L’inéluctable départ …

par C’est Nabum
mercredi 2 octobre 2013

Une histoire si banale

Quand le nid se vide.

Nous avons construit un nid douillet, un nid plein d'oisillons qui ne demandaient qu'à prendre leur envol. Ils nous ont enchantés par leurs premiers coups d'ailes. Leurs premiers pas, leurs premières dents, leurs premières journées à la crèche, à la maternelle, en primaire, au collège, au lycée.

Nous avons eu, bien sûr, de jolis coups de becs, des ailes froissées, des tempêtes et des tourments : des maladies infantiles, des hospitalisations inquiétantes, des problèmes chroniques avec lesquels il faut s'adapter. Chaque étape fut bonheur et heurts ; des difficultés scolaires pour des parents jamais contents, de belles réussites aussi ! Chaque jour avait son lot de sourires et de dents qui grincent.

L'éducation est un long chemin parsemé de fleurs et d'autant de cailloux. Il faut suivre son chemin vaille que vaille, on se trompe souvent, nul ne le parcourt en ligne droite. On s'égare, on se perd, on se retrouve. Les enfants grandissent, ils tracent de plus en plus souvent leur propre itinéraire mais finissent toujours par revenir au nid.

La table demeure un long moment le temps des retrouvailles. Puis au fil du temps, le nombre d'assiettes varie. Parfois elles sont plus nombreuses, des amis, un petit copain, une bande joyeuse, un jour anniversaire. D'autre fois, il en manque un à l'appel, une invitation, une envie d'ailleurs, l'indépendance qui pointe son nez.

Puis trop souvent il n'y a plus que deux assiettes. Il faut vivre avec ces absences, se faire à l'idée que la maison aussi se videra de leurs présences. Cela vient aussi, entre allers-retours et aller sans retour ! La faculté, l'école, les premiers stages, les premières vacances sans les parents, les premiers déménagements provisoires.

Le provisoire prend petit à petit des allures définitives. Les armoires se vident des traces de leur passage. Seule, encore un temps, la machine à laver se souvient qu'ils existent. Puis même ce coté si matériel disparaît ; les oiseaux ont quitté le nid !

Mais ils sont encore à portée d'aile. Un coup de fil, ils rappliquent sur l'heure. Ils gravitent dans le coin, ils n'ont pas encore effectué cette migration redoutée. Ils passent au hasard d'un besoin, d'un événement ou d'une envie. On les sait proches, on s'en contente. On les voit passer en coup de vent, on s'en accommode.

Puis le vrai déménagement arrive. Un changement de région, une distance qui s'impose à tous. Un vide qui n'est pas que celui d'un lit, d'une assiette ou d'une armoire. Il faut s'y préparer, il faut accepter ce choix pour un autre, un voleur de fille qui a le mauvais goût d'habiter bien loin ! On fait semblant de lui en vouloir, au fond on savait que cela allait advenir.

Et cela va venir. Bientôt, trop bientôt, elle sera partie, elle vivra sa vie bien loin de ses parents. C'est là-bas qu'elle construira son nid. La vie continue, le relais est passé, nous ne serons plus que les témoins lointains de cette autre nichée qui ne manquera pas d'arriver. C'est du moins ce qui nous permet d'accepter cette évidence.

Il faut alors vivre en tête à tête le reste de notre âge jusqu'à ce la camarde vienne faire sa terrible besogne. Il faut supporter le vide. Le tumulte ne sera bientôt qu'une exception rare. Nous serons un jour, invités chez l'un ou l'autre. Nous ferons à notre tour des allers-retours tant que l'on voudra bien de nous.

Cette histoire est banale, elle est le lot de tous. Elle n'en demeure pas moins un tournant capital, un virage pour la dernière ligne droite. On l'espère longue et paisible, mais de ça, rien n'est moins sûr. Seule l'issue est connue. Bonne route à toi ma fille !

Nidificationnement leur


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