Psychanalyse du cavalier

par gordon71
mercredi 13 juin 2012

L'équitation, noble art, peut être pratiqué comme un art martial qui demande rectitude, ouverture d'esprit, concentration, ce peut être, à mon sens aussi dans une large mesure, une démarche philosophique.

Je ne suis bien sûr pas le premier à faire le parallèle entre les deux domaines, je me bornerai dans cette article à indiquer quelques "pistes" et ouvrir quelques portes notamment en partant du vocabulaire utilisé en équitation.

Le cheval allégorie de la bestialité et des pulsions :

Le cavalier doit maîtriser le cheval, comme il doit maîtriser ses pulsions, maîtriser, cela signifie non pas dompter et soumettre, mais d'abord accepter, reconnaître et composer avec cette source d'énergie, qu'il faut apprivoiser et aimer, pour espérer en obtenir quelquechose.

Monter à cheval devient ainsi une sorte de dialogue entre le cheval et soi même, et si l'on adopte le point de vue psychanalytique, une conversation à trois, (et même plus) entre les différentes instances du cavalier et le cheval.

 Le Moi, la personnalité affichée du cavalier, son ça, sa source pulsionnelle et son surmoi, présence actuelle des influences parentales , paternelle en particulier.

Une condition essentielle de l'évolution psychique est de dompter sa violence interne et originelle : le çà, ce qui signifie également tout d'abord admettre et reconnaître cette violence primordiale, condition nécessaire, étape préliminaire à toute possibilité de la maîtriser.

Le corollaire de cette reconnaissance, c'est prendre conscience de la peur associé à cette violence, celle du cheval, et celle consubstantielle à l'individu, quand on pense au développement psychique.

J'ai toujours été frappé de constater à quel point la monture et son cavalier, (ou sa cavalière), étaient complémentaires, dans la douceur, l'impétuosité ou le goût de plaire, sans être capable de déterminer si c'est la personnalité du cavalier qui déteint sur le cheval ou le contraire.

 En avant :

La première règle d'or du cavalier académique, signifie que le couple cheval cavalier doit veiller à aller de l'avant, être actif, en mouvement ; la traduction psychique est évidente : avoir une personnalité vivante, en éveil, attentive tant à son environnement qu'à ses mouvements intérieurs, ses humeurs et ses désirs, prête à recevoir les stimulations venant des autres et à s'y adapter, prête à évoluer 

Calme :

Deuxième règle d'or, pour le cavalier, installer sa monture et son équitation dans la sérénité, un cavalier qui s'agite, contracté, ou pire, violent transmet son "angoisse au cheval", véritable éponge émotionnelle qui ne manquera pas d'être rétif, réactif, et de mettre en place toutes sortes de "défenses", terme équestre aussi bien que psychanalytique, pour s'opposer, contrer les demandes intempestives du cavalier qui manque de tact et de doigté.

 Droit :

Troisième règle d'or de l'équitation, la rectitude :

Ceux qui ont fréquenté même les "carrières ou les manèges", ont entendu des dizaines de fois cet adjectif, qui encore une fois s'applique autant au cavalier qu'à la monture ; le cavalier doit se tenir droit, "la pointe des omoplates à l'aplomb des talons" nous dit le fameux écuyer portugais Nuno Oliveira, qui prend souvent l'image du "fil à plomb", symbole éminemment évocateur (qu'on trouve également dans la symbolique compagnonnique et franc maçonne).

Ainsi, le cavalier doit être droit autant dans sa posture psychique et morale que dans l'espace, droit cela signifie aussi droit par le regard, qui doit se porter loin vers l'avant et il y aurait un chapitre entier à consacrer au regard du cavalier.

Le cheval aussi doit être droit , droit sur la ligne droite mais encore droit dans les courbes, il ne doit pas "se tortiller", ni on entend par là qu'il doit "se tenir", être "rassemblé", autant que faire se peut, le cheval doit même être droit dans les figures où il se déplace de côté, "épaule en dedans" ou "appuyers".

Dans le langage équestre le rassemblé est avant tout une disposition réelle, où le cheval est dit aussi "tendu", on exprime par là l'impulsion et l'énergie de la monture stimulée par les jambes du cavalier, visuellement cela se traduit par un cheval, non pas contracté, bien au contraire mais tonique, avec son arrière main "engagée" et active," son avant main "relevée", et son encolure "placée dans cette belle attitude en col de cygne.

Traduit en langage psychanalytique, on peut aussi souhaiter voir la personne "rassemblée" en un tout harmonieux, où toutes ses dimensions s'accordent et s'associent en cessant la lutte interne où l'individu s'épuise ; dans cette situation de déséquilibre où une instance prend trop de pouvoir sur les autres, on parle aussi des "défenses" que met en place la personne pour lutter contre la stimulation intempestive d'une pulsion ou de sa représentation. 

On le voit à travers ces allers retours du coq à l'âne, le sujet est presqu'inépuisable, donc en conclusion si vous hésitez entre faire du sport ou aller voir un psy, ne tergiversez plus joignez l'utile à l'agréable prenez rendez vous avec votre cheval.


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