Richard III avec Philippe Torreton

par Theothea.com
vendredi 7 octobre 2005

Le Richard III de Philippe Calvario, incarné par Philippe Torreton, était fort attendu en ce début d’automne 2005, en représentations au théâtre des Amandiers de Nanterre, puis en tournée hexagonale.

D’autant plus qu’en face du théâtre de Paris devait le concurrencer le Richard III de Didier Long, avec Bernard Giraudeau !... Cependant le duel shakespearien n’aura pas lieu, puisque la deuxième mise en scène est différée pour raison de santé du comédien.

Sans doute les deux Philippe devraient-il être fort marris de cette rivalité défectueuse, car leur Richard, passant à l’acte d’une série de meurtres fantasmés dans l’opportunité la plus totale, sera un "sale gamin" aux caprices sans limites à l’égard de la couronne royale que ce personnage maléfique veut conquérir.

Prêt à toutes les forfaitures pour assouvir son obsession du pouvoir absolu, leur Richard saura pourtant finalement se contenter paradoxalement d’un cheval à bascule en place "de son royaume", pourvu qu’il ait eu auparavant l’ivresse d’avoir transgressé toutes les règles du jeu, y compris peut-être celles du drame !...

Quels eussent alors été les avantages respectifs issus de la confrontation artistique, si Didier Long et Bernard Giraudeau n’eussent pas adopté ce même parti pris de stratégie ludique ?

S’arc-boutant à la fois sur les lois du grand spectacle et la truculence de Guignol, Philippe Calvario va trouver un rythme métaphorique, qui permet à Philippe Torreton de transformer cette perspective du Don Quichotte sanguinaire en un rôle éminemment physique, tel celui d’une rock star affrontant et fascinant le public d’un grand stade.

En japonisant les costumes et le décor, dont un panneau mobile pourra, tel un pont-levis, servir selon le moment, de mur de lumière tamisée, de plafond luminescent ou pourquoi pas ressembler à une piste de disco, le metteur en scène va susciter une transposition spatio-temporelle implicite fort propice à un univers imaginaire où le concept du meurtre n’aurait pas d’autre équivalent que celui du modèle freudien.

Ainsi Richard, médiateur de l’inconscient, aura beau jeu de renvoyer les pulsions de mort au rang des accessoires d’une jungle policée, où les interdits ne seraient que le paravent du mal incarné.

Le véritable enjeu du Richard III de Calvario-Torreton, c’est donc " le jeu " dans toutes ses acceptions.

photo : Pascal Victor

RICHARD III *** de William Shakespeare - avec Philippe Torreton, Martine Sarcey... - mise en scène : Philippe Calvario - Théâtre des Amandiers de Nanterre -


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