Petit billet sur l’absolu
par BRG
mercredi 20 février 2008
Les mots disent les choses paraît-il, mais que dit l’absolu ?
« Absolu » est un terme bien gênant en philosophie. L’on se demande même s’il n’est pas de ces concepts un peu vides qui appartiennent aux constructions abstraites dans le sens péjoratif du terme, c’est-à-dire coupées de la réalité. En effet, les différents sens d’absolu renvoient presque tous à ce qui ne dépend pas d’autre chose que de soi pour être ou si l’on préfère ce qui n’est pas relatif. On n’est guère surpris de voir attribuer à la substance divine ce genre de qualificatif. Seul Dieu ne dépend que de lui-même et son être est indépendamment de tout autre. Fort bien, mais si la croyance est absente, l’absolu divin n’est pas. A moins de ne prendre le mot « Dieu » analytiquement, c’est-à-dire dans la définition même du dictionnaire, ce qui le fait comprendre alors nécessairement son "absoluité". Dans ce cas, il n’est absolu que dans une logique fermée sur elle-même qui ne convainc que les logiciens. Or, Dieu est sensible au cœur et non à la raison disait un certain génie.
Ou y aurait-il donc de l’absolu ? L’être humain à la fois comme être biologique et comme être social ne peut prétendre à aucun absolu tant il lui faut son environnement pour se maintenir en vie et tant les autres, dans la vie collective, lui sont indispensables. L’amour ne peut être absolu en ce sens puisqu’on y dépend de l’autre complètement, pas plus qu’un pouvoir politique (toujours dépendant des sujets) ou une nécessité (résultat d’une implacable liaison des choses qui la font être).
Alors et la nature ? C’est-à-dire l’ensemble des choses qui existent matériellement et des êtres qui existent biologiquement ? Certes. Cela se tient, mais le mot « nature » dit alors suffisamment... Pourquoi aller chercher l’absolu pour la qualifier ?
Changeons de registre. Existerait-il des idées absolues ? Celles ne venant d’aucune expérience, d’aucune réalité physique contemplée ou vécue ? En mathématiques, en métaphysique, il y aurait de l’absolu. Mais la pensée n’est-elle pas elle-même une expérience que je puis mettre à distance afin de la contempler ? Toute pensée n’est-elle pas une confession ? Un récit de la vie de celui qui la forme, une métonymie d’un caractère, d’une affection, d’un sentiment ? Admettons donc que tout raisonnement métaphysique ou mathématique pur est relatif à l’être qui l’énonce. On ne porte pas le platonisme tous de la même manière et l’exercice de mathématiques le plus abstrait renvoie au génie qui y introduit ses subtilités et sa jubilation.
Alors, avouons qu’il nous faut vivre dans le relatif et c’est tant mieux... puisque le relatif, c’est la relation. C’est dans la communication avec l’autre que moi que se produisent les associations alimentées par des actes et des échanges où rien ne se donne sans sortir de soi.
En d’autres termes, le relatif est dialogique et démocratique.
BRG