Ceux qui m’aiment prendront le train ?

par Omnibuzz
mercredi 12 novembre 2008

Un ministre de l’intérieur doit-il pour exister se fabriquer un ennemi intérieur ?

Bizarre, bizarre, cette histoire de complot terroriste fomenté par une ultra-gauche mâtinée d’anarchisme.

On nage dans la confusion. On voudrait fabriquer un bouc émissaire qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Cette histoire de sabotage, a, comment dire, comme un vieil air de déjà vu. Vous y croyez, vous ? On dirait un mauvais scénario écrit à la va-vite. A qui profite le crime ?

A en croire les déclarations de Michèle Aliot-Marie, tout est bien qui finit bien et les vilains anarchistes, dignes de la bande à Bonnot, sont désormais sous les verrous. Ouf, la France respire. Les trains à nouveau arriveront à l’heure.

Selon le Nouvel obs, « dix personnes "appartenant à l’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome" étaient toujours en garde à vue mercredi matin dans le cadre de l’enquête sur les actes de sabotage qui ont visé des caténaires SNCF ces derniers jours, a-t-on appris de source policière…Au total, quatre hommes et six femmes ont été interpellées. Ces personnes, sans profession véritable, ont été interpellées dans le XXe arrondissement de Paris, à Rouen (Seine-Maritime), dans la Meuse près de Nancy (Meurthe-et-Moselle) et à Tarnac (Corrèze) où se trouve le noyau dur du groupuscule, qui ne porte pas de nom mais est proche de militants écologistes allemands ».



 
Sans profession véritable ? Ce ne serait pas plutôt des intermittents de la société du spectacle ? Vous avez vu, en plus d’être de dangereux gauchistes et des anarchistes irresponsables il y a aussi des verts. Et allemands, en plus. Au lendemain des commémorations du 11 novembre, ça la fout mal…
Et chaque spécialiste de donner son avis sur l’affaire. Selon Christophe Bourseiller, qui a notamment commis un livre sur l’extrême droite, « ce courant ne représente que “300 ou 400 personnes” en France, âgés de 25 à 35 ans. Une nouvelle génération qui prend la suite des groupes des années 70-80 » souligne France Info.
 
Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite lui aussi s’exprime aussi dans cette vidéo :

Le controversé Xavier Raufer qui fut un temps proche de l’extrême droite et qui enseigne aujourd’hui à la fois à l’école de police de chine ainsi qu’à l’université Panthéon Assas (vous avez dit « confusion » ?) estime qu’il s’agit d’ « illuminés, si tant est que ce soit bien eux. Nous vivons dans une société nocive et perverse. Elle est fondée sur le mouvement. On s’en prend à ce qui bouge […] Ensuite, « même un imbécile » peut arriver à saboter un train […] Selon Raufer, on trouve la méthode « sur Internet…Ceci n’enlève rien à sa dangerosité pour le saboteur. « Quand nous intervenons sur les caténaires, le courant est coupé et nous avons des protections », rétorque un agent caténaire, selon qui il faut de solides connaissances en électricité pour pratiquer ce genre d’opération. « Les lignes sont à 25 000 volts. Si on s’approche trop près ou que la barre isolante qui permet de poser le crochet n’est pas efficace, c’est la mort » a expliqué l’éminent spécialiste à Libération qui a bien changé pour faire appel à de pareils pistoleros pour commenter l’actu.
 
Quant à Olivier Besancenot qui a pris ses distances avec le soi-disant groupuscule terroriste, il a dans les Echos assez bien résumé la situation : « Nous voulons plus de trains, pas moins de trains. Les cheminots et les usagers ont déjà assez à faire avec les saboteurs venus de la direction de la SNCF, du gouvernement et de l’Union européenne qui font reculer le service public ferroviaire […] à qui profite le crime », se demande t-il. Bonne question.
 
La Sncf a déjà essuyé une série de pannes au mois de septembre. Selon Guillaume Pépy lui-même, le directeur de l’entreprise ferroviaire, ces pannes n’avaient rien à voir avec de quelconques actes de vandalisme (voir le Point du 10 septembre).
 
Alors on peut s’interroger. Ces saboteurs sont pistés par les renseignements généraux depuis le printemps. Pourquoi ces derniers les ont-ils laissé commettre les actes de vandalisme du week-end dernier s’ils savaient qu’ils étaient coupables ? En quoi, si les individus étaient connus des services de police, les traces d’ADN trouvés sur place sont-ils probants ? Comment ces individus ont-il pu commettre de tels actes qui nécessitent de bonnes connaissances techniques, même si par ailleurs, comme on l’entend affirmer ici et là, on trouve les recettes sur Internet ? A qui profite le crime ? A la Sncf ?
 
Pourquoi enfin relancer la bonne vieille idée d’un ennemi intérieur, d’un bouc émissaire ? Le genre de bouc émissaire qu’on renvoyait par le train, quand ceux-ci n’avaient pas de caténaires.
 
Dernière minute : « Un train express régional (TER) Caen-Tours a été stoppé mardi en fin d’après-midi à hauteur de la commune de Vingt-Hanaps près Alençon (Orne) après avoir percuté une plaque de béton qui avait été disposée sur la voie, a-t-on appris auprès des gendarmes qui ont ouvert une enquête ».

Que fait la police ? **
 


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