Du Pétrole sous les sabots

par olivier cabanel
lundi 9 novembre 2009

Les chevaux n’en finissent pas de nous passionner : Ils font et défont des fortunes et la vente des meilleurs d’entre eux atteint des sommets. Et voilà qu’ils arrivent dans un domaine où on ne les attendait pas : l’énergie

En effet, on a appris par un communiqué de presse qu’un projet ambitieux vient d’être lancé.

A Chantilly vivent en permanence 3500 pur-sangs, et après avoir bien galopé, et s’être nourris, ils nous laissent en héritage ces fameux crottins, traqués par les jardiniers qui les considèrent comme un royal cadeau de la nature. lien

Hélas, cela coute cher aux exploitants des écuries.

L’enlèvement des 30 000 tonnes du fumier sur paille de blé produits par les chevaux se fait au prix de 15€ la tonne, soit 450 000 euros par an.

Auparavant, ce fumier était recherché pour la production des champignons de Paris, mais délocalisation oblige, il ne trouvait plus beaucoup de preneurs.

Alors un projet voit le jour : une usine de méthanisation est en train de se construire et va couter 17 millions d’euros lien, malgré la contestation de quelques hurluberlus.

Elle va produire de l’électricité, laquelle sera revendue à EDF, et de la chaleur. lien

Cette chaleur va être utilisée pour sécher les 12000 tonnes de fumier sur copeau de bois, et permettra de les transformer en granulés utilisables dans les chaudières.

Rien de si nouveau sous le soleil :

Si vos sorties vous emmènent un jour en haute Maurienne, à Bonneval sur Arc, vous découvrirez empilés contre les murs des vieilles maisons, d’étrange plaques dures et sèches, qui ne dégagent aucune odeur. lien

Pourtant il s’agit de bouses de vache séchée, devenues dures comme du bois, et que les villageois utilisent pour se chauffer.

Cette utilisation de bouses de vache comme combustible se pratique dans le monde entier, en Mongolie par exemple. lien ou au Pérou, mais aussi en Bretagne, ou en Vendée.

C’est ce qui a dû inspirer des chercheurs de l’université de l’Ohio.

Ils étaient à la recherche d’un matériau capable de produire assez d’énergie pour recharger les piles d’un baladeur.

Auparavant, c’est l’hydrogène qui était le combustible idéal pour ces batteries, mais il est d’une manipulation complexe.

Ils se sont donc tournés vers la bouse de vache. lien et lien

Mais revenons à nos chevaux.

Un cheval produit 8,57 tonnes de fumier par an.

Or, selon des sources officielles (lien) 1 tonne de fumier produit 92,8 mètres cubes de biogaz.

Lorsque l’on sait que dans notre pays nous avons un cheptel de 500 000 chevaux, lesquels produisent donc 4 285 000 tonnes de fumier, ce qui correspond à 397 millions de mètres cubes de biogaz, et des milliers de mètres cube d’eau chaude.

Pour ceux qui s’inquièteraient de la disparition de cet engrais si performant qu’est le fumier de cheval, il convient de les rassurer, puisqu’une fois l’énergie produite, la gadoue qui reste est encore un très bon fertilisant.

La même opération peut se pratiquer avec le fumier des vaches.

Des unités de production de méthane existent dans le monde entier, comme par exemple cette installation indienne. lien

En effet, la ferme de Narayan Reddy, à coté de la ville de Bangalore, au sud de l’inde, est dotée d’une installation produisant du biogaz, et des engrais avec la gadoue qui reste lorsque tout le méthane a été produit.

Aux Etats Unis, on est arrivé au constat que treize vaches produisent toute l’électricité nécessaire pour une maison. lien

Lorsque l’on sait qu’une vache produit environ 10 tonnes de bouse chaque année, et que la France compte aujourd’hui 7,6 millions de vaches, on imagine quelles retombées énergétiques seraient possibles dans notre pays.

Une production annuelle de 76 millions de tonnes de fumier de vache, mise en méthanisation permettrait d’assurer la fourniture d’électricité pour près de 600 000 maisons en France.

Comparé au 14 millions de maison individuelles existant en France, ce n’est pas négligeable, d’autant que les centrales à méthane produisent aussi de l’eau chaude.

On le voit, les énergies renouvelables ont de beaux jours devant elles, surtout si parallèlement on se décide à appliquer le coefficient de 0,6 aux habitations et aux locaux d’entreprise, lequel permettrait de diminuer d’un cinquième notre consommation énergétique.

Alors comme disait un vieil ami africain :

« Au lieu d’offrir du poisson à celui que tu veux aider,  apprends-lui plutôt à pêcher »


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