René Girard à l’Académie : pour surmonter la défaite de la pensée...
par Daniel RIOT
mardi 20 décembre 2005
Il est des moments de bonheur intellectuel dont il faut savoir jouir. Soyons clair : René Girard, reçu ce jeudi à L’Académie française, est un vrai bonheur ! Puisse cette cérémonie inciter le maximum de gens à se plonger ou replonger dans les œuvres de ce philosophe, qui est l’un des esprits les mieux faits de ce temps.
Je ne résiste pas au plaisir de publier cette bibliographie, qui compte nombre d’ouvrages qui font partie de mes nourritures quotidiennes, surtout en cette époque de début de siècle, qui est surtout la fin d’une ère, dans cette période où plus que jamais (technologie médiatique exige !) nous sommes de plus en plus écartelés entre "mensonges romantiques et vérités romanesques", plongés dans la quête du bouc émissaire, prisonniers de ce "mimétisme de masse" qui a fait tant de ravages au XXe siècle et qui peut en faire encore.
Si seulement Satan tombait comme l’éclair ! René Girard appartient à ce type de philosophes rares, dont la lumière nous éclaire. Peut-être parce qu’il est aux antipodes des nihilistes si en cour, des nostalgiques de Sartre, des obsédés de Heidegger, des fascinés de Nietzsche. Et des complices de tous les totalitarismes, des durs comme des insidieux, celui, si actuel, de "l’individualisme de masse", qui est si en vogue actuellement, et aboutit à une "massification des individus"…
Avec la croyance en Dieu ou non, Girard inscrit ses recherches et réflexions dans une perspective "personnaliste". L’homme est un animal pensant porteur d’un sens de la transcendance. C’est l’Académie qui se grandit en l’accueillant.
1961
Sa vie :
Né le 25 décembre 1923, à Avignon (Vaucluse). Son père était conservateur de la bibliothèque et du Musée Calvet, puis du Palais des Papes. Archiviste-paléographe et docteur d’Indiana University. Enseigne aux États-Unis dans diverses universités, dont Johns Hopkins et Stanford. Guggenheim Fellow (1960, 1967), prix de la Modern Language Association (1965), docteur honoris causa des universités d’Amsterdam, Innsbruck, Anvers, Padoue, Montréal, et de St. Mary’s University and Seminary (Baltimore). Ses recherches portent essentiellement sur la diversité et l’unité des religions. Elles sont traduites dans de nombreuses langues.