Vive « Hélas » de & avec Stéphanie Tesson

par Theothea.com
jeudi 25 février 2010

Récemment en prélude à « La traversée de Paris », Francis Huster expliquait qu’il est capable de se reconcentrer dans l’instant d’après quelconque incident au cours d’une représentation qu’il pourra, ensuite, poursuivre de l’endroit même où il a été interrompu, comme si de rien était.

Non seulement, Stéphanie Tesson est en mesure d’appliquer ce réflexe professionnel, en temps réel, mais elle peut s’y impliquer de manière encore plus radicale.

L’autre soir, jonglant d’une main avec le masque de la mort avec lequel, sur la scène du Théâtre Artistic Athévains, elle dialogue par personnages interposés, soudain la comédienne se figeait, telle une silhouette du Musée Grévin, alors qu’au fond des gradins une spectatrice s’étouffait avec un bonbon, sans que, pendant de longues minutes, il n’ y eut d’autre espoir à formuler, pour sa survie, que le rejet du corps étranger.

Impressionnante dans sa posture momifiée, Stéphanie Tesson tenait la pause muette qui pouvait ressembler à l’éternité avec laquelle elle flirtait l’instant d’avant le suspens et dont elle prolongerait la dialectique, à l’issue de l’évacuation de la spectatrice, lorsque celle-ci aurait, enfin, réussi à expulser l’intrus.

Ce dédoublement d’une perception de la vie en question, le temps de l’incertitude du destin, pourrait, fort bien, s’apparenter à l’illustration surréaliste d’ « Hélas », ce petit chose candide tiraillé, entre autres, par « Not to be » et un « Zizi d’époque ».

Ecartelé entre le nihilisme et l’immortalité, entre le désir de rien et l’accroissement infini, l’initiation à l’Amour pourrait jouer des tours pendables à celui qui n’ y prendrait garde, en faisant par exemple un enfant dans le dos de la grande faucheuse.

Assise derrière une table d’opération à entendement ouvert, Stéphanie s’y révèle à la fois illusionniste, marionnettiste, mime, conteuse et contorsionniste de la pensée métaphysique.

S’y ajoute une propension à l’octosyllabe structuré en cheval de bataille que la nourrice, le commissaire priseur, l’écrivaillon, le tenancier, les deux docteurs Es Toupidos, le bébé squelette et monsieur Touchela vont magnifier au regard de l’ingénu se questionnant dans le tourment : « to be or not to be ? »

Cette petite épopée apocalyptique réglée à la gestuelle près par Anne Bourgeois projette Stéphanie Tesson au royaume des très grandes, telle une Zouc de composition qui aurait l’avantage de pouvoir quitter l’orbite sidérale.

photo © Marion Duhamel 

HELAS - *** Theothea.com - de Stéphanie Tesson - mise en scène : Anne Bourgeois - avec Stéphanie Tesson - Théâtre Artistic Athévains

 


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