Three Monks, heavy et gothique, joué avec des grandes orgues

par Bernard Dugué
samedi 9 novembre 2013

Le rock progressif est un genre qui ne connaît pas les limites. Et qui se joue avec des formations s’écartant du quartet standard, basse, batterie, guitare, chant. Parfois il n’y a pas de chant et pratiquement sans exception, les claviers sont présents. Ensuite, toutes les combinaisons sont possibles, avec cuivre, vents ou cordes. Y compris des instruments aussi exotiques que le theremin. On peut aussi faire sobre, avec le trio basse, batterie, orgue. C’est ce que propose le groupe Three Monks qui vient de signer chez Blackwidow son second album, « The Legend of the Holy Circle”. Et toujours l’ingrédient fondamental pour ce trio de rock progressif, l’orgue néogothique, réplique du « pipe organ », ce mastodonte de tuyaux métalliques qu’on trouve dans quelques églises et plus rarement dans des auditorium. D’ailleurs, celui de Bordeaux vient de lancer une souscription pour accueillir ce genre d’instrument qui ne court pas les rues, ni les scènes d’ailleurs.

Three Monk est l’émanation de l’organiste Paolo Lazzeri qui dans une vie antérieure sévissait dans les cathédrales aux commandes des grandes orgues et qui maintenant intervient dans de nombreux projets musicaux et principalement dans sa formation pour laquelle il signe toutes les compositions. Cette fois, il utilise les synthés pour compléter l’orgue, ce qui confère aux compositions un style un peu plus rock que l’album précédent mais tout aussi gothique et axé sur les profondes sonorités des claviers. Avec une section rythmique efficace, un bassiste et deux batteurs alternant sur les morceau, avec parfois des percussions d’orchestre symphonique. Le premier morceau attaque très fort, avec une intensité qu’on ne connaissait pas chez cette formation. On devine quelques connivences avec les musiques de film jouées par Goblin avec cette impression de scènes étranges comme si une fête gothique se déroulait derrière des vitraux, laissant filer des éclats luminifères. Le style est résolument torturé et inquiétant, avec des claviers dont le style évoque également le jeu de Hugh Banton dans les oeuvres de VDGG ou bien le trio japonais Ars Nova composé de trois musiciennes. En fait, le groupe qui se rapprocherait le plus serait Le Orme début seventies, grande figure du prog italien dont on peut conseiller le live paru en 1974.

Après un premier morceau résolument orienté heavy gothique, place à des compositions plus feutrées mais tout aussi dense, dark, symphonique, baroque souvent, mystique parfois. Un orgue qui semble se perdre dans l’infini divin et mystérieux, un peu comme dans les compositions pour orgue de Duruflé ou de Jehan Alain. Très avant-gardiste, très 20ème siècle avec des connivences médiévales et bien sûr la touche rock plutôt bien appuyée limite heavy. Voilà ce qu’on peut dire de ce disque absolument original car il dénote par rapport aux productions plus « conventionnelles » du rock progressif (je viens d’énoncer un oxymore, car si c’est conventionnel, c’est pas du prog). Et présenté dans un digipack ce qui n’est pas pour déplaire.

TRACK LIST :

1. The Holy Circle - 7:48 2. Int Mystery - 5:58 3. The Battle of Marduk - 4:48 4. The Rest of the Sacred Swarm - 9:53 5. Rieger - 5:09 6. The Strife of Souls - 10:01 7. Toccata Neogotica n5 - 9:43

Paolo “Julius” Lazzeri : Neogothic organ & synthetizers

Maurizio “Bozorius” Bozzi : Electric bass

Claudio “Ursinius” Cuseri : Drums on tracks 1-2-5

Roberto “Placidus” Bichi : Drums on tracks 3-6-7

 


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