Ombre ou lumière ?

par C’est Nabum
mercredi 13 décembre 2017

Un coup de projecteur ne suffit pas.

Être dans l’ombre ou bien en pleine lumière ! Et s’il n’y avait pas de juste milieu, qu’il faille choisir ou bien accepter l’un ou l’autre des deux versants d’une réalité ou bien d’une vie. Faut-il se montrer, se donner en spectacle, être sur le devant de la scène, briller d’un sourire commercial pour avoir la plus petite chance d’exister ? À moins que la vraie vie se trouve à l’écart des projecteurs, loin des paillettes et des courbettes…

Ces questions demeurent en suspens, accrochées à un projecteur virtuel, celui de la destinée, de la renommée, du succès ou bien des honneurs. Les uns sont propulsés sur le devant, couvés des yeux par une foule béate, adulés plus qu’admirés, n’ayant sans doute, le plus souvent, pas le talent nécessaire pour mériter pareil honneur. Les autres sont repoussés loin des micros et des caméras, loin des foules en délire, ignorés, méprisés sans que leurs actions ne méritent pareille infamie.

C’est le jeu de la notoriété, elle sourit aux uns, se refuse aux autres sur des bases si fragiles que cela tient le plus souvent à la loterie ou bien aux jeux des circonstances. Pour augmenter ces chances de disposer d’un peu de clarté, il est préférable d’être bien né, de se trouver du bon côté de la société, d’avoir une carte de visite construite par un ancêtre à moins que de disposer d’un coup de pouce qui provoque l’étincelle !

À ce jeu de dupe, on se brûle les ailes, y compris dans la plus totale obscurité. C’est assez curieux, il faut avaler des couleuvres, subir l’injuste indifférence des médias, ne jamais s’en plaindre au risque de passer en plus d’un obscur, d’un sans grade, pour un mauvais joueur, un râleur et un jaloux. Le jeu est faussé, les dés sont pipés mais il convient de ne jamais remettre les règles en cause.

La lumière aveugle, elle vous coupe des autres tout autant que de la réalité. L’ombre dissimule, vous efface et vous réduit à néant. N’y aurait-il pas juste milieu, espace intermédiaire pour profiter d’un peu de clarté sans devenir un pantin dérisoire ? Je constate que la nuance n’est pas de circonstance, qu’il y a nécessité de jouer du contraste et de le forcer jusqu’à la saturation. Plus les couleurs sont criardes mieux seront exposées les vedettes aux pieds d’argile.

Pendant ce temps, des inconnus poursuivent des œuvres essentielles. Certaines surgiront de la nuit par le fruit du hasard, d’autres attendront un signe du destin bien après que leur œuvre fut réalisée et nombreuses resteront à jamais enfouies dans le vide de la connaissance collective. La curiosité a déserté ce monde de moutons tous prompts à ne suivre qu’une seule bête de tête.

Le succès a besoin qu’un courant passe, qu’il soit purement artificiel ou bien le fruit d’une véritable énergie créatrice. L’essentiel est de trouver un commutateur, une connexion qui facilite le passage de la lumière, un fil conducteur, une raison de briller, fut-elle un miroir aux alouettes. Les étoiles scintillent, parfois elles ne sont qu’éphémères, filantes et sans réelle substance. Les oubliés sont dans les ténèbres à se morfondre sans jamais comprendre la raison de leur échec.

De l’ombre ou de la lumière, vous n’avez pas à choisir. Ce sont les autres qui feront le choix, qui poseront un doigt bienveillant sur l’un et rayeront d’un trait rageur le nom de l’autre. C’est ainsi, je ne suis pas certain que le talent soit en jeu. Il suffit d’être là au bon moment, de connaître les bonnes personnes et le tour est joué. Pour ceux qui échappent à cette opportunité, il va falloir souquer ferme et ramer à contre-courant, serrer des poings et des dents et ne rien attendre de la chance.

C’est pourtant au plus profond des ténèbres que naissent les plus belles choses. C’est en mangeant de la vache enragée que l’on construit une vision. Curieusement, les phares ne brillent bien que dans la nuit et ne sont utiles qu’au beau milieu de la tempête. C’est là ce qui doit vous donner courage et persévérance si vous êtes, tout comme moi, hors champ.

Obscurément vôtre.

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