Un tapis rouge pour la mafia du sexe

par Lisa SION 2
vendredi 17 avril 2009

36/15 Ulla, et O892.69.69.69, pour ne prendre que ces exemples, sont les deux mamelles de la transe. Comme un virus contagieux, ces portes ouvertes aux maisons closes interdites par la loi, se sont retournées vers les nouveaux modes de communication modernes et ont fleuri sur tous les supports. Ces deux réseaux, au départ administratifs, informatifs ou commerciaux, se sont pliés sous le joug du racolage à caractère clairement sexuel, et ont accumulé les plus forts taux de connexion devenus vite incontournables. Tapez au hasard, n’importe quel des numéro spéciaux O892..., vous n’avez plus qu’à demander Natacha, avocate aux barreaux du lit...

Qui ne se souvient pas du plus célèbre 36/15, relayé dans le Paf par des émissions « société », où était invitée la plus célèbre représentante du sujet, et qui s’est vu imprimé sur des millions de journaux gratuits au centre d’une page entière spécialisée ? Quel est le plus célèbre numéro vert gratuit, mais ensuite repeint en rose payant plein pot (3fr la mn), en remorque d’un réseau au départ administratif et devenu coquin, à tel point qu’il est sûr maintenant, que le semi a fait un tête à queue. Quel est ce commerce de chair qui investit les organes de communications de toutes sortes et qui finit par reléguer son usage d’origine, à de simples portes-drapeaux pour fil à lingerie fine ?

Cet excellent sketch qui fera moins rire les innocents piégés, mais qui est un modèle du genre, témoigne des nombreux méandres qui se cachent derrière le serpent du vice caché, mais là, c’est le client qui se mord la queue. C’est bien simple, l’administratif était au 12, gratuit d’une cabine téléphonique, ce que le compliqué est au 118, c’est vous dire la proportion de l’embrouillamini.

A qui donc profite ce juteux marché, à la femme libérée de l’enfer de sa cuisine, mais devenue aujourd’hui, lavandière à mi-temps, et son souteneur technicien installateur en télécommunication. Le plus moderne réseau de communication au service du plus vieux métier du monde fait des petits. Ces juteux marchés ont financé l’essor de la prostitution mondiale avec le vibrant secours de la mode et ses castings souvent prometteurs, et de la presse pipole.

Ces réseaux entrelacés ont donné naissance à la plus puissante Industrie_du_sexe, dont les plus célèbres actrices sont élevées au rang de « Stars ». Mais, pour une célébrité et quelques autres escort-girls, travaillant à domicile dans les plus chics appartements des beaux quartiers, ou les derniers étages des hôtels qui entourent le parlement européen, combien de petits papillons se font brûler les ailes sur les torches de la renommée. Berlusconi n’a-t-il pas dit, lui même, à une étudiante qui lui évoquait ses inquiétudes sur l’avenir : « vous n’avez qu’à vous marier avec un millionnaire. » Sur ce conseil noble, les jeunes filles italiennes qui réussissent leur Bac, demandent à leurs parents prêts à les récompenser, une opération chirurgicale d’ajout d’implants mammaires. La Mafia se réjouit de cette mode puisqu’elle règne sur les cliniques privées italiennes, et la nouvelle réforme de l’hôpital en France en prend le chemin. La médecine tourne étrangement et avec insistance autour des organes sexuels féminins, par une tentative de dépistage du cancer de l’utérus des jeunes filles dès l’age de treize ans, mais la méthode n’est pas nouvelle. Ces réformes à-tout-va des institutions françaises sont menées au profit des instances mondiales, et par la pression des lobbies sur les parlementaires.

La dernière du genre, la loi sur les droits d’auteurs, n’est curieusement pas défendue corps et armes, par nos chanteurs nationaux. On entend très peu les principaux concernés, et personne, à part Souchon, n’a composé le retentissant pamphlet revendicateur comme savaient le faire brillamment, bien des râleurs ou défenseurs de la liberté de penser...Alors, qui donc a le plus à craindre qu’un acheteur d’un produit du marché spécialisé, le diffuse dès le lendemain gratuitement sur la toile où désormais tout s’échange ? Quel est le diffuseur parallèle, n’ayant qu’un réseau de points de vente confidentiel, qui ne diffuse que des produits vendus sous le manteau, impossibles à vulgariser en grande surface, et que l’on trouve à foison sur la toile ? Qui a le plus à perdre quand ses produits circulent gratuitement sur les supports numériques, derrière la barrière du contrôle parental, malgré toutes les tentatives de recyclage apportées par des émissions télévisées de fins de soirée, et qui ne se plaint pas ouvertement sur les médias informatifs ?

C’est l’industrie du sexe qui a le plus à perdre de l’ouverture offerte par Internet, et il n’est pas surprenant que nos législateurs ne l’aient pas décrypté. Le haut du panier des artistes commerçants, en mal d’inspiration, amis du président, voient leur vieux tubes s’user. Les jeunes peuvent profiter de la publicité que leur musique inspire et la nouveauté, est qu’ils-peuvent-tous-etre-producteurs. 

Nos législateurs, non content de ne pas s’attaquer à la racine du problème par une répression soutenue en cryptant les dossiers reconnus sales, et en poursuivant les contaminateurs de cet art mineur et stérile qu’est devenue la pornographie, baissent leur culotte et se retournent contre les petits contrevenants en les pénalisant. La priorité ne semble pas être cette proposition-de-loi-sur-l-inceste qui a failli être repoussée aux calendes grecques, et c’est l’absence de législation sur la première qui entraîne la dérive directe de la seconde. La loi Hadopi n’est peut-être donc, qu’un tapis rouge, pour la mafia du sexe ( et du tapis vert ) qui ne dit pas son nom.


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