Start me up

par Phileas
lundi 18 juin 2007

Ils ont traversé quatre décennies de la scène rock internationale. Retour sur l’expérience Rolling Stones.

J’ai eu cette chance de voir les Stones en concert à Paris, alors qu’ils n’étaient que de jeunes trentenaires. La presse musicale rock s’étonnait déjà de la longévité du groupe. Les Beatles avait raccroché depuis longtemps, Mark David Chapman venait de buter John Lennon au pied du Dakota Building et un cancer de la peau avait eu raison de la puissance physique de Bob Marley. Nous nous sentions orphelins d’une expérience à laquelle nous n’avions pas participé directement, mais angoissés de réaliser déjà que ces stars remplissaient les cimetières. Il ne nous restait que quelques survivants d’une époque qui allait être considérée comme l’âge d’or du rock and roll, mais pour laquelle, parce que trop jeunes, nous n’avions pu être conviés véritablement.

Nous n’avions pas voulu écouter nos aînés qui nous disaient que les Stones étaient finis, qu’ils se fourvoyaient dans une musique commerciale de bas étage qui déshonorait le rock. Désobéissants et en quête de mythes glorieux rockanroliens, nous nous étions retrouvés, sur la pelouse de Reuilly, attendant avec curiosité, sous un soleil de plomb, nos nouvelles idoles qui, rejetés par ceux qui naguère les avaient adulés, étaient à nouveau disponibles.

Qui n’a jamais fait l’expérience d’un concert rock dans sa vie a manqué sûrement quelque chose de l’ordre de l’initiation : l’attente qui dure des heures, l’ennui qui fait vagabonder les esprits et qui laisse le temps à la réflexion. La question qui trotte dans notre cervelle : comment se fait-il qu’on se retrouve tous là, agglutinés comme des huîtres dans leur bourriche, au bord du malaise, dans des conditions presque inhumaines au regard du montant du ticket qu’on a dû débourser pour venir (si ce n’est pas du masochisme, ça !) ? La rumeur d’un solo de batterie qui déclenche des mouvements de foule incontrôlés vers le devant de la scène. Et puis tout à coup, ils sont là, ils arrivent en hélico, tels des dieux de l’Olympe. On les accueille d’un regard désespéré, humiliés, sales et fatigués. On s’est fait piétiner, on a perdu nos sacs, nos clés de scooter et d’autres choses essentielles. On se laisse dévorer par le son et la lumière comme des proies dociles, mi-mortes, mi en transe.

Mick Jagger et ses mimiques, le grand Jagger, qui avait fait dire à l’un de mes copains de classe sans que je ne comprenne le sens profond, alors que nous débattions sur sa beauté et que les avis étaient plus que partagés sur elle, mais dont la seule question déclenchait des passions assez grandes, "eh bien moi, c’est quand il veut !!" ; phrase que je repris pour moi-même sans en deviner trop le sens, mais que je validais plus tard en toute connaissance de cause. Le grand Jagger donc, dans toute son ambiguïté qui allait développer en ce début des années 80 les fondations d’un autre mythe à sa musique : sa gestuelle.

Dans les mois qui suivirent, je découvris les fondamentaux du groupe (Under my thumb, Sticky fingers, It’s only rock and roll, Brown Sugar, Wild horses, etc.). Mais Start me up resta le morceau emblématique grâce auquel je découvris les Stones. Et le beau Mick, en furieuse forme, qui détestait qu’on l’allume !

Milieu de la première décennie des années 2000, je suis quadra, je m’en suis éloigné, mais le mythe est toujours vivant.

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