« Phèdre » en villégiature balnéaire à La Comédie Française
par Theothea.com
mercredi 6 mars 2013
Il y a le ciel, le soleil et la mer !… Et puisqu’il est bien connu que la mer a un pays… c’est effectivement la Grèce !
- PHEDRE
- Elsa Lepoivre photo © Brigitte Enguérand
Nous y voilà donc, grâce à Michael Marmarinos qui, d’un panorama en projection plus vraie que nature, y transporte son flux idéal mixant texte, musique et lumière !
S’intégrant ainsi dans un temps éternel, les mots s’inscrivent tout autour de la lumière qui deviendrait le personnage le plus important de la Tragédie se tramant au-delà des volets ouverts sur le paysage idyllique :
Phèdre aime secrètement Hippolyte qui est le fils de son propre époux ! Même pas nécessaire de passer à l’acte ! L’aveu de cette transgression n’a besoin que des mots pour se constituer, aux yeux de l’amoureuse, en crime définitivement impardonnable !
Cette lutte entre soi-même et le reste du monde n’aurait pas d’autre échappatoire que la mort… appelée à la rescousse ! Mais bien d’autres avatars se révèleront d’ici-là comme des trompe-l’œil, eu égard à l’indicible forfaiture !
En premier lieu, une direction d’acteurs particulièrement sophistiquée pourrait aisément faire écran entre les alexandrins de Racine, peu habitués à être scandés en chorégraphie gestuelle délibérément heurtée et saccadée.
Ensuite une mise en scène où il semblerait que les protagonistes se coursent les uns les autres dans une ronde effrénée sans que jamais ils ne soient rattrapés par la stupeur morale plutôt que par la colère feinte.
Enfin, si le nouveau dispositif acoustique étrenné récemment dans la salle Richelieu, devait être testé grandeur nature, dans toutes ses potentialités jusqu’à la rupture, il semblerait que, pour ce coup d’essai, les limites étaient d’emblée atteintes.
En effet, du fond de l’orchestre, il est indéniable que les chuchotements et autres confidences à voix larvée ne prennent pas, à cette distance relative, le chemin souhaitable de la bonne compréhension !
A l’exception de toutes ces peines à jouir de ce spectacle ambitieux, visant à unir le fond et la forme pour mieux éprouver le poids des mots, il est manifeste que l’ensemble des comédiens jouent le jeu demandé avec la meilleure des coopérations et par conséquent dans une parfaite complémentarité.
Cette abnégation force le respect et prouve, une fois de plus, mais était-ce nécessaire, que les comédiens du Français constituent une troupe véritablement exemplaire.
photo © Brigitte Enguérand
PHEDRE - **.. Theothea.com - de Jean Racine - mise en scène : Michael Marmarinos - Avec Cécile Brune, Eric Genovèse, Clotilde De Bayser, Elsa Lepoivre, Pierre Niney, Jennifer Decker, Samuel Labarthe, Benjamin Lavernhe & Emilie Prevosteau - Comédie Française