Dimey, c’est oł Syracuse ?
par Taverne
jeudi 18 août 2011
Dimey, dis-mais donc quand c'est qu'on verra Syracuse ? Tu sais bien cet endroit dont t'as fait une chanson pour Henri Salvador. Dimey, dis mais quand verra-t-on la Syracuse de ta chanson ? Il m'a répondu : Même "si tu me payes un verre", "je ne dirai pas tout". Et il ajouta : Tu sais, "Je ne suis roi de rien, je règne sur le vent. Sur des chemins perdus, sur des sables mouvants..." J'ai compris que Syracuse était le fruit de son imagination débordante...
Qui connaît Bernard Dimey, l’auteur de la si célèbre chanson Syracuse ? Allez ! Je vous la remets en mémoire ?
Paroles de Bernard, Henri, Levy
SYRACUSE
(paroles de Bernard Dimey / Musique d’Henri Salvador)
J’aimerais tant voir Syracuse
L’île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s’amusent
A glisser l’aile sous le vent
Voir les jardins de Babylone
Et le palais du Grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji Yama
Voir le pays du matin calme
Aller pêcher le cormoran
Et m’enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent
Avant que ma jeunesse s’use
Et que mes printemps soient partis
J’aimerais tant voir Syracuse
Pour m’en souvenir à Paris
Avouez qu’il faut quand même avoir pas mal fumé pour écrire un texte pareil, non ? Bernard Dimey est mort la même année que Brassens, en 1981, quelques mois seulement avant Georges. Dimey aura donc connu le Dix mai. Désolé ! Pas pu m’empêcher…
Bernard Dimey a aussi écrit pour d’autres grands noms de la chanson. « Mon truc en plume » pour Zizi Jeanmaire. « Si tu me payes un verre« , « Les seigneurs » pour Serge Reggiani. « Fredo« , « Le quartier des Halles » pour Les Frères Jacques. Pour Mouloudji : « Un soir au Gerpil« . Pour Catherine Sauvage : « J’ai tout vu« . Et d’autres encore pour Yves Montand, Charles Aznavour, Patachou, Juliette Gréco, Jean-Claude Pascal. Et, on l'a dit, pour Salvador : Syracuse, et d'autres comme "La crucifixion".
Ou encore ici Michel Simon chante "Mémère".
« Mettre sa nuit en lumière »
Pour Bernard Dimey, la poésie c’est « mettre sa nuit en lumière ». Cette belle métaphore de Jean Cocteau, il la reprend à son compte dans les poèmes du « Milieu de la nuit » (Editions Christian Pirot 2002). Dans ce recueil, on trouve notamment « Roi de rien » qui a été mis en musique par mon ami suisse Stéphane Bersier, lequel chante aussi certaines de mes chansons. (voir son site). Album « Imposteur » (1er titre).
Le petit Bernard fut élevé à Nogent avant de s’installer comme peintre sous le nom de Zelter à Montmartre. De bistrot en bistrot, il écrit des chansons, et des poèmes qui ressemblent furieusement à des chansons. Il fréquente poivrots, putes, truands, artistes, tout cela dans l’ordre que vous voudrez. Il écrit aussi pour le cinéma.
Ecoutez encore !
A lire :
Lire quelques textes de chansons de Bernard Dimey.
Lire quelques poèmes de Bernard Dimey
Roi de rien
Je ne suis roi de rien, je règne sur le vent,
Sur des chemins perdus, sur des sables mouvants,
Sur d’anciens châteaux-forts et sur des cathédrales
englouties.
Je suis roi d’un soleil qui se meurt comme il peut,
J’ai l’air d’un vieux volcan refroidi peu à peu,
Je crois que ma parade à grands coups de cymbales
est finie.
Je ne suis roi de rien, ma couronne est en bois,
C’est scandaleux bien-sûr, c’est de mauvais aloi,
Je ne suis rien roi de rien mais je suis roi quand même
car je t’aime.
Alors le monde entier peut s’écrouler d’un coup,
J’ai le droit d’être pauvre et le droit d’être fou.
Je suis esclave et roi, je n’ai pas de problèmes
si tu m’aimes.
Je ne suis roi de rien que de mon avenir,
Qui n’est déjà plus rien qu’un désastre à venir,
Et l’intérieur de moi n’est plus qu’un paysage
en délire,
Je ne suis roi de rien, je suis comme un enfant
Qui reconstruit le monde en écoutant le vent.
Il ne me reste plus, je crois, que le courage
de te dire
que je t’aime
Je ne suis roi de rien mais je suis roi quand même
si tu m’aimes
encore un peu …
(Bernard Dimey)