Véronique Autret vs Carla Bruni

par Fergus
jeudi 22 décembre 2011

Á l’heure où la grande voix du Cap Vert vient de s’éteindre, celle de Cesaria Evora, revient en moi l’irritation récurrente contre un système qui nous impose trop souvent des interprètes sans talent ou sans voix : des anti-Cesaria dont la France de la musique formatée ou des « fils et filles de » est si friande...

 

Dans ce billet, écrit de manière spontanée après avoir entendu la calamiteuse Charlotte Gainsbourg dans un extrait de son dernier album (CD sans doute pour Chansons Désastreuses), je voudrais ici rendre hommage à... Véronique Autret, au nom de toutes celles, (et de tous ceux car cela vaut également pour les hommes) qui ne connaîtront jamais le succès que mérite pourtant leur très grand talent.

 

Véronique Autret, vous ne la connaissez probablement pas, malgré ses très grandes qualités. Normal : elle compose de la musique et interprète en breton de la musique sacrée et profane dans des formations dont la notoriété a déjà bien du mal à s’étendre sur le territoire armoricain : Gwalarn et Bann-Heol. Or, tous ceux qui ont pu l’entendre, et plus encore la voir en concert accompagnée de ses fidèles musiciens, sont d’accord pour souligner à quel point cette femme a pu les impressionner.

 

Ras-le-bol des Carla Bruni, des Charlotte Gainsbourg, des Mélanie Laurent. Ras-le-bol de ces chanteuses sans talent ni voix qui, avec la complicité des éditeurs de musique, s’appuient sur leur seul nom pour nous imposer des bluettes affligeantes. Ras-le-bol de ces femmes qui tirent à elles une couverture médiatique totalement imméritée en regard du travail fourni par d’autres, infiniment plus talentueuses, mais qui n’ont pas acquis préalablement de notoriété dans les défilés de mode ou sur les plateaux de cinéma.

 

Car il ne fait aucun doute que des Véronique Autret, il en existe des dizaines en France qui ne verront jamais leur nom en tête de gondole dans les rayons musique d’un magasin de la Fnac ou d’un Centre Culturel Leclerc (si, si, ça existe !). Elle a pourtant une bien belle voix, Véronique Autret, une voix pleine et chaleureuse, une voix très pure comme on rêverait d’en entendre plus souvent sur les ondes en lieu et place de la daube formatée qui nous est le plus souvent servie.

 

Écoutons Véronique Autret avec Bann-Heol dans « Ar bobl o Tont da gemer Jezuz  » ou avec Gwalarn dans « Karantez-Vro  ». Mais quel dommage qu’il n’existe pas de lien sur le magnifique « Intañvez ar Moraer » qui nous conte l’émouvante histoire d’une veuve de pêcheur ! La voix de Véronique Autret, servie par une superbe mélodie, y est magnifique.

 

Contrairement à Carla Bruni en 2004 et Charlotte Gainsbourg en 2010, Véronique Autret ne décrochera jamais une Victoire de la Musique, pas plus que toutes celles qui débordent de talent mais, faute de « relations utiles » ou de notoriété antérieure largement médiatisée, n’auront jamais leurs entrées dans les cercles fermés des « majors » de la production musicale. Cela dit, il est probable que Véronique Autret n’éprouve aucun regret de n’avoir pas fait une carrière nationale dans la variété, tant sa passion pour la musique celtique semble forte. Mais d’autres qu’elles, tout aussi douées, souffrent sans aucun doute et souffriront encore d’être barrées par des pipoles qui ne leur arrivent pas à la cheville, avec leurs voix subclaquantes et la mièvrerie de leurs textes. Mais ainsi va la culture dans une société où le marketing s’impose dans tous les domaines !

 

Pour terminer sur une image positive, petit retour, en hommage à Cesaria Evora, sur quelques-unes des très belles voix féminines que nous offre la culture portugaise :

 

Celle de Teresa Salgueiro au sein du groupe Madredeus, formidable dans « O pastor ».

 

Celle d’Ana Rita Reinos, chanteuse du groupe Maio Moço, dans « Triste Noivo ».

 

Celles des fadistas héritières de la grande Amália Rodrigues  : Ana Maria Bobone dans le superbe « Dá-me o Braço Anda Dai  », Cristina Branco dans « Meu Amor é Marinheiro  », Katia Guerreiro dans « A Mariquinhas vai a Fonte » et bien sûr Mariza dans « Feira de Castro ».

 

Sans oublier l’autre grande voix cap-verdienne Maria de Barros, ici dans « Mi Nada Um Ca Tem  ».

 

Et tant d’autres superbes artistes... Adeus, queridos leitores !

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