiatique, décline en de multiples versions les péripéties de cette « Grande course » des animaux, le Chat étant au Vietnam le pendant du Lapin.

La déconvenue du Chat

On y apprend notamment comment le Rat s’est montré le plus rusé des 14 animaux au départ de l’épreuve, et de quelle manière ont été éliminés de la course l’Éléphant et le Chat, tous deux victimes du malin rongeur, et de ce fait définitivement écartés de la mesure du Temps. Une élimination acceptée avec fatalisme par les débonnaires éléphants, mais jamais digérée par les chats. À tel point qu’aujourd’hui encore, ces derniers, toujours en quête de vengeance, vouent aux rats une haine inextinguible. Pauvres chats : de cette épreuve vient également leur aversion de l’eau, le Rat de la Grande course ayant précipité le Chat dans une rivière pour s’en débarrasser. Pas très fair-play, mais efficace !

Depuis cette déconvenue, le Chat a pris sa revanche dans le monde asiatique, d’une manière inattendue, et cela grâce aux... Japonais qui, depuis la fin du 19e siècle, ont fait de lui le symbole de la Prospérité. Le maneki-neko est en effet visible partout, et bien entendu omniprésent chez les commerçants et les restaurateurs du Chinatown parisien, sa patte gauche levée en signe de bienvenue. Nul doute qu’il saluera les festivités et les animations programmées pour marquer l’entrée dans l’année du Lapin d’eau.

À Paris, dès le week-end dernier se sont succédé conférences et animations, notamment au musée Cernuschi. Et un défilé a eu lieu le lundi 23 janvier dans le faubourg Saint-Honoré. Les festivités se poursuivront du jusqu’au dimanche 5 février, avec au programme du Centre culturel de Chine une découverte des costumes traditionnels, des démonstrations de calligraphie, des danses, du maquillage traditionnel et un concert le mercredi 25 janvier. D’autres événements auront lieu au pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne et au musée Guimet. Autant d’occasions, pour petits et grands, de découvrir les cultures asiatiques, notamment chinoise et vietnamienne.

Mais le clou du Nouvel An chinois interviendra le week-end prochain : le dimanche 29 janvier à partir de 13 heures dans le 13e arrondissement, sous la forme d’un grand cortège haut en couleurs : au son des trompettes et timbales traditionnelles défileront en effet des centaines de participants costumés, vêtus de chatoyants costumes représentatifs de nombreuses régions de Chine et d’Asie du Sud-Est. Ces garçons et ces filles ne seront toutefois pas seuls à battre le pavé parisien : tigres, lions et dragons leur tiendront compagnie, ainsi que le héros de l’année qui s’ouvre : le Lapin. Pour en savoir plus, et – pourquoi pas ? – faire partie des 200 000 spectateurs attendus, n’hésitez pas à cliquer sur Sortir à Paris : Nouvel An chinois.

Qu’attendre de l’année du Lapin ? Si l’on en croit les spécialistes de l’astrologie chinoise, l’année qui s’ouvre est de bon augure car placée sous le double signe de la paix et de la prospérité. Pour ce qui est des natifs de l’année du Lapin, ils sont réputés être placés sous un signe positif caractérisé par la vigilance et l’habileté, mais aussi par le calme et la sympathie. Petite précision aux personnes en quête d’une âme sœur : le signe qui s’allie le plus harmonieusement au Lapin est le Serpent, et pas seulement au plan sentimental : sur le plan matériel, le Serpent est doué pour créer de la richesse, et le Lapin pour sécuriser celle-ci et en faire bon usage.

En cette nouvelle année, il ne nous reste plus qu’à avaler cul-sec un mini bol de baijiu ou, plus modestement, à boire une canette de Tsingtao pour arroser l’évènement. Gān bēi ! (À la vôtre !) et Xīnnián hǎo ! (Bonne année !)


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