Des pur-sang à la plage

par Fergus
vendredi 28 juin 2013

Dimanche 30 juin à 14 h 30 se tiendra une réunion hippique. Rien d’étonnant, il y en a tous les jours en divers lieux de notre beau pays. À cette différence près que celle-ci sera organisée, non sur un hippodrome traditionnel, mais, le temps d’une marée, sur une piste éphémère et insolite...

L’été, on trouve de tout à Plestin-les-Grèves, sur la plage de Saint-Efflam : des baigneurs, des coquillages, des nitrates, des algues vertes induites par ces nitrates, et des tractopelles pour ramasser ces algues vertes. On y trouve même, une fois par an, des chevaux de course venus tout exprès en découdre sur le sable, montés par des jockeys ou menés par des drivers dont les casaques d’écurie apportent à ce décor naturel une touche bigarrée des plus seyantes.

 Le cadre de cette étonnante réunion hippique : la partie ouest de la Lieue de grève, ainsi dénommée parce qu’elle déroule sa plage sur près de 4 kilomètres entre les communes costarmoricaines de Plestin-les-Grèves et Saint-Michel-en-Grève. D’un côté, la Corniche de l’Armorique ; de l’autre, les falaises de Tredrez ; en arrière-plan, l’île Milliau, sentinelle sud de la Côte de Granit rose. On est ici bien loin des infrastructures fonctionnelles des hippodromes de Longchamp et de Vincennes, du prestigieux décor historique de celui de Chantilly, ou du chic assumé de celui de Deauville.

 Insolites, ces courses disputées sur le sable de Saint-Efflam, le sont bel et bien. Mais contrairement à ce que croient nombre de curieux, elles ne sont pas nées récemment d’une initiative marketing de l’Office du Tourisme local, en mal d’animation. Les premiers galops de pur-sang sur la grève de Plestin remontent en effet à 1828 à l’initiative d’un noble breton, le marquis de Kergariou, lui-même éleveur de chevaux de course à Paris. Soutenue par le Conseil général, cette réunion avait pour objectif de tester, sur un parcours de 4 000 mètres, les chevaux des propriétaires de la région en vue de faire concourir les meilleurs champions lors des réunions royales.

 Quelques années plus tard, les trotteurs s’ajoutent aux galopeurs. Le temps passe, et le succès ne se dément pas. Il est vrai que nous sommes là dans une région où le cheval est roi, avec un effectif de plus de 200 000 têtes réparties entre Côtes-du-Nord et Finistère. Un succès qui culmine durant la Belle Époque et qui réussit à survivre à la terrible épreuve de la Grande Guerre.

 De nos jours, les courses de Plestin restent l’un des évènements les plus spectaculaires et les plus esthétiques de la région. Organisées par la Société des Courses et un collectif de commerçants locaux avec l’aide de la municipalité, elles offriront, pour leur 185e édition le dimanche 30 juin, l’occasion d’une sortie originale dans l’ambiance iodée et tonique de la Lieue de Grève, avec au programme 8 courses de galop et de trot.

 Une sortie pour petits et grands, la « Fête des courses » offrant aux enfants de nombreuses distractions, bien loin de l’ambiance des hippodromes parisiens, parfois enfiévrée à l’excès et marquée par les comportements dégradants de certains joueurs compulsifs. À Plestin, l’on vient avant tout pour le spectacle des chevaux sur l’hippodrome marin*. Et que l’on gagne ou que l’on perde quelques euros joués pour pimenter les courses, on finira en buvant une bolée de cidre pour accompagner l’incontournable galette-saucisse.

 

 

Il n’existe que 4 hippodromes marins en France, tous implantés sur des plages de la Manche : Jullouville (50), Lancieux (22) et Plouescat (29).

 


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