The Artist : The Arnaque
par L’appartement collectif
samedi 11 février 2012
publié par Roi Des ânes dans l'Appartement Collectif
Ah vraiment, je n’aime pas faire ça… Balancer sur un film au moment où il va être couronné de statuettes, où il est encensé par une critique unanime, c’est mesquin. C’est le fait des jaloux. Surtout quand il réunit le duo Hazanavicius - Dujardin à qui l’on doit les deux OSS117 qui sont des petits chefs-d'oeuvre du genre. Je voudrais tant crier cocorico avec les autres, mais dans mon for intérieur, un démon m’habite, alors je serai celui qui parmi les courtisans ose dire “le roi est nu” : The Artist est - passablement - une arnaque.
Donne la papatte à Harvey Weinstein !
Sans diminuer le talent indéniable de Jean Dujardin qui a eu la chance inouïe ( le petit coup de pouce du divin diront certains) de mourir dans la séquence d’ouverture des Petits Mouchoirs de Canet, voici trois éléments centraux qui résument mon malaise avec ce film que j’aurais immédiatement oublié si les académies outre atlantiques n’en avait fait leur chouchou.
1. De l'hommage au plagiat
C’est l’histoire d’une star du muet que le public et la critique abandonnent à l’arrivée du parlant car ses minauderies lassent. C’est l’histoire d’une jeune figurante du muet qui devient vedette au même moment. Ils s’aiment, elle viendra le sauver et ils partageront ensemble le haut de l’affiche.
The Artist ? Que nenni, Singing in the Rain, film sonore de 1952 où Don Lockwood est campé par Gene Kelly. Suis-je le seul qui ait vu les séquences non musicales ?
Je comprends bien que pour financer un film muet, ce cher - mais violent-, “french moghul ” de Thomas Langmann ait du s’appuyer sur un script translucide, universel, référencé. Mais quand on pompe à ce point, il faut citer, ou payer des droits de remake.
2. De l’usage des cartons dans les films muets
Ça, c’est le comble. Ils réunissent des décors somptueux, la musique est très réussie, mais ils ne sont pas foutus de caler correctement un carton.
C’est une évasion le carton de muet, une cassure de rythme poétique qui fait naître des associations sublimes entre les mots et l'image.
Là, ces gogols n'ont mis quasiment que des dialogues. Seulement sur un film en HD de 2011, on lit sur parfaitement sur les lèvres, et comme Hazanavicius leur fait jouer le même texte pendant les prises, c’est juste redondant, lourd, répétitif. L'élégance du muet leur échappe complétement sur ce point.
3. Du léchage de boules éhonté des US
Ça me fait littéralement mal au cul que l’hommage au cinéma muet réalisé et produit par des Français soit situé à Hollywood. Parce que les walous du muet, les caïds, les King c’est nous, les Européens ! L’âge d’or de Fantomas ( Feuillade, 1913), des Trois Mousquetaires ( Pouctal, 1912) et Napoléon selon Gance ( Gance, 1927), c’est à Paris que ça se passe ! Et Nosfaratu ( Murnau, 1922 ), Metropolis ( Lang, 1927) à Berlin ! Et Pauline Carton, c'est du polysulfaté ?!! (JP Coffe)
Ont-ils oublié que jusqu’en 1914, le premier exportateur de films mondial, c‘était Charles Pathé et que sans cette foutue Première Guerre mondiale, les Américains ne nous auraient jamais délogés ? Ils ne nous auraient pas non plus piqué Chaplin, Murnau et René Clair ! Bref, avait-on besoin de leur lécher gratuitement les boules une fois de plus ? En tout cas, ils ont apprécié.
Voilà, justice est faite avec partialité, n'est-ce pas ? La preuve, je n’ai même taclé Bérénice Bejo et pourtant Dieu sait si elle avait sa place dans Les Petits Mouchoirs.