« Sacha le magnifique » avec Huster l’hyperbolique

par Theothea.com
mercredi 21 juillet 2010

Véritable plaidoyer en faveur d’un Sacha Guitry à réhabiliter au regard de la grande Histoire, la causerie proposée par Francis Huster est précédée d’un grand moment de comédie.

Alors que le conférencier s’apprête à se faire l’avocat du Maître, une jeune femme se lève impromptue des premiers rangs de la Gaîté-Montparnasse, en interrompant ses premiers effets de manche.

Dans un style « à la manière de… Guitry », le comédien portant avec élégance, perruque grise et lunettes cerclées, fait mine de s’offusquer et engage un dialogue surréaliste avec la dame, en arpentant la salle, tel un metteur en scène cadrant mais choyant déjà sa nouvelle protégée.

Dans un langage châtié ponctué d’expressions prosaïques, l’auteur de cette « Leçon de théâtre » s’avance, sans réserve, en parangon du double de Sacha.

Lisa Masker rend la monnaie de sa pièce à un Francis qui jubile à se faire, délibérément, maltraiter par la jeune femme.

A l’instar de cette épreuve initiatique, digne du Conservatoire d’art dramatique, cette scène de pure comédie, basée sur l’art de la connivence, est l’occasion pour le prochain directeur des Tréteaux de France, de faire fi du quant à soi en libérant un humour ravageur et décapant.

Ayant, ainsi, osé introduire de manière iconoclaste, sa « Master class » consacrée au panégyrique de « Guitry », Huster est maintenant prêt à se lancer dans l’arène, pour développer une plaidoirie biographique dans un simulacre d’improvisation, à l’aide de la mémoire collective ponctuée de confidences que lui ont faites, autrefois, des actrices proches de Sacha, telles Jacqueline Delubac et Arletty.

Dans un phrasé à cent à l’heure, Francis l’amoureux des planches jongle avec les performances du Maître en les faisant siennes pour mieux convaincre son auditoire que celui-ci devrait être apprécié comme « Le Beaumarchais du XXème siècle ».

En observant que les initiales « S.G. » témoignent autant de l’identité de Sacha Guitry que celle de Serge Gainsbourg, Huster établit un parallèle qu’il veut significatif où l’ambivalence des deux artistes célèbres évoluant entre Hyde et Jekill serait le gage d’un génie commun, à savoir mettre les mots là où çà fait mal.

C’est de cette pertinence sémantique que tous les deux tiennent leur légitimité, portés par la reconnaissance du public, au-delà de leur époque.

Sur scène, Lisa Masker, en réplique d’Yvonne Printemps, et Elio Di Tanna, en virtuose du clavier, jouent le rôle subtil de faire valoir Sacha, tout en faisant miroiter Francis.

Celui-ci, brillant autant qu’enthousiaste, feint de se laisser emporter par la fougue des jeunes années, encore si proches de la soixantaine venue.

C’est tout à l’honneur de Francis Huster que de savoir conserver vivante la flamme du spectacle et, ainsi, soulevé par la passion communicative, le public adhère à ce plébiscite, en acquiesçant du règne de Sacha Guitry au Panthéon des valeurs intouchables.

visuel affiche Harcourt Paris

SACHA LE MAGNIFIQUE - *** Theothea.com - de & mise en scène : Francis Huster - avec Francis Huster, Lisa Masker & Elio Di Tnna - Théâtre de la Gaîté Montparnasse


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