Supervielle Jules
par Menouar ben Yahya
samedi 23 août 2014
Portraits : Est une gamme de portraits de personnages ayant marqué leur époque ! C'est une sorte de raccourcie "biographique", privilégiant l'aspect psychologique des personnages. l'exercice étant de donner des informations avec un minimum de mots, c'est un condensé de ce que fut la vie de ces personnages pour mieux appréhender leur quintessence. L’emploi du « Je » permet une intimité subjective qui se voudrait être celle du sujet. Jules Supervielle.
Oncle Bernard le frère de mon père part en 1830 faire fortune en Uruguay, le pays avait fini par devenir une sorte de Suisse latine, ce qui provoqua la venue de nombreux migrants et c’est pour participer à cet essor que mon oncle fonde une banque, il demande à mon père de venir et d’être son associé, c’est là que mon père rencontre et épouse ma mère qui n’est autre que sa belle sœur.
Je suis né de cette union en 1884 a Montevideo en Uruguay. Mon père étant Béarnais et ma mère Basque, mes parents garde des liens avec notre famille, et c’est ce qui les amena a venir visiter les visiter et puis il fallait présenter le nouveau né, moi Jules Supervielle ! C’est à Oloron Sainte Marie que ce produisit le drame qui me hantera jusqu’au seuil de ma mort. Mes parents meurent de manière fulgurante comme peut l’être l’irruption a la vie ! Ils boivent d l’eau du robinet contaminé certainement par le vers de gris. J’ai seulement huit mois ! Et je ne l’apprendrais que des années plus tard. Je reste chez grand mère j’jusqu’a l’âge de deux ans et c’est oncle Bernard qui vient me chercher et me ramène avec lui en Uruguay, mon oncle et ma tante m’élève comme leur fils au milieu de mes cousins. C’est à l’âge de neuf ans que j’apprends que mon oncle et ma tante sont mes parents adoptifs, le bouleversement fut t’elle que ma vocation d’écrire vient de la, c’est la sur une souche à l’entête de la banque que j’ai commencé à écrire, j’intitule mon écrit « le livre des fables » !!Mon oncle était le frère de mon père, ma tante la sœur de ma mère, ils étaient la chair de ma chair mais ils n’étaient pas eux et toute ma vie je garderais ce sentiment envers ceux qui m’avaient donné la vie ; Il est deux êtres chers que j’adore, mais je ne les ai jamais vu, je les chercherais longtemps et je les cherche encore, ils ne sont plus…ils ne sont plus... .
Lorsque j’ai dix ans mon oncle et ma tante décide avec toute la petite famille de s’installer à Paris, j’y ferais toutes mes études. Je découvre des auteurs qui m’influenceront, tout d’abord les classiques et la poésie du Parnasse mais ce que j’avais a exprimé avait besoin de sortir de ce cadre rigide et bien que j’ai mis beaucoup de temps a venir a eux, irrésistiblement je serais attirés par, Musset, Apollinaire, Baudelaire, Rimbaud…C’est en 1901 a l’âge de dix sept ans que je publie a compte d’auteur mes premiers poèmes « Brumes du passé ».Ce sera l’hymne du jeune orphelin ; Ah ! qu’il doit être doux d’embrasser une mère !de sourire avec elle et caresser sa main, et de chanter ensemble une même prière, De pleurer sur son sein !......Ah ! que j’aurais voulu pouvoir chérir ma mère, et recevoir longuement ses baisers les plus doux, et mourir d’une mort qui doit être bien chère, mourir sur ses genoux ! Je garde des liens étroits avec l’Uruguay, Montevideo je m’y rends chaque été tout en poursuivant mes études jusqu'à la licence ès lettres en 1906 et c’est l’année suivante que je vais consacrer mon union avec l’Uruguay en épousant ma femme Pilar Saavedra à Montevideo, son père est sénateur et banquier tout comme notre famille. Nos enfants au nombre de six vont s’égrener entre 1908 et 1929…ce mariage me donnera la consistance de ce que je tends à vouloir devenir un faiseur de ponts, j’étais l’Homme de la Pampa ! Je suis le gaucho dont le petit trot me façonne, homme libre se déplaçant dans l’immensité des plaines, les oreilles fixes de mon