Stomp : Le merveilleux « algo… rythme » de la Rue au Casino de Paris

par Denis Thomas
lundi 15 avril 2013

Dans la rue, tendez l’oreille : Brouhaha quotidien sinistre, anxiogène ? Stomp dit stop ! La Rue, comme l’écrit James Ellroy, regorge de « merveilles ». La troupe britannique de « percussions quotidiennes mais pas que », au Casino de Paris jusqu’au 28 avril, fait éclater ses merveilles. Immanquable.

Balais, éviers, chambres à air de camions, eaux et sable sonnent comme il est impossible de l’imaginer. Ne parlons pas des bidons et des poubelles : les huit « personnages » du théâtre Stomp font oublier les « Tambours du Bronx ». Pourtant, c’est bel et bien le terrible élément social qu’apaise aussi, en le faisant vibrer, les équilibristes du rythme. Pareil mais cela n’a juste rien à voir…

Le rythme emporte la salle. Sans distinction d’âge. Le rythme, ici, se fait élément d’appréciation. De compréhension de l’Histoire du présent. Avec une poésie et un tendresse tribale. Infinie.

Les tableaux de Stomp ne s’arrêtent jamais. Même si elles explosent ou se taisent presque, obligeant à traquer la musique, les percussions expriment sans cesser. Informent. Instruisent.

Des passants, jetés dans la rue par la crise, lisent le journal. Petites annonces que l’on devine comme autant d’espoirs de jobs alimentaires. Le papier se fait instrument. Un homme approche, se raclant la gorge. Ses bruits incongrus complètent incroyablement l’univers musical. Ses gestes empruntent à la Commedia dell’ Arte. Mais pas seulement.

MATHEMATIQUES

Stomp – déjà 22 ans d’existence - puise, mais avec une originalité incontestable et si professionnelle, aux Monty Python, Muppet Show, mais aussi aux Branquignols de Robert Dhéry ou aux Deschiens de Jérôme Deschamps. Sans jamais ressembler à aucun d’entre eux.

Un autre tableau est proprement stupéfiant. Aligné dans le noir, Stomp fait claquer des briquets. Ils s’allument. Les lueurs se font rythme. Pas n’importe lequel. Algorithmique. La beauté et le dépaysement des mathématiques. Leur abstraction prodigieuse.

Jadis, Bobby Lapointe - une lumière de la scène lui aussi - était un formidable mathématicien. Il jouait des mots avec l’équilibre de l’équation. Tout comme Stomp perché dans les hauteurs de ses installations, suspendu entre ciel divin et trottoirs humains ornés de caddies et de pots de peinture ou frappés par des ballons de basket qui chantent. Quel « avanie » que Bobby n’ai pu connaître les batteurs bateleurs britanniques !

Ces derniers, dans leurs chorus fracassants, amènent en fin (mais pas enfin…) la Batucada brésilienne ou les Taiko du Japon dans les mains et les pieds. Pendant deux heures magiques au point qu’elles semblent quelques minutes.

 


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