« Vieux Con » Christophe Alévêque en pleine lucidité au Rond-Point
par Theothea.com
jeudi 24 mars 2022
Bienvenus au Club !.. C’est Christophe Alévêque qui nous y convie et c’est également lui qui nous régale ! S’auto-proclamant sans vergogne « Vieux Con » tout en y ajoutant néanmoins la qualification judicieuse de « moderne », voilà l’artiste habillé pour les saisons à venir qui succèderont, espérons-le, à celles du Covid.
Car, c’est bel et bien aux multiples confinements que nous devons son nouveau spectacle issu lui-même, préalablement, d’un livre que l’humoriste a publié à la suite d’une accumulation de notes rédigées durant ces périodes de cloisonnement subies de par le monde entier.
Cependant comme les gouvernements de chaque pays de la planète géraient chacun à leurs manières spécifiques la pandémie, c’est bien du ressenti au sein de l’hexagone dont il est question à l’origine de l’effarement rétroactif qui s’est emparé de Christophe Alévêque face à la soumission et la résignation de ses compatriotes obtempérant à n’importe quelle injonction disciplinaire.
Acceptant volontiers a posteriori le titre de meilleure vigie ayant pris d’emblée ses distances avec l’acceptation générale des vérités toutes faites distillées au fil des jours par le biais des médias de tout poil y compris bien sûr des réseaux sociaux, voici le saltimbanque rebelle prêt à remonter, pour notre clairvoyance, le fil d’un temps carcéral encore si proche mais pouvant sembler complètement désuet sous nos éclats de rire actuels et d’autant plus mal contenus que celui-là pourrait fort bien subrepticement nous revenir à nouveau en boomerang.
D’emblée, il nous annonce que son fils de 2 ans dort dans les coulisses alors que le père est désemparé à la perspective d’explications qu’il s’attend devoir bientôt apporter au rejeton pour rétablir un sens cohérent au monde qui l’entoure et dont les valeurs paraissent s’être retournées contre elles-mêmes.
La société étant en proie aux nuisances de « l’effet inverse » c’est-à-dire celles qui aboutissent au résultat dont les décideurs sont censés la protéger : « Plus on diabolise la violence, plus elle augmente. Plus on parle d’une cité tolérante, plus l’obscurantisme se développe etc… », il serait donc peut-être grand temps d’en déplacer le curseur normatif.
Ainsi l’empire de la bien-pensance s’est-il peu à peu constitué insidieusement en rempart de l’ordre moral et du manichéisme systémique obligeant le citoyen Alévêque à entrer en résistance contre le « prêt à penser » panurgique et à revendiquer, en contrepartie, la nécessité plus que jamais de l’esprit critique face notamment à la parole infantilisante de l’Etat mais tout autant qu’aux complotismes de tous bords.
Retournant la veste du « Vieux Con » réactionnaire qu’il avait toujours abhorrée pour assumer celle qu’on continue de lui coller sur le dos en la sublimant par lui-même de l’effigie de la modernité, le voilà prêt au combat contre l’univocité et tous les dictats quelles que soient leurs provenances.
Il ira même jusqu’à prôner la nécessité théorique du « n’importe quoi » salvateur car adapté légitimement à l’échelle humaine en absolu besoin de soupape pour se libérer de tous les carcans arbitraires.
Son leitmotiv désormais est simple : « Et nous, on veut continuer à danser encore ! Voir nos pensées enlacer nos corps… » et c’est ainsi que l’homme de scène invite le public au final à entonner cette profession de foi envers un avenir si possible prometteur.
Son spectacle est parfaitement abouti et constitue sans doute l’un de ses shows les plus pertinents… se présentant, en définitive, comme essentiellement fédérateur.
photos 1 & 2 © Giovanni Cittadini Cesi
photos 3 à 5 © Theothea.com
« VIEUX CON » - ***. Theothea.com - de Christophe Alévêque - mise en scène Philippe Sohier - avec Christophe Alévêque - Théâtre du Rond-Point