cheval m’aident à me situer. Je reliais par mes voyages et en moi, la Pampa et les Pyrénées. Et toujours je voudrais jeter des ponts de soleil entre des pays que séparent des océans et des climats et qui s’ignorent toujours, les monts de Janeiro toujours brulants et jamais consumés ne pâliront point sous les doigts délicats de la neige française, et tu ne pourras entendre, si ce n’est en ton cœur, la marée des avoines argentines…Toutes ma vie je n’ai cessé de nourrir ces deux mondes, a travers mes voyages, mes rencontres, relier l’intérieur et l’extérieur pour ne faire qu’un avec le monde, tout entier me mettre dans la feuille d’automne et m’envoler avec elle…mais aussi en même temps, toujours je n’ai chercher qu’a percer le mystère comme dans cette religion antique qu’est l’Orphisme, devenir un initié qui connaît l’après vie et ce n’est pas un hasard si Orphée et son mythe me son familier, il descend aux enfers et au moment ou il revient avec sa bien aimée, il se retourne et la perd pour toujours, il n’étreint que du vent ! Comme la neige qui sous le soleil meurt de ne pas mourir comme le font les nuages, saisir cet instant, ce passage... La force du verbe, celle de la pensée, je la trouve dans les écritures, dans l’arche de Noé quand je fais dire a l’éléphant, je me verrais bien avec un nez qui descend jusqu’au sol et le voilà avec une trompe et tous les éléphants avec…en 1912 je m’installe à Paris, à peine papa me voila mobiliser pour la guerre, j’aurais plus de chance qu’Apollinaire, mes connaissances en langues me permettront d’exercer au ministère de la guerre. Après la guerre le surréalisme règne en maitre ! Je n’adhère pas à cette dictature de l’inconscient ! André Breton nous dit que celui qui n’est pas capable de croire qu’un cheval court dans une tomate est un imbécile ! Moi ce qui m’intéresse c’est comment le cheval y est entré, ce qui m’intéresse c’est comment on passe de l’ordinaire à l’extraordinaire… je ne veux pas renverser l’ordre ancien pour en imposer un nouveau, je cherche à concilier ancien et nouveau et m’y fondre. Mes poèmes ayant été publiés, je commence à être connu et reconnu par les plus grands, Gide, Valéry…Henri Michaux, Rainer Maria Rike…je publie « débarcadère » en 1922, en 1925 « gravitations » et je continue a étendre mon univers en expansion, je me dématérialise, me fonde dans la nature, du fond de la mer jusqu’au confins de l’univers…mais je reste lucide, humble et lucide. Je crois que je suis né sage comme la fourmi nait en marchant ! Je suis un rêveur poétique qui laisse le rêve combiner ses images, ses métamorphoses avant que je les restitues en images structurés dans un langage ou même le son a son mot à dire. J’exploite plusieurs formes de langages, la poésie, le conte, la fable, nouvelle, pièce de théâtre et en 1926 , j’écris le voleur d’enfants ! Des enfants son volés arrachés à leur famille pour vivre dans un monde plus féérique ou leur vie vaut mieux que celle que leurs parents leurs donnaient, bien évidemment ce subterfuge ne pouvait durer…j’écris je fais den rencontres, je voyages..puis je dois rentrer en Uruguay, pour le mariage de mon fils, nous sommes en 1939…j’y resterais jusqu’en 1946, entre temps notre banque a fait faillite mais mon activité littéraire est toujours aussi intense, bien que des problèmes de santé commence à me gagner, je continue a traduire Shakespeare, Lorca…mes pièces de théâtre seront montées par de grands metteurs en scène, tel Louis Jouvet, je reçois plusieurs prix littéraires, la légion d’honneur, je donne des cours à l’université de Montevideo sur la poésie française contemporaine.
Je rentre en France en 1946 en ayant été nommé attaché honoraire culturel de la légation d’Uruguay, je continue a publier bien que mon mal, une affection pulmonaire s’aggrave, mon dernier recueil poétique aura pour titre « Le corps tragique » je meurs le 17 mai 1960, je serais enterré a Oloron Sainte Marie.