RD CONGO – Lumumba : Il y a 53 ans…

par MUSAVULI
vendredi 17 janvier 2014

Il y a 53 ans mourrait Patrice Emery Lumumba, le héros de la lutte pour l’indépendance de la République Démocratique du Congo. La date du 17 janvier est, depuis, restée un jour de recueillement et d’éveil des consciences à travers le pays, et à juste titre. 

En effet, le leader congolais périt sous les balles des agents belges et américains[1] dans une brousse du Sud-Est du pays, dans la province, alors sécessionniste, du Katanga. A ses côtés, deux compagnons de lutte : Maurice Mpolo et Joseph Okito, tous les deux ministres du premier, et seul gouvernement de l’histoire du Congo issu d’élections démocratiques, et que dirigea Patrice Lumumba.

La lutte que mena Lumumba, jusqu’au sacrifice suprême, ne fut pas vaine pour autant. Quelle que soit la situation chaotique dans laquelle se « morfond » le Congo, aujourd’hui déchiré par la guerre, le pays n’est plus une colonie de la Belgique et son existence est reconnue en tant qu’entité souveraine dans le concert des nations.

On ne mesure pas d’emblée les épreuves qui jalonnent le parcours d’une nation en lutte pour son indépendance politique et sa reconnaissance internationale en tant qu’entité souveraine. A ce titre, Lumumba mérite amplement les hommages que des millions de Congolais, et bien d’autres gens à travers le monde, rendent chaque année à sa mémoire.

Il faut toutefois reconnaître que la lutte du Martyr congolais fut une œuvre inachevée, et, de toute évidence, il ne pouvait pas en être autrement. Le progrès économique et social qu’il aurait apporté au peuple congolais, dans la foulée de l’indépendance politique, requérait la maitrise préalable des paramètres qui étaient hors de portée. Le pays est, depuis, resté à la traîne[2], en dépit de ses immenses ressources naturelles.

L’indépendance fut acquise dans la douleur, et les colons belges, qui auraient pu constituer une rampe de lancement vers le progrès économique, en préservant les acquis matériels du nouvel Etat, quittèrent le pays. La cohabitation entre colons et anciens colonisés fut un défi insurmontable, et le pays se vida du personnel qualifié alors qu’il lui en fallait davantage.

Le Congo devra faire face aux défis insurmontables, aggravés par l’impréparation jusque dans les rangs du personnel politique. Celui-ci se déchira et sombra dans la violence, que l’impérialiste et le néocolonialisme s’empressèrent d’instrumentaliser. Non seulement pour « punir Lumumba », mais surtout pour poursuivre le pillage des richesses du Congo au détriment de tout un peuple.

Paradoxalement, l’acharnement des milieux d’affaires américains, britanniques et belges sur la personne de Lumumba finira par démystifier complètement le système de domination et d’exploitation des peuples qu’une poignée d’élites « capitalistes sans conscience » continue d’étendre jusqu’aux confins du monde. Un système de prédation longtemps enrobé dans le flot des discours sur la civilisation, les valeurs universelles, la démocratie,… mais qui, en réalité, n’a d’autres finalités que l’accaparement des richesses des nations au profit d’une poignée d’individus.

Mais sur ce point, le Congo ne sera pas une exception. La dernière crise internationale a révélé que même des nations très avancées semblent démunies face à la voracité du « système dominant ». Mais ça, c’est une autre histoire.

Lumumba fit sa part de lutte, aux générations suivantes d’assumer la leur.

Boniface MUSAVULI



[1] http://french.ruvr.ru/2013_08_16/Republique-Democratique-du-Congo-un-demi-siecle-apres-l-assassinat-de-Patrice-Lumumba-Seconde-partie-9775/

[2] Le Congo est tout dernier au classement mondial de la pauvreté (186ème sur 186 pays). Voir rapport PNUD 2013  : http://hdr.undp.org/sites/default/files/hdr_2013_french.pdf

 


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