Vers d’autres rivières
par C’est Nabum
lundi 8 février 2016
Les Traîneux d'Grève voguent entre Tarn et Garonne.
Nous en rêvions ; nous l'avons fait. Nous sommes partis loin de dame Loire pour aller mesurer notre capacité à toucher un public qui n'est pas ligérien. Nous avions bien rencontré des spectateurs venant de Beauce et du Gâtinais mais pour ceux-là, la Loire n'était pas si éloignée et il y avait une culture commune.
Cette fois nous faisions un grand saut dans l'inconnu. Allions-nous toucher et émouvoir des gens qui sont imprégnés de la culture occitane, qui ont un accent chantant si loin de ma parlure pointue et patoisante ? J'avoue que j'avais encore plus de crainte pour mes histoires que pour les chansons de mon ami Casimir.
Pour adoucir le choc culturel et par respect pour nos hôtes, j'avais décidé d'ouvrir le spectacle à Montauban, en bord de Tarn, comme à Auvillar, en rive de Garonne, par un conte d'un auteur local : Maurice Baux. Mais ensuite, comment ces gens, peu habitués à ma langue, allaient-ils se glisser dans mes histoires ? J'en tremblais.
Pourtant je m'étais documenté sérieusement et les histoires de la Garonne et de la Loire sont assez semblables même si les mots diffèrent. Il y avait matière à passer d'un conte de Loire à un conte local sans que les spécialistes puissent y trouver à redire. Les mêmes maux et les mêmes difficultés ont jalonné nos rivières.
Il fallait simplement être compris. Les chansons avaient permis de découvrir notre univers et sans doute, vu les réactions, de l'apprécier. Les mélodies sont universelles ; la voix grave et chaude de Casimir faisant le reste. Pour nos amis, il y a du Ferrat, du Reggiani ou du Lama dans sa tonalité et sa manière de charmer en chantant. La moitié du chemin était acquise.
Ne restaient plus que les contes du Bonimenteur à la langue ancienne, rurale, accrocheuse. Comment ce public allait-il comprendre et plus encore apprécier ? Le miracle eut lieu au-delà de mes espérances. Il n'y a plus de barrière linguistique quand la sincérité est au rendez-vous. Ce fut un émerveillement de constater le degré d'écoute de ces auditeurs attentifs.
Le pari était gagné. Les organisateurs de ce défi osé, non seulement étaient satisfaits mais qui plus est, se promettaient de nous faire revenir à la première occasion. Quand au public, il se montra chaleureux ; nombreux étant ceux qui vinrent dire leur plaisir à avoir été embarqués dans notre univers. Quelle grande joie !
Nous avions eu le bonheur de recevoir une invitation des marins du musée d'Auvillar ; un billet de votre serviteur ayant créé un lien qui ne demanda qu'à s'épanouir. C'est à l'initiative de la secrétaire, dame Michèle, que cette idée folle germa. Pour donner un peu de corps à cette aventure lointaine, je sollicitai une maison de retraite à Montauban où j'avais mes entrées et l'accord fut donné sans difficulté.
C'est ainsi que naquit ce que nous appelons, avec un peu d'auto-dérision, notre tournée dans le Tarn & Garonne. L'essentiel est ailleurs : nous savons désormais que notre spectacle présente des chansons originales avec des textes ayant un sens et racontant quelque chose, sur des mélodies simples, entraînantes avec une petite rengaine dont on se souvient aisément, complétées par des contes et des explications fonctionnelles. Tout cela touche, émeut, ouvre les esprits et les cœurs.
Nous avons fait le choix de quitter radicalement l'univers de la chanson de marin ; nous ne faisons pas dans le folklore de pacotille. Notre spectacle est un voyage en histoires, un récit fait de chansons et de Bonimenteries qui peut se décliner n'importe où. Les réserves sont tombées : la Loire n'est plus notre terrain de jeu exclusif. Nous sommes prêts à reprendre la route ; n'hésitez pas à nous contacter !
Promotionnellement mien.