Fonction publique : les CMIFP, ce filet invisible qui sauve les carrières fragilisées

par Antoine Christian LABEL NGONGO
mercredi 2 juillet 2025

Peu connues du grand public, les Commissions de mobilité inter-fonctions publiques (CMIFP) accompagnent les agents dont la santé ne permet plus d’exercer leur métier. Une reconversion humaine et solidaire, loin de la mise à l’écart.

Changer de voie, sans quitter le service public

Maître-nageur devenu animateur social, agent administratif reconverti dans un hôpital… Ces reconversions ne doivent rien au hasard. Elles sont le fruit d’un dispositif encore discret mais porteur d’espoir : les Commissions de mobilité inter-fonctions publiques (CMIFP). Créées pour accompagner les agents publics fragilisés par un problème de santé, ces commissions locales offrent un cadre de soutien pour éviter la désinsertion professionnelle et favoriser des transitions choisies et encadrées.

Un accompagnement concret et interinstitutionnel

Expérimentées dans quatre territoires pilotes (Clermont-Ferrand, Territoire de Belfort, Annecy, Dijon), les CMIFP réunissent référents handicap, conseillers mobilité, et chargés de maintien dans l’emploi. Leur mission : étudier les situations d’agents déclarés inaptes à leur poste, puis proposer des alternatives concrètes :

- immersion dans un autre service,

- stage de reconversion,

- changement de versant (État, hospitalier, territorial),

- voire reconversion complète.

Un travail collégial et personnalisé qui replace l’agent au centre du processus.

Un enjeu humain et social majeur

Avec le vieillissement de la population active, la multiplication des maladies chroniques ou des troubles musculo-squelettiques (TMS), les risques d’inaptitude augmentent. Sans accompagnement, ces situations peuvent mener à des arrêts longue durée, voire au licenciement pour inaptitude.

Les CMIFP veulent briser cette spirale. Leur objectif : maintenir les agents en emploi, dans des conditions adaptées à leurs capacités, en valorisant leurs compétences plutôt qu’en les mettant de côté.

Un dispositif encore en rodage

Si les premiers bilans sont encourageants, des défis demeurent. Certaines commissions, comme celle d’Annecy, peinent à mobiliser tous les partenaires locaux (employeurs, médecine du travail, syndicats). Les dossiers traités sont aussi complexes : situations médicales lourdes, ruptures de parcours, manque de postes adaptés…

Malgré ces freins, le potentiel est là : les CMIFP ont permis des dizaines de reconversions réussies depuis leur création, prouvant que la solidarité institutionnelle peut porter ses fruits.

Le rôle moteur du FIPHFP

Cet acteur-clé du dispositif, le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) finance les CMIFP via le programme Handi-Pacte. Il soutient leur essaimage, anime les réseaux régionaux, et veille à la diffusion des bonnes pratiques.

Pour le FIPHFP, l’enjeu est double : garantir le droit à l’emploi pour les agents en situation de handicap (ou assimilés BOE) tout en luttant contre les inégalités de traitement entre versants de la fonction publique.

Un avenir à construire

Alors que les enjeux de santé au travail, de prévention de l’exclusion et d’inclusion professionnelle deviennent centraux dans le secteur public, les CMIFP apparaissent comme un outil innovant, humain et pragmatique. Leur généralisation pourrait devenir un levier fort pour transformer durablement la gestion des ressources humaines dans la fonction publique.

« La CMIFP m’a évité l’arrêt définitif. Aujourd’hui, je me sens utile dans mon nouveau poste, avec des collègues qui comprennent ma situation. » – Témoignage d’un agent reconverti dans la territoriale.


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