The tree of life

par Valentin
jeudi 17 novembre 2011

Il y a des films tellement magnifiques qu'on ne peut imaginer qu'ils soient en réalité si simples. Face à un chef d'oeuvre, face au grandiose on croit qu'il faut obligatoirement aller chercher très loin des justifications.

 The tree of life, est un de ces films qui vous coupent le souffle, et vous laissent sans voix, littéralement, il est impossible de décrire dès la sortie de la salle pourquoi il nous a fait cet effet là. Et pourtant une fois rentré chez nous, en y réfléchissant bien on découvre à quel point les raisons en sont évidentes.

 Ce film a une dimension picturale claire, on pourrait presque l'analyser à la manière d'un tableau, et bien sur, s'il fallait classer ce tableau, je le rangerais dans la catégorie de l'art contemporain. Pourquoi ? Tout simplement à cause de la réponse que j'ai reçu lorsque j'ai demandé à celle qui m'avait accompagné voir ce film ce qu'elle en avait pensé. Elle m'a dit : "je ne comprend pas !". Ce "je ne comprend pas" est la remarque la plus banale qu'on puisse avoir sur l'art contemporain, et si ce sont les premiers mots qui lui sont venus à sa bouche, c'est parce qu'il est vrai que l'expérience esthétique de "the tree of life" est comparable à celle que l'on a face à une toile contemporaine, comme un Rhotko par exemple, on est face au deux livré à un abandon total et contemplatoire assez étrange, et déstabilisant. Mais si on pousse plus loin ce "je ne comprend pas", on obtient assez facilement "je ne comprend pas, donc je n'aime pas". Ce que je veux faire saisir à tous ceux qui ont un jour utilisé ces mots, c'est qu'en réalité ça devrait être bien plutôt "J'aime, mais je ne comprend pas pourquoi" ! Une fois qu'on en est parvenu là, on entre dans une nouvelle dimension de l'art, car c'est dans la recherche du "pourquoi" qu'on découvre la beauté de l'oeuvre.

 Il y a deux sorte d'art, le premier peut se justifier par sa beauté même, mais pour le second beaucoup plus fragile c'est au spectateur d'aller chercher des justifications, dans bien des cas c'est ce second qui s'avère le plus riche. Pour en revenir au film de Terrence Malick, je crois qu'il essaye de nous transmettre une vérité très simple. Lors de la première demi heure, on voit défiler un nombre incalculables d'images dont chacune est tellement exceptionnelle qu'on pourrait y disserter dessus pendant toute une vie, cependant elle passe si vite que notre oeil a presque du mal à suivre tant de beauté d'un coup, surtout qu'elles sont accompagnée d'une des musique les plus belle que j'ai jamais entendu. Ces images sont des explosions de violences naturelles, éruption volcanique, pluie, orage, soleil brûlant, des instant de paix, et de sérénité, des visions bucolique de l'univers ou de la terre vu du ciel..... elles englobent le monde, mais aussi tout l'univers et remontent jusqu'à des temps immémoriaux, on aperçoit même des images de dinosaures d'un réalisme impressionnant. Et l'on ne comprend pas tout d'abord le rapport qu'elle peuvent avoir avec l'histoire qui nous est comptée.

 On est tellement habitué à un schéma de film holywoodien où il faut réussir à dire et faire passer un maximum de chose en un temps limité, qu'on ne sait pas comment réagir face à un film qui prend son temps, et qui même s'il nous dit une chose infime nous la dit bien et n'en n'effleure pas seulement la surface par l'utilisation de raccourcis. Dans ce genre de film on ne sent pas une soumission à une finalité, qui est le plus souvent de raconter une histoire, et ça nous perd. Quand on étudie de plus près la synopsis de "the tree of life" on s'aperçoit de la simplicité de la trame : deux enfants élevés par des parents de deux naturelles opposé, un père autoritaire représentant l'ordre de la nature, et une mère plutôt artiste, représentant l'ordre de la grâce, chacun des enfants réagis différemment à cette éducation et se rapproche plus ou moins d'un des parent, l'un finis par mourir dans des circonstances qui reste toujours cachées, et l'autre bien des années plus tard repense à lui et ressasse ses souvenirs de jeunesses

 Ce que le film essaye de nous faire comprendre c'est le sentiment que ressent cet homme désormais d'un âge plutôt avancé en repensant à son frère mort, et pour nous faire comprendre cela il a besoins de remonter très loin, nous montrer serte des souvenirs liés à ce frère, mais également des images a priori sans rapport, car il y a de la violence d'une éruption volcanique, et de la majesté d'une chute d'eau dans ce sentiment d'amour frustré. Chacune des séquences de ce film essayent de nous dire une toute petite partie de la même idée, et si on en sort si émue, c'est qu'on en sort émue comme quelqu'un qui aurait perdu un être cher, comme quelqu'un qui aurait perdu un frère, une personne qu'on aimait sincèrement. Et pour finir par nous faire ressentir ça, le metteur en scène a besoin de remonter jusqu'à la création du monde puis de l'humanité, et de nous compter l'histoire de la confrontation entre la nature et la grâce, car pour qu'en cet instant précis, à cette minute et cette seconde même, cet homme ressente un tel sentiment il a fallut que l'humanité se construise de tel sorte et la vérité de ce sentiment prend racine dans une histoire beaucoup plus vaste, où la simplicité se confronte avec l'infini. C'est peut-être ça la grande réussite de ce film, nous faire comprendre, que chacun de nos gestes se place en réalité dans un infini !

                                                                     Canitrot Valentin


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