Un coeur invaincu
par Francis
mardi 2 octobre 2007
Angelina Jolie boude le navet.
Qu’Angelina Jolie ait le rôle principal d’Un cœur invaincu (Festival de Cannes 2007, hors compétition) après les titres consternants de sa filmographie, chapeau. On veut bien oublier Lara Croft. Surtout, elle se glisse avec tant d’humilité dans son personnage qu’elle fait oublier qu’elle est Angelina Jolie. Rechapeau.
Rappel : en 2002, Daniel Pearl est enlevé et décapité par des extrémistes pakistanais. L’exécution, vue sur Internet, horrifie la planète. Avant cela... avant cela, entre Pearl quittant sa maison de Karachi et l’annonce de sa mort, c’est ce que raconte ce film. Il prend aux tripes pour de très nombreuses raisons. L’Anglais Michael Witterbottom évite tous les pièges dans lesquels seraient tombés les cinéastes d’Hollywood, choisissant de faire un docudrame, souvent caméra à l’épaule, sans clinquant.
On plonge dans un monde réel, et pas des jolis décors. Karachi est une ville grouillante comme un marais humain, une tour de Babel étouffante. Alors que le temps presse, les services qui tentent l’enquête traînent à se trouver, à se brancher, à coopérer. Les méthodes se heurtent, l’impuissance englue l’espoir, face à la folie d’un ennemi introuvable.
Pilier du film, Mariane Pearl, enceinte, remue ciel et terre, s’épuise à essayer d’orchestrer négociations, appels aux ravisseurs, imbroglios faisant office de partenariats. Bien que le spectateur connaisse l’horrible dénouement, il s’accroche à cette course contre la montre détaillée et réaliste.
Dommage que le film nous prive d’un zoom arrière qui découvrirait une vision plus globale de l’affaire. Mais que cette nuance ne vous empêche pas de croiser cette femme courageuse et déterminée, face à une adversité insaisissable.