Thierry Ardisson ou l’hôpital qui se moque de la charité... chrétienne

par morice
mercredi 16 janvier 2008

On dit toujours que l’on a que ce que l’on mérite comme amuseurs publics. En ce moment, c’est pas la joie avec Bigard, LaFesse (un peut « out » avec ses déboires DailyMotion) et autres grossiers personnages qui arpentent les scènes françaises, font la claque d’un candidat aux élections où l’accompagnent une fois élu pour aller serrer la main du pape. Car, et c’est une surprise pour beaucoup, en même temps qu’ils vocifèrent des injures sur les planches, ces amuseurs prônent ostensiblement les vertus de la religion catholique qu’ils pratiquent avec une certaine assiduité. Au point qu’ils nous feraient presque tous vomir avec leurs crises de foi régulières dans les médias.

Leur chef de file est un... couple, qui, en vertu du respect dû à sa propre croyance, sans doute, a choisi depuis des années d’avancer masqué dans les médias. Premier cité, Basile de Koch, alias Bruno Tellenne, roi de la nuit parisienne et écrivaillon à ses heures des discours de Charles Pasqua, dont il était l’assistant parlementaire. Et accessoirement frère de Carl Zéro, à jamais discrédité, journalistiquement parlant, avec l’affaire Allègre. Inscrit au GUD dans sa jeunesse, membre du club de l’Horloge, à savoir la frange dure des mouvements de droite estudiantins ou de think-thank droitier à la française. Marié à Virginie Merle, alias Frigide Barjot, pseudonyme en forme de contrepèterie tout aussi intelligent que celui de son mari. Ces deux-là jouent les amuseurs publics, "savent toujours quoi inventer pour faire rire" comme dit l’Internaute, mais font aussi, comme tout bons sectaires, du prosélytisme déguisé. Oh, rassurez-vous, ils sont suffisamment intelligents pour ne pas le clamer trop fort, juste ce qu’il faut au détour d’une interview. A la question "Quel est votre penseur universel préféré ?" ils répondent en coeur, le Basile et la Frigide : "Jésus-Christ". Et c’est là où ça va plus, car ce sont les mêmes qui pondent en librairie une "Histoire universelle de la pensée" où sont évoquées toutes les religions vues par le bout de la lorgnette de night-clubbers, ce qui donne un résultat affligeant, bien entendu. Et, au passage, un chapitre subtil qui propulse en avant une religion particulière : la leur. C’est comme ça qu’on formate les esprits, il n’y a pas d’autre méthode. C’est plus subtil qu’un cours donné par un commissaire politique sous Staline, et c’est diantrement plus efficace auprès des jeunes populations, pas toutes habituées encore à la manipulation politique. En résumé, les admirateurs d’un pape passéiste, sinon rétrograde, présentent leur croyance comme le must du branché chez Ruquier. Arriver un soir en société et sortir l’Epître de Jean, ça change en effet un tantinet des saillies de Michael Youn et sa mauvaise foi (nocturne). Pour sûr. Le catholicisme en perte de vitesse n’a rien trouvé de mieux que les dîners en ville pour survivre. Et ça marche, enfin c’est ce qu’ils disent dans Jalons.

L’autre grand mystique français, on le sait, c’est Bigard. Invité le 27 janvier 2001 par... Thierry Ardisson, il finit par avouer sa préférence... pour la peine de mort, un goût facile à comprendre quand on connaît sa vie privée, étalée en large dans son dernier ouvrage : son propre père a été assassiné dans des circonstances rocambolesques, marquant à vie l’individu, qui en veut depuis à la terre entière et accessoirement à la justice française. Bigard est un Michel Sardou bis, voilà tout. A part que, lui, on pourrait non pas l’absoudre, mais au point tenter de le comprendre, sa réaction étant celle d’un individu qui n’arrive pas à sortir de son propre problème. Incapable de généraliser, le stade zéro de la pensée sociale. Pour quelqu’un qui monte sur scène chaque soir, c’est plutôt grave. Oubliant au passage le "tu ne tueras point" de son catalogue Manufrance de croyance. Un bigot aussi grossier, l’église catholique n’a pas vu ça depuis... Savonarole. A part que Benoit XVI n’a pas encore excommunié l’homme au slip (Eminence ?) bien rempli, mais ça viendra peut-être, qui sait... Un homme présenté par un individu peu au fait de ce qu’est la politesse ordinaire, semble-t-il, présentant rapidement Bigard "avant de consulter vite fait son téléphone portable pour lire un message, à quelques centimètres du... Saint-Père qui a eu la politesse de faire semblant de ne pas demander quel était cet envoi divin envoyé par SMS !". Et sans oublier au passage de citer quelques versets... apostoliques, l’endroit n’étant pas propice à réciter il est vrai du Rushdie.

