Trahisons à remonter le Temps contre (A)mour-mitié

par Theothea.com
mardi 30 septembre 2014

TRAHISONS
photo © Cosimo Mirco Magliocca / collection Comédie-Française

Il y aurait quelque chose de Rohmer & de Truffaut dans ces Trahisons projetées, en profondeur de champ scénographique depuis la chambre noire du public, sur le plateau du Vieux-Colombier.

Jouant avec les rideaux de scène, à la manière d’obturateurs photogéniques, le diaphragme s’ajuste en faisant le point du cadrage introduisant chaque nouvelle séquence à rebours chronologique.

Il y aurait du « Jules et Jim » revisité façon « Contes des quatre saisons » … de l’Amour bien entendu mais tout autant de l’Amitié, sentiments qui vont se confondre allègrement dans des malentendus successifs à remonter le temps contre lui-même dans les ravages que celui-ci peut engendrer à l’insu du plein gré des protagonistes :

En effet, Léonie Simaga, Laurent Stocker et Denis Podalydès sont embarqués à reculons, dans une histoire, celle de leurs personnages d’apparence ironiquement vaudevillesque, à savoir la maîtresse, l’amant et le mari, alors même que l’inquiétude, les non-dits et le désarroi vont s’inviter au rythme inverse de ce qu’ils ont vécu contradictoirement mais passionnément, tous trois ensemble.

Ainsi, du crépuscule des seventies jusqu’au début des sixties, c’est une lente descente en apnée vers l’ivresse des profondeurs libidinales qu’ils vont effectuer en neuf paliers de récupération et d’espoir qui, précisément à chaque fois, les happeront vers la séquence précédente, toujours plus heureuse que celle en cours.

Ainsi, le bonheur serait toujours à rechercher dans les origines du commencement, là où la véracité, la spontanéité, l’innocence des sentiments prévalent à tous les calculs avant que ne se dégrade, immanquablement, l’aimantation polyvalente entre les êtres attirés, malgré eux, par le doute et la lassitude veillant en embuscade.

La mise en scène, délicieusement tactile, de Frédéric Bélier-Garcia épouse ces méandres à venir en les retro-projetant dans un passé, sans cesse immédiat, celui que Harold Pinter dépeint avec la nostalgie non feinte du réalisme affectif.

Ensuite, c’est la subtile direction actoriale qui accrochera l’interprétation à des moments de grâce en suspension, ceux dont il n’aurait jamais fallu cesser de vouloir le meilleur de la pulsion amoureuse.

Theothea le 25/09/14

photos © Cosimo Mirco Magliocca / collection Comédie-Française

 
TRAHISONS - ***. Theothea.com - de Harold Pinter - mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia - avec Denis PODALYDÈS, Laurent STOCKER, Christian GONON & Léonie SIMAGA - Théâtre du Vieux-Colombier

TRAHISONS
photo © Cosimo Mirco Magliocca / collection Comédie-Française


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