« Oh Les Beaux Jours » de Catherine Frot à La Madeleine
par Theothea.com
jeudi 9 février 2012
Très impressionnée par la performance de Madeleine Renaud qui créa le rôle de Winnie en 1963, en le reprenant maintes fois jusqu’à la fin de sa carrière, il tardait à Catherine Frot de se confronter, en pleine maturité, à ce personnage tragique…. à la mesure de l’issue de toute vie humaine.
S’enfonçant inéluctablement dans ce qui pourrait être un château de sable, celui que l’homme crée de toutes pièces afin d’entretenir ses chimères, la comédienne, en accord total avec Marc Paquien son metteur en scène, prend le parti d’interpréter tout ce qui arrive dans la journée de Winnie, comme un cadeau du ciel offert sur un plateau d’argent.
Ainsi, délibérément optimiste, le moindre signe de Willie son partenaire, pour le moins tétanisé, le moindre bruit qui pourrait enchanter la menace du vide ou la moindre modification apportée à son propre rituel quotidien devient source d’une immense satisfaction, à l’image d’une étincelle de vie dérobée au néant.
Enserrée dans un mamelon, initialement au niveau de la taille, jusqu’à ne conserver, en phase ultime, que la tête hors de l’ensevelissement programmé, c’est, donc, son sac fourre-tout qui lui servira de viatique quasi miraculeux, s’inventant, ainsi, à travers un mouchoir, une brosse à dents ou autre pistolet, l’espace d’un imaginaire burlesque, apte à se renouveler et même à se sublimer.
A l’aune de l’humour latent mais constamment implicite de l’auteur, le long fleuve pas si tranquille de la vie pourrait s’écouler à sa guise, pourvu de rester à l’écoute des signes manifestes de sa régénérescence potentielle.
En l’occurrence, avec son teint enjoué sous l’ombrelle, Catherine Frot éclate de bonne santé et d’humeur alors que le texte de Beckett coule littéralement de sa bouche sans heurt ou saccade…. tout comme si, elle était, à elle seule, la médiatrice naturelle des didascalies de Samuel Beckett.
visuel affiche - Illustration © Gérard Didier
OH LES BEAUX JOURS - ***. Theothea.com - de Samuel Beckett - mise en scène : Marc Paquien - avec Catherine Frot & Pierre Banderet - Théâtre de La Madeleine