Pourquoi je kiffe Jean Milburn, la mère d’Otis, personnage joué par Gillian Anderson, dans la série culte Sex Education
par LaurenceA
samedi 10 septembre 2022
Éclairage d’un avis forcément subjectif !
Janvier 2019. Calée dans mon fauteuil devant Netflix, détendue autant qu’impatiente, je démarre le visionnage de la première saison de Sex Education. Elle apparaît à l’écran : silhouette menue dans une combinaison fluide bleu pétrole, le pas doux et assuré. Jean Milburn, coupe de cheveux courte, blonde platine (ou presque) déambule dans sa cuisine boisée, la voix posée quelle que soit la nature des paroles qui sortent de sa bouche, avec cet inénarrable accent anglais si précieux et agréable à l’oreille (dixit une adepte des séries en VO sous-titrées, souvent américaines !)
Ma fascination (le mot est un peu fort, je vous l’accorde) est due à 2 phénomènes concomitants :
- Je m’attache immédiatement à ce personnage qui m’apparaît d’emblée comme libre et atypique.
- Je connais ce visage, il m’est familier, mais ma mémoire me joue des tours !
Mais, c’est qui cette actrice ? Je l’ai déjà vue quelque part !
Il m’a fallu attendre la moitié de l’épisode avant d’être frappée d’une illumination. Vous savez, cette sensation, quand on a un mot, une expression, un nom au bout de la langue et qu’on finit par trouver !
Mais oui ! c’est celle qui jouait dans X-Files !! C’est la couleur des cheveux qui m’a embrouillé le cerveau ! 20 ans séparent les 2 séries, la rousseur cédant sa place à une blondeur extrême ! J’ai l’air, comme ça, de m’attarder sur le physique, mais c’est une fausse piste !
Dana Scully, agente très spéciale du FBI, est loin d’être une potiche ! (pas plus que Jean Milburn !)
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ! X-Files : Aux frontières du réel, c’est cette série à succès qui sévissait sur notre petit écran dans les années 90. Cette époque où le streaming en était à ses balbutiements, où le binge watching n’existait pas, sauf à être adepte de quelque pratique illicite de téléchargement sur le net !
Le pitch ? Gillian Anderson prête ses traits à Dana Scully, agent du FBI affublé de son homologue masculin, Fox Mulder. Leur mission ? Enquêter sur des dossiers non classés, des affaires non élucidées. Nos deux acolytes sont confrontés à des évènements inexplicables, sauf à envisager l’existence de phénomènes irrationnels, paranormaux et/ou l’intervention d’extra-terrestres ! Rien de moins ! Bien évidemment, l’intérêt des épisodes se joue sur l’opposition et la complémentarité savamment orchestrées entre les 2 protagonistes : Scully, scientifique de formation, est aussi rationnelle (tout en ayant foi en Dieu) que Mulder est prompt à suivre son instinct et ses croyances.
L’enquêtrice du FBI est à 10 lieues de jouer le rôle de pot de fleurs, et c’est plutôt notable dans une série qui date de 1995 ! Elle fait preuve d’indépendance et d’assurance. Elle sort souvent son coéquipier de mauvaises passes et évolue avec lui d’égal à égal (enfin, d’après mes souvenirs). Gillian Anderson elle-même y voit une des premières figures féministes de la télévision !
Bon, je m’égare, allez-vous me dire ? Bah, pas tant que ça ! Revenons-en à notre blonde platine. Finalement, de X-Files à Sex Education, d’une série culte à l’autre, les 2 personnages incarnés par Gillian Anderson sont des modèles de femmes qui se construisent une vie libérée de carcans et d'injonctions imposés de longue date par la société patriarcale.
L’héroïne de Sex Education exerce un métier sympa !
Jean Milburn se qualifie elle-même de femme d’âge mûr, remplissant les fonctions de thérapeute sexuelle et relationnelle. C’est la précision qu’elle s’empresse de donner à son jeune amant de 32 ans, à la table du petit-déjeuner, en présence de son ado coincé, Otis.
Le cadre est posé : le métier-passion de notre héroïne, sa vie sexuelle (et affective), un fils qui cherche sa place entre ses questionnements de lycéen encore puceau, un père absent et une mère un peu trop libérée à son goût.
C’est une mère hors norme, mais pas exemplaire !
Notre sexologue préférée se montre souvent intrusive malgré elle, probablement par déformation professionnelle. Des évènements cocasses et gênants entre la mère et sa progéniture ne manquent pas d’émailler la saison 1 (malaise garanti au début de la saison2 !).
Jean va être amenée à intervenir en tant que sexologue dans le lycée de son fils. Elle s’installe dans une salle de l’établissement et prête son oreille d'experte attentive à ceux qui en ressentent le besoin. On imagine aisément le grand embarras d’Otis, dans cette position difficilement tenable…
Elle met les pieds dans le plat, mais sa franchise et ses bonnes intentions, son humour légèrement pince-sans-rire compensent une maladresse qu’on est toujours prêt à lui pardonner.
Une femme émancipée qui façonne son existence
Jean Milburn est comme une potière qui malaxe la terre pour faire exister l’objet rêvé, idéalisé. Elle façonne sa vie pour lui donner la forme imaginée, la penser à nouveau, la rectifier, la remodeler. Elle en assume tous les aspects.
(Attention, spoiler alert !) Moment jubilatoire ! Enceinte et presque cinquantenaire, notre héroïne ne s’en laisse pas conter face aux remarques moralisatrices de son gynécologue sur sa grossesse « tardive ». Sa réaction est immédiate (punchlines à découvrir dans l’épisode 5 de la saison 3). Elle interrompt l’examen et demande à s’entretenir avec son supérieur sur-le-champ.
L’amie chez qui l’on aimerait aller boire une bière (ou un thé ?) pour parler, en toute décontraction, de la vie, de nos vies, en toute franchise, sans fioriture, avec la bienveillance à fleur de peau.
Voilà pourquoi je kiffe Jean Milburn, potière libre, façonneuse de vie, thérapeute sexuelle et relationnelle à qui l’on aimerait confier son ado, ses proches « en perdition » ou soi-même.
Ce genre d’amitié précieuse, que jamais on ne voudrait gâcher, que toujours on voudrait connaître, tant elle nous fait grandir et nous émancipe.
Ha ! On me susurre à l’oreille que la saison 4 de Sex Education est en préparation…
Affaire à suivre…