« Un Fil à la Patte » Feydeau en revival 50 au Théâtre Montparnasse
par Theothea.com
lundi 25 juin 2018
Avec sa patte Music-hall des années cinquante, Christophe Lidon offre un été revival au Théâtre Montparnasse tout en s’emparant de tenues vestimentaires Twist & Roll accompagnées d’une bande-son tempo rock sous fond d’écran 3D à triple embrasure vidéo.
Cela commence par une chorégraphie jazzy type marionnettes sur pieds bottés & mains gantées sous le rideau de scène pour laisser place au fameux délire nuptial concocté par Georges Feydeau en fin de XIXème siècle.
Dans cette scénographie ainsi réactualisée « fashion » où les séquences « in » sur les planches semblent se prolonger « off » dans les coulisses comme si le spectateur assistait, en un panorama global à 360 degrés, au chassé-croisé entre l’héritière fortunée et son prétendant qui, lui, cherche à esquisser toutes les velléités de sa « maîtresse chanteuse » alors que celle-ci, a contrario, tente de maintenir le grappin sur son amoureux idéalisé, voici donc qu’apparaît dans ce décor « new look » tout un aréopage de personnages caricaturaux au sein d’une médiocrité totalement hilarante :
Catherine Jacob y compose une baronne excentrique minaudant à qui mieux mieux face aux hommes envers qui elle ne peut s’empêcher de se pâmer.
Sa fille Vivianne se comporte en star pour qui rien ne serait trop beau afin de célébrer sa séduction tellement naturelle ; Adèle Bernier s’emploie à ravir dans cette tâche du beau sexe à qui tout est promis.
Noémie Elbaz & Christelle Reboul alternent elles, selon leurs charmes respectifs, dans l’incarnation de Lucette Gautier, cette artiste du show-biz ayant jeté son dévolu sur Fernand de Bois d’Enghien (Jean-Pierre Michaël) alors que celui-ci n’a désormais qu’une seule obsession, la rupture sans dommage, en évitant toutes les rumeurs de ses noces annoncées avec Vivianne et autres colportages à sensation du « Figaro ».
Marc Fayet façonne, avec acharnement, un Bouzin bégayant et maladroit quasiment malsain et tellement empli d’un talent de compositeur auquel il prétend sans, de toutes évidences, en posséder les facultés, d’autant plus qu’il est complètement terrorisé par le Général Malaka qui, lui, aux vibratos d’un accent espagnol fort fougueux, a juré de le tuer au plus tôt, convaincu que celui-là fait de l’ombre à son désir de conquête amoureuse et passionnée.
Patrick Chayriguès, Cédric Colas et Stéphane Cottin complètent ce tableau d’humanité navrante en brossant de multiples portraits stéréotypés en servilité et maniérisme corsetés au point de faire jaillir en contrepoint le rire incessant d’un public acquis à l’esprit d’un Théâtre jubilant à fustiger les bonnes convenances et la bien-pensance.
Même si durant les deux heures de cette représentation décoiffante les spectateurs aimeraient reprendre, à certains moments, leur souffle et quelques forces estivales, ceux-ci sont happés, à leur corps défendant, dans une spirale où « tout Feydeau » se doit d’être joué et nous pouvons compter sur Christophe Lidon pour mener brillamment la turpitude glamour jusqu’au feu d’artifice final.
photos 1 à 4 © J. Stey
photo 5 © Theothea.com
UN FIL A LA PATTE - **** Theothea.com - de Georges Feydeau - mise en scène Christophe Lidon - avec Catherine JACOB, Jean-Pierre MICHAËL, Christelle REBOUL & Noémie ELBAZ en alternance, Marc FAYET, Adèle BERNIER, Bernard MALAKA, Patrick CHAYRIGUÈS, Cédric COLAS et Stéphane COTTIN - Théâtre Montparnasse