Le quatrième larron n’est pas un comique. C’est un présentateur à la réputation sulfureuse. Celle d’être incapable surtout de faire un direct, l’individu, depuis sa plus tendre enfance télévisuelle n’arrivant pas à retenir deux phrases, et passant soit son temps à coller partout des bouts de papier, soit reprenant au montage dix fois la même question. L’homme en noir, c’est Thierry Ardisson, chantre avéré de la coke ("je me suis beaucoup drogué"), comme outil indispensable du night-clubber, de l’échangisme en sexualité, obligatoire dans le milieu interlope de la nuit, un machiste par définition, également royaliste par goût de la provoc’ uniquement, et... catholique profond, tendance lourde. Comme ses prédécesseurs ici, l’homme manie le gros mot comme un gamin de ZUP, ce qui lui permet, à 59 balais de passer auprès des jeunes Cauetisés "à mort" pour un de leurs rangs. L’homme, un "baby-boomer qui va à confesse", a des amis, dont Bernard-Henry Levy le flagorneur, qui le résume ainsi : "le monarchiste funk, ce libre esprit aux allures de clergyman, ce fêtard qui ne croit qu’aux valeurs de la famille, ce branché libertin qui se veut fervent catholique, ce Français transfusé British, ce Bel-Ami cynique"... n’en jetez plus, la cour est pleine. Ardisson s’emporte facilement, ses techniciens en témoignent depuis des années. Parfois, il lui arrive de dépasser certaines bornes que se refuse à transgresser Bigard. Dans une émission récente, il s’était permis de gausser le cardinal Lustiger et son enterrement sur-médiatisé, s’attirant les remarques de l’"ayatollah Finkielkraut", selon lui. Car notre homme revendique le droit, je cite "au blasphème". En appelant à une liberté d’expression sous laquelle il se présente depuis des lustres "Je suis pour qu’on puisse faire tout ce qu’on veut, je revendique l’héritage de Charlie Hebdo". On est tout porté à croire en sa sincérité, surtout si celle-ci fait preuve d’une autre vertu chrétienne passablement oubliée... la probité. Or, dans le genre, Ardisson fait dans l’escroquerie pure et simple. Et ça, c’est même aujourd’hui visible et vérifiable sur le net.

L’homme télévisuel vient de commettre en fait une grave erreur : emporté par sa fougue, il ne s’est pas aperçu qu’il se grillait en direct (dans les feux de son propre enfer ?). Ça s’est passé lors de sa dernière émission où il invitait la pimpante Mme de Fontenay avec la remplaçante de Miss France, éjectée du trône pour avoir posé en tenue légère dans des poses suggestives. Le dossier est connu, le sujet facile, la miss timide, Mme de Fontenay amidonnée, mais terriblement joueuse. Ardisson joue sur du velours de sacristie, là. Et le voilà donc qui vole dans les plumes de l’impétrante, en finissant par la traiter de s... façon Bigard. Dans les photos dont se sert Ardisson dans sa charge contre la belle, figure en effet une croix, sur laquelle la Miss France pose façon Christ, les bras en croix. Terrible blasphème, pour Ardisson, le moqueur Lustigérien ! Oui, mais voilà, il y a un hic, et il est de taille. Ce qu’oublie de dire Ardisson, et ce que le public ne sait peut-être pas à cet instant, c’est que le fondateur d’Entrevue, le magazine qui a sorti les photos... n’est autre que Thierry Ardisson lui-même, et Gérard Ponson, toujours à la tête du magazine depuis 1992. Un peu comme si Delarue fabriquait des faits divers pour pouvoir faire des émissions sur le thème (chose qu’il aurait pu faire avec son comportement en avion !). Bref, le guet-apens était parfait, le traquenard télévisuel préparé de longue date. Thierry Ardisson, ce jour-là, c’était l’hôpital qui se moquait de la charité... chrétienne. Et Canal+ le grand cocu de l’histoire, qui pourrait faire un procès à son animateur pour trafic d’influence médiatique manifeste. C’est lui, en effet, qui a imprimé les photos pour s’en servir après comme repoussoir à la télévision !

Un dernier détail à cette affaire innommable de duplicité télévisuelle : les photos incriminées provenaient d’une publicité pour la marque de vêtements... Pardon. Et ça, ça, même le Bon Dieu, dans toute sa miséricorde, n’y aurait pas pensé.


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