« Psyché » Le Chœur balance à La Comédie-Française
par Theothea.com
mardi 17 décembre 2013
En choisissant de monter Psyché à La Comédie Française, c’est comme si Véronique Vella fournissait à la fois les verges aux détracteurs ainsi que les lauriers aux laudateurs de son ambitieuse création, car la sociétaire, metteuse en scène, assume d’emblée le caractère hétéroclite du projet tout en vantant son essence fondamentalement théâtrale.
- PSYCHE
- Photo @ Brigitte Enguerand
Ainsi, les reproches de vacuité comme les louanges de plénitude vont-ils pouvoir s’entrecroiser, à souhait, sans que les dieux de l’Olympe ou ceux de l’élite culturelle aient quelconque autorité en matière d’appréciation consensuelle.
Bien sûr que Lulli n’a pas à rivaliser avec la Comédie musicale de Broadway, bien entendu que la versification à plusieurs mains n’est pas nécessairement l’apanage de l’unité de ton, sans doute que le dilemme des sentiments ne se résout pas au mieux des transgressions incestueuses via les grandes machineries de plateau… et alors ?
Pourquoi ne pas admettre la complexité des partis pris artistiques en tant que matière intrinsèque du Théâtre en train de s’élaborer et d’en montrer ainsi toutes les strates de recherche, d’ajustement, de mise en lumière, comme si le travail contradictoire des coulisses devait se transformer en carrosse d’or de la représentation ?
C’est ainsi que la mythologie des forces invisibles en gestation pourraient apparaître dans une clarté psychanalytique objectivée par des comédiens, décors, costumes, textes, musiques… en plein chaos intérieur, c’est-à-dire si proche des liens reliant la contingence humaine à la sublimation divine.
En effet, c’est bien dans le spectre de la maladresse et du bancal comme terrain de bataille que pourrait émerger l’Amour à géométrie variable, tel un oxymore victorieux et signifiant.
Il n’y a d’ailleurs qu’à voir les sœurs de Psyché s’étranglant de jalousie chaque fois que celles-ci (Coraly Zahonero & Jennifer Decker) tentent de prononcer son nom pour comprendre que le trio Vénus (Sylvia Bergé), Cupidon (Benjamin Jungers), Psyché (Françoise Gillard) est un véritable catalyseur de passions concurrentes avec lesquelles chacun devra, à terme, composer, fût-ce au prix des susceptibilités bafouées mais surtout au gré des (foux)rires suscités au sein de la salle Richelieu, plongée définitivement dans « l’alternance » à tous points de vue oniriques, entre deux tours de garde éclairés de la seule « servante »… si vigilante !
Photo @ Brigitte Enguerand
PSYCHE - ***. Theothea.com - de Molière - mise en scène Véronique Vella - avec Claude Mathieu, Sylvia Bergé, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Jérôme Pouly, Laurent Natrella, Benjamin Jungers, Félicien Juttner, Jennifer Decker, Pierre Hancisse, Claire de La Rüe du Can et les Pianistes, Véronique Briel & Vincent Leterme, les Élèves-comédiens pour Le Chœur, Heidi-Eva Clavier, Lola Felouzis, Matëj Hofmann, Paul McAleer, Pauline Tricot et Gabriel Tur - Comédie Française