Rendez-vous manqué avec la mosaïque tunisienne

par Pierre Polomé
lundi 26 avril 2010

Alors que France 3 s’apprête à diffuser un numéro de "Des Racines et des Ailes" spécial Tunisie qui fera sûrement l’apologie des courageux défenseurs du patrimoine, nous visitons "en vrai" le célèbre musée du Bardo à Tunis… pour se prendre les pieds dans les câbles de télévision et trébucher dans les approximations d’une institution en chantier.
 
Les kilomètres de mosaïques romaines découvertes en Tunisie ont été déposées et stockées au musée du Bardo dans la capitale (ainsi qu’un certain nombre d’autres objets archéologiques comme des statues, des masques etc). Le lieu, un palais des Beys inauguré en 1888, est célèbre mais souffre d’une muséographie complètement dépassée et il a fallu attendre mars 2009 pour voir des travaux "d’extension et de réorganisation" s’enclencher. Ils sont toujours en cours. La visite du musée, en plein chantier, réserve quelques surprises.


A l’entrée, on joue pourtant la transparence : le prix d’entrée a été revu à la baisse en raison de la gêne occasionnée par les travaux (pour comparer, le billet d’accès à l’Acropole d’Athènes couverte d’échafaudages n’a jamais été diminué) et des panneaux didactiques expliquent que les œuvres plus importantes ont été déplacées dans des espaces accessibles. Des schémas, étage par étage, montrent les surfaces ouvertes, les salles en travaux et les plans d’extension. Plus loin, c’est la cohue. Les groupes de visiteurs visiblement indifférents se bousculent et on découvre un certain nombre d’aberrations muséographiques.

Des mosaïques ont été installées au sommet de hauts murs, on n’arrive même pas à deviner leur sujet. Des statues diverses, comme s’il y en avait trop, sont exposées dans un environnement crasseux. Une spectaculaire et très grande mosaïque originaire de Sousse a été installée au sol d’une pièce sans qu’une circulation ait été mise en place, ce qui empêche de voir le centre de l’œuvre. De toute façon, elle est dissimulée par le papier bulle. Le même papier bulle qui devrait protéger les œuvres dans les zones en travaux a parfois été accroché n’importe comment.

Partout la peinture s’écaille et l’incroyable cargaison de bronze du navire antique découvert au large de Mahdia en 1907 a été installée dans des vitrines mal éclairées, dans une pièce trop petite. Rien n’est vraiment valorisé, on marche sur les mosaïques, on frotte les vitrines pleines de poussière avec le revers de la manche.

Le chantier en cours donnera-t-il un nouveau visage au Bardo ? C’est sûrement ce que défendra l’émission de France 3… dont les éclairages et les câbles achevaient de transformer notre visite, réduite à quelques salles, en déception.
 

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