« Parole et Guérison » avec Barbara Schulz, Samuel Le Bihan et Bruno Abraham-Kremer au Théâtre Montparnasse
par Theothea.com
mercredi 23 septembre 2009
C’est alors que Sabina Spielrein, cobaye psychotique et obsessionnelle de cette nouvelle science thérapeutique prônant la cure par la parole, va, à la suite de sa guérison spectaculaire devenir psychanalyste à son tour et tenter de concilier ces deux zones d’influence opposant religion et sexualité.
En effet, Freud pense que la libido est la sphère unique pouvant expliquer les conflits de l’inconscient. A contrario, Jung défend une synthèse socioculturelle où la croyance mystique jouerait un rôle fondateur.
Cependant une faute professionnelle originelle empêchera tout espoir de compromis entre les deux psychiatres car le passage à l’acte amoureux entre Sabina et Jung dès les premières séances d’analyse, constituera, à jamais, un obstacle rédhibitoire.
L’écoute neutre de l’analyste ayant été posée par Freud comme condition sine qua non aux libres associations de la parole du patient sur le divan, toute transgression de cette règle fondamentale rompait, de fait, le contrat de confiance face à l’opinion.
En s’emparant de cet enjeu « complexe » de civilisation, Didier Long n’a pas eu l’audace d’en élaguer les valses-hésitations scientifiques afin d’en recentrer la dramaturgie sur une rivalité, au plus haut niveau, entre « Conscient » et « Inconscient ».
Aussi sur scène, la profusion de talents se débat-elle dans un professionnalisme exacerbé pour capter, en permanence, l’entendement des spectateurs tentés, à tour de rôle, par la pensée associative de l’analysé et l’attention flottante de l’analysant.
Loins de pénétrer l’imaginaire du « Moi », du « Surmoi » et du « çà », Barbara Shulz, Samuel le Bihan et Bruno Abraham-Kremer montent à l’assaut d’une citadelle imprenable, celle de la raison reconstituant a posteriori ses états d’âme.
Tel un défi engagé comme une épopée, la représentation cernée par un lumineux décor modulaire en noir et blanc, monte en tensions palpables sans jamais convaincre les pulsions du plaisir de céder aux résistances du Logos.
Dommage, car les forces en présence sont d’une vaillance à surmonter crânement tous les traumatismes de la scénographie.
photo © Cat.S / Theothea.com
PAROLE ET GUERISON - ** Theothea.com - de Christopher Hampton - mise en scène : Didier Long - avec Barbara Schulz, Samuel Le Bihan, Bruno Abraham-Kremer, Lé ;na Breban, Alexandre Zambeaux & Candice Crosmary - Théâtre Montparnasse