Un chemin semé d’embūches
par CHALOT
jeudi 14 février 2013
Il ne suffit pas d'avoir du talent pour pouvoir sortir un livre.
Le talent n'est pas un sésame pour être édité...
Il vaut mieux avoir un nom connu ou quelques influences notoires...
Certains et certaines, n'ont pas de sauf conduit mais de l'obstination comme cet auteur qui a envoyé son document à huit éditeurs.
Deux seulement ont renvoyé un récépissé, comme quoi la politesse n'est pas toujours de ce monde...
J'espère que ce « phare de la lumière » sera bientôt sur certaines gondoles, ce serait dommage que des lecteurs potentiels soient privés de ce livre où se conjuguent parfaitement poésie et récit épique .
Agoravox est une grande famille, on y écrit, on y débat, on s'y écharpe, certes mais parfois, assez souvent d'ailleurs on s'y respecte.
Alain Sapanhine qui y écrit sous un pseudonyme m'a fait parvenir son manuscrit... Comme quoi ce média peut permettre, ce que je souhaite, de faire connaître des obscurs, c'est à dire des écrivains méritants qui sont comme des pots de terre contre les pots de fer de la grande édition.
J'en appelle, ici, aux éditeurs, lecteurs d'Agoravox pour qu'ils saisissent leur chance de pouvoir faire sortir un livre qui, j'en suis certain, ne laissera pas indifférent le lectorat.
Quant à moi, j'invite l'auteur à participer au Quatrième salon littéraire de Vaux le Pénil qui se tiendra le dimanche 13 octobre 2013.
Le phare de Lumière
roman écrit par Alain Sapanhine
263 pages en caractère 11
Rebelle pour toujours
Ce livre est « dactylographié », il m'est parvenu par voix postale pour que j'y jette un œil. Je l'ai ouvert, l’œil et même les deux et au lieu de parcourir ce qu'on appelle encore un manuscrit, je me suis plongé dans sa lecture.
Je n'ai pas été déçu du voyage, il faut d'ailleurs s'accrocher car même les descriptions relativement nombreuses sont faites à un rythme endiablé : les phrases s'enchaînent, l'action se déroule parfois sans que le lecteur n'ait le temps de souffler.
J'aurais préféré comme titre : « rebelle comme toujours » car ce vieux pêcheur est à la fois un connaisseur de la mer comme on en fait peu et à la fois un rebelle obstiné.
L'auteur dans sa préface nous présente tous les acteurs principaux, le vieil Ernesto, sans âge, les « prolotaires » et « prolataires », du moins quelques uns – ils sont onze millions- les pêcheurs et tous les policiers et bureaucrates qui se nourrissent sur le dos de la bête de somme...Cette présentation, intéressante et distrayante constitue la cerise sur le gâteau car jamais, sans avoir besoin de revenir en arrière le lecteur n'est perdu, il suit la voie bien dégagée et goûte l'humour parfois aigre de l'auteur.
Ce serait une remake du vieil homme et la mer de cet autre Ernest, Hemingway de son état, peut être mais de toutes façons ce grand auteur aurait aimé ce livre.
Nous sommes sur l’île d'Absurdistan, propriété exclusive de ce méchant Roi Maxime qui y règne en maître pour y faire le bonheur de l'homme, c'est du moins ce qu'il dit même si l'homme y vit comme dans une prison.
Ernesto, notre vieux pêcheur d'espadon a plus qu'un tour dans son sac et même quand il se retrouve au travail forcé suite à un délit qu'il n'a pas commis, il sait se faire accepter de tous et apprécié pour ses talents de pêcheur...La mer est loin mais qu'importe, la rivière donne du poisson à qui sait l'attraper...
Libéré pour bonne conduite, retrouvant sa licence de pêcheur que les autorités lui avaient arrachée, il retourne chez lui pour rendre gorge aux corrompus et ceci avec des méthodes plus ou moins légaux...
Le combat est dur et inégal.
La peur, la veulerie et la solidarité entre les prolotaires sont intimement liés et pour que ceux d'en bas décident d'aller secouer ceux d'en haut, il faut du temps et beaucoup de persuasion.
« Tout Absurdistan sait qu'une fonction d'administrateur ne consiste pas à gérer, mais à se servir de son poste pour assurer l'ingérable et partir en catimini avec la différence, le compartisme de terrain repose sur ce postulat. »
Ah si on essayait au moins de changer d'administrateurs ? Rien n'est moins facile mais le vieil Ernesto a de la ressource...N'est-il pas en plus le seul pêcheur capable d'attraper le fameux Aruga, le poisson mythique !
J'ai vraiment aimé ce livre, l'histoire, bien entendu, d'autant plus que c'est une fiction et même un conte avec des séquences épiques comme ces combats de mer contre les poissons....
Cette œuvre mériterait d'être édité, ce serait dommage de priver des lecteurs du plaisir de goûter et même de déguster ce petit régal...
Évidemment, cela m'étonnerait qu'il sorte en plein jour dans cette île qui fut un phare de la révolution socialiste, au nez et à la barbe de « l'oncle Sam » ? ...Serait ce un brûlot anti communiste ? Non ! D'autant plus que la bureaucratie n'est pas l'envers du socialisme mais son antithèse.
Jean-François Chalot