Un livre ? Non merci !

par CHALOT
mardi 9 octobre 2012

Un élève de 5ème m'a dit qu'il aimait lire mais qu'il ne lisait jamais en public car plusieurs fois des copains lui ont dit que c'était ringard !

Certains intellectuels lancent régulièrement des cris d'alarme, d'autres considèrent que les jeunes lisent toujours mais utilisent d'autres vecteurs comme les réseaux sociaux....

Qu'en est-il vraiment ?

J'avoue que par curiosité et par intérêt intellectuel j'aime bien lire les articles de journaux qui ne sont pas de mon bord politique, on y trouve parfois des informations intéressantes.

Voici un article du Figaro qui m'a interpellé :

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/09/09/01016-20110909ARTFIG00680-le-plaisir-de-lire-baisse-chez-les-jeunes-de-15-ans.php

« Les élèves de 15 ans, auxquels s'intéresse la dernière étude internationale Pisa pour l'OCDE, lisent de moins en moins par plaisir. En moyenne, parmi les pays de l'OCDE, en 2009, 37 % des élèves affirment ne pas lire par plaisir, selon l'organisation internationale. En Autriche et au Liechtenstein, plus de la moitié des élèves de 15 ans sont dans ce cas. À l'opposé, en Albanie, au Kazakhstan, en Thaïlande et en Chine, ils déclarent lire pour le plaisir à plus de 90 %. Les jeunes Français qui étaient 70 % à aimer lire en 2000 ne sont plus que 61 % en 2009. »

Effectivement les adolescents et même les pré-adolescents lisent de moins en moins...

S'agit-il de la lecture en général ou du livre en particulier ?

S'agit-il là d'un effet de mode ou une conséquence du développement du numérique ?

L'école est-elle responsable de cette évolution ?

C'est un sujet qui mérite la réflexion et qui pourrait conduire à un débat constructif.

Déjà précisons que des pré adolescents, influencés par leur milieu familial, par leurs pairs ou par leurs enseignants lisent des romans.

Lorsque j'ai donné à un élève de sixième, issu d'ailleurs d'un milieu modeste et habitant une cité, le livre d'Antoine Blocier : « Maëlys et ceux des caravanes », il a lu le roman en trois jours.

Comme me l'a confirmé un collège instituteur, oh pardon, professeur des écoles, lorsqu'on motive les enfants et qu'ils commencent une lecture attrayante et /ou intéressante, le résultat est garanti.

Si personnellement je pense que les éducateurs et tous ceux qui aiment les livres devraient s'inquiéter de constater que de moins en moins de jeunes aiment le livre, je suis sensible aux arguments d'Antoine Blocier

( extrait de l'entretien qu'il m'a accordé : la suite est à lire ici

http://www.familles-laiques-de-vaux-le-penil.fr/article-entretien-exclusif-accorde-par-antoine-blocier-ecrivain-111008402.html

A la question :

Les pré adolescents ne lisent plus beaucoup

Quel est votre avis là dessus comme écrivain et comme militant d'éducation populaire ?

Antoine Blocier répond :

« Les préados et la lecture... Vaste sujet ! Il n'est pas sûr qu'ils lisent moins que ceux des générations précédentes. En fait, le support papier semble en perte de vitesse. C'est sûr ! Mais quand on voit tout ce qu'ils ingurgitent comme information sur les écrans... Il est raisonnable de se poser tranquillement la question du rapport des préados à la lecture.

Ou alors, c'est le monde des adultes, pas totalement entré dans l'univers numérique, qui n'a plus ses repères habituels pour traiter ces questions. On pourrait en dire tout autant des adultes. Je le constate chaque semaine dans les salons et/ou les séances de dédicaces, la lecture "papier" diminue. Conséquence de la crise économique où les gens ont moins les moyens d'acheter des livres ? Victoire de l'image et des écrans (TV et ordinateurs réunis) ? ou manque de temps pour se consacrer à soi.

La lecture reste quelque chose de très individuel. Et à un âge où l'on ne rêve que de ressembler aux autres, l'image que l'on donne de soi en s'affirmant lecteur peut devenir problématique pour sa place de le groupe.

La lecture de romans, c'est entrer dans des univers. Le cinéma, la télé et les jeux vidéos font ça très bien aussi. Le seul "plus" du livre, c'est qu'on le fait à son rythme, que l'on choisi les univers que l'on veut visiter, que l'on crée les formes, les visages, les intonations des personnages... Quels que soient les indications fournies par l'auteur. On reste maître du récit. On reste acteur de l'histoire, contrairement au visionnage d'un film.

Et il ne sert strictement à rien que l'adulte soit dans l'injonction : "il faut lire !". Ce qui devient une obligation perd de son attrait, car pour que la lecture favorise l'imaginaire, le jeune lecteur doit se sentir intéressé par le sujet ou s'identifier aux personnages. »

Oui, en effet, mais comment faire ?

Ne faut-il pas redonner à la lecture toute sa place dans les programmes et notamment au Collège ?

Ne faut-il pas donner une place à la "lecture plaisir", y compris pendant les cours ?

Jean-François Chalot


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