« Un Homme trop facile » par effet de symétrie parnassien ?
par Theothea.com
mardi 26 février 2013
Du Jeu de miroirs au Théâtre en abyme, la question de l’homme facile est, de toutes évidences, destinée à se perpétuer en points de suspension, au-delà de toute autoreprésentation !…
- UN HOMME TROP FACILE
- photo © Theothea.com
En effet Roland Giraud ne pourrait être ce comédien prenant à la légère la mission confiée par Christophe Lidon, d’autant plus que, tourmenté par la mémoire et la diction de son texte en alexandrins, l’acteur prend sa responsabilité de « porte-parole » très au sérieux.
Quant à son personnage, cet Alex tracé par Eric-Emmanuel Schmitt comme un être de tolérance, ce n’est pas son amabilité souriante qui le rendrait candide mais ce serait, au contraire, l’exigence de la vie qui pourrait éventuellement l’inciter au libertinage. Rien donc de si facile dans cette démarche !
Et voilà maintenant le clone d’Alex, le fameux Alceste de Molière, celui par qui la misanthropie a gagné ses lettres de noblesse moderne !
Il apparaît soudain, telle Marie à Bernadette Soubirou, au détour d’un reflet de miroir pour, par la suite, se prendre au jeu d’une présence virtuelle pérenne sur la scène de la Gaîté-Montparnasse.
C’est, bien entendu, le regard d’Alex, en trompe- l’œil, qui va maintenir cette dualité tout au long de la représentation du Misanthrope, censée se dérouler de l’autre côté des coulisses !
Ainsi, la dialectique qui va nourrir la passe d’armes entre Alex et Alceste (Jérôme Anger) repose sur l’acquiescement du spectateur à admettre que le spectacle vivant est bien plus tangible que le conflit idéologique entre amour et détestation du genre humain.
A ce stade, le fébrile chassé-croisé en loge des partenaires, des proches et d’un Visiteur, s’avérant être un auteur infatué, achèveront de rendre caduque la question thématique au sujet de l’homme facile, en la substituant à une intuition surréaliste :
Et si Eric-Emmanuel Schmitt, copropriétaire du Théâtre Rive Gauche à l’autre bout de la rue de la Gaîté, était cet Alceste infiltré, par symétrie, sur la scène de la Gaîté-Montparnasse, pour tester, expérimentalement, les répliques contraires à l’empathie ?
Succès garanti vice versa, n'est-ce pas ?
photo haut © Theothea.com
photo bas © Bernard Richebé
UN HOMME TROP FACILE - **.. Theothea.com - de Eric-Emmanuel Schmitt - mise en scène Christophe Lidon - avec Roland Giraud, Jérôme Anger, Julie Debazac, Marie-Christine Danède, Ingrid Donnadieu & Sylvain Katan - Théâtre de la Gaîte-Montparnasse