Picasso le počte

par olivier cabanel
jeudi 4 août 2022

Il y avait encore des choses à apprendre sur la carrière et les créations de Pablo Picasso, et grâce à 2 expertes, un nouveau coin du voile a été levé avec le publication d’un livre.

J’ai l’honneur et le privilège d’avoir comme amie l’une des deux expertes, et j’ai donc pu découvrir l’opulent ouvrage de près de 1000 pages, lequel avait été publié quelques années auparavant, en 1989, mais il fallait à l’époque une solide bourse pour se le procurer.

Gallimard a eu l’excellente initiative de republier cet ouvrage en 2021, en quarto, à un prix bien plus abordable, soit moins de 30€. lien

Outre tous les détails de sa vie du grand artiste, on y découvre qu’il a commencé sa carrière en s’adonnant à l’écriture, notamment à la poésie.

N’avait-il pas glissé malicieusement à l’un de ses amis espagnol : « au fond je suis un poète qui a mal tourné... ».

Cette activité littéraire est loin d’être anodine, puisqu’elle couvrit une période de 25 ans, en se souvenant qu’il fut à cette époque l’ami de grands poètes : Gongora, Mallarmé, Apollinaire, Eluard... comme l’écrit Michel Léiris, cité dans l’ouvrage : «  adepte du rêve yeux ouverts, superpianiste d’ambiance, laissant ses doigts se promener en somnambule sur le clavier, Picasso, qui oublie comme par système presque chaque fois qu’il tient la plume de son étonnant pouvoir de construire... ».

extrait : « et il pleut tout le vert se mouille ne faisant comme s’il était en feu et aux revers de leurs mains les tuiles rient de joie et tordent leurs mains l’auriculaire qui manque à celle qui m’a fait-l’ensorceleuse-et qu’on viennent me dire ensuite qu’on a pas le temps ce sera pour une autre fois et il est bien tard car la soupe est prête et la cuiller que je dois prendre une demi-heure avant me réclame et il est certain aussi qu’on me dira ensuite que je l’oublie mais cet air cristallin les gouttes à la fenêtre ont l’ombre à l’envers qu’il faut peindre la tête en bas et s’il n’en était ainsi personne n’aurait rien fait depuis toujours » ;

ou :

« je ne voudrais rien d’autre

aujourd’hui

que pouvoir dompter le loup

qui caché au fond des lunettes d’Esquimau

de l’œil de l’agneau

joue joliment sa dernière carte

redresser l’épée qui transperce la source... ».

S’il faut en croire Christine Piot, l’une des auteures de cet ouvrage : « c’est pour se délivrer de tourments d’ordre privé et se libérer d’un trop plein de fantasme que Picasso, en cette année 1935 où il verra plus tard « la pire époque de sa vie » ; cesse de peindre et de graver, pour écrire. Il est au bord de la rupture avec Olga, son épouse légitime, mais aussi symbole et pivot d’une réussite sociale et mondaine ; sa jeune maîtresse, Marie-Thérèse Walter, en grand secret, attend de lui un enfant : Maya verra le jour le 5 septembre 1935. les crises de l’histoire et de l’individu se conjuguent ; sur les quelques 340 textes convulsivement jetés sur le papier entre 1935 et 1959, 280 furent écrits entre 1935 et 1940 ; sa période d’écriture la plus intense et la moins connue  ».

Les chanceux amateurs de brocantes et autres vide-greniers, découvriront peut être une revue, Cahier d’Art, édité en 1936, consacré à Picasso, et dans laquelle sont publiés pour la première fois ses poèmes. Lien

Pour terminer sur le sujet, il est à noter la modestie des deux auteures qui ont accepté de ne figurer qu’en 4ème de couverture, alors qu’elles ont produit un travail remarquable… Christine Piot, et Marie-Laure Bernadac.

Comme dit mon vieil ami africain : « l’art c’est le souffle du monde ».

L’image illustrant l’article vient de librairie gallimard

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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