Le bonheur : de l’Orient à l’Occident

par
lundi 26 février 2007

GOLD... IL S’APPELLE GOLD... David GOLD, et Tirupati, il adore... Du producteur au consommateur une affaire en « or », une affaire en « gold » je dirais même... Non, il n’a pas inventé les extensions, qui est bien une invention des Egyptiens, mais sa technique lui a permis une petite révolution auprès de la gent féminine qui, grâce la pose d’extensions quasi invisible par l’intermédiaire des coiffeurs, peuvent obtenir la coiffure de leurs rêves.

Il faut une fois de plus médiatiser Mister Gold, qui est à la tête d’une des plus grandes multinationales du monde, 800 kg d’extensions de cheveux pour 150 millions d’€, de père britannique et de mère italienne, il s’en va direction Rome et c’est là qu’il réalise son coup de maître. Il faut savoir aussi que Monsieur Or possède des usines en Tunisie, et en d’autres points très stratégiques pour le commerce.

De quelle manière ? Disons que dans le monde, certaines croyances, rituels, cultures et traditions ne laissent pas indifférent en terme de gains, et pour Gold, ce sera l’Inde, aidé par son émissaire qui aussi vante ce business.

L’Inde, c’est un milliard d’habitants et donc le deuxième pays au monde le plus peuplé, après la Chine.

Et puis en Inde, c’est aussi des femmes aux longues chevelures, qui à chaque pèlerinage au temple le Tirupati, se laissent docilement raser la tête pour la modique somme de 15 roupies, le prix d’un repas indien. Bien entendu la tonsure, elle, est payante et non l’inverse.

Des pélerinages, nous connaissons Lourdes, la Mecque, mais jamais ils ne réuniront autant de pèlerins que ce temple de Tirupati qui est dans la zone de Chittoor d’andhra pradesh. Il est le plus célèbre pour son temple de Sri Venkateswara consacré à Vishnu, également connu sous le nom de Balaji.

Le temple est situé sur des collines de Tirumala, alors que la ville est située sur les collines et a acquis une sainteté spéciale dans la religion hindoue. Les avantages qui s’accroissent par un pèlerinage à cette ville sainte sont mentionnés dans le Vedas et le Puranas. Les hindous croient partout dans le monde que dans Kali Yuga il est possible d’atteindre le mukti seulement en adorant seigneur Venkateswara. Autour 50.000 pélerins visitent le temple chaque jour.


Ainsi, dans le temple de Tirupati, 700 barbiers rasent tous les jours 20.000 têtes et 4 millions de pèlerins offrent leurs cheveux chaque année. Les 200 tonnes de cheveux collectées chaque année à Tirupati engendrent 5 millions.

Un salon de coiffure parisien pose chaque année jusqu’à 800.000 extensions, facture environ 1.000 € pour une tête avec 150 extensions et réalise un chiffre d’affaires de près de 10 millions d’€, chiffre d’affaires qui double tous les trois ans.

Le salon de coiffure reçoit donc des créatures de tous âges, qui se laissent tondre à même le sol. On noue la chevelure a l’aide d’un élastique afin d’obtenir une tonsure uniforme, alors que des mains discrètes les emportent et les jettent dans un panier.

Pourquoi cette pratique, cette croyance ? Les unes diront que Dieu leur a donné un fils, les autres parce qu’elles demandent au dieu qu’il amène la prospérité de leur petit commerce, où encore parce que marier leur fille dans l’année est une bénédiction et qu’un désir de remercier dieu d’avoir exaucé leur vœux les anime.

Les cheveux ainsi récoltés sont soigneusement emballés dans des cartons qui transiteront en Europe où ils seront traités dans des usines afin de modifier leur coloration par un procédé de dépigmentation rendant le cheveux blanc. Ensuite, à partir d’une gamme de couleur de base, sera injecté un pigment de cette même couleur. http://www.alexandreandbe.com/fr/histoire_cheveux.php

Il arrive cependant que quelques mèches noires rebelles à la dépigmentation occasionnent des pertes, ce qui n’est pas dans l’intérêt de monsieur Or, le but étant d’obtenir une uniformité de la couleur, qu’elle soit aussi naturelle que possible par souci du rapport qualité/prix.

Alors, toutes les extensions dépigmentées présentant une telle anomalie sont à nouveau empaquetées et retournées en Inde où des ouvrières les traiteront avec minutie, en enlevant les mèches noires ou brunes qui les rendent invendables. Il faut remarquer que Gold en Inde c’est aussi 250 emplois, mais qui peut préjuger en terme de charge et de salaire ?

Ces ouvrières sont choisies en fonction de critères bien précis, elle sont jeunes et aucune d’entre elles ne porte de lunettes. De plus, dans cette salle, elles travaillent à même le sol dans le silence total car parler n’est pas interdit mais il est recommandé de ne pas se laisser distraire. Comment le pourraient-elles d’ailleurs, avec ces masques qui leur couvrent la bouche par mesure d’hygiène ?

La chasse aux cheveux noirs une fois terminée, les extensions sont ensuite soumises au contrôle, si le travail ne convient pas, les ouvrières doivent le reprendre jusqu’à ce qu’aucune mèche noire n’apparaisse. Dans le cas contraire, les extensions repartiront en direction de l’Europe, ou plutôt l’Italie, afin de subir leur dernière transformation, la coloration, pour être enfin vendues dans les 25 000 salons de coiffure qui utilisent ce système...

Poser la question de la repousse des cheveux semble dénuée de sens en pensant à la population de ce pays, l’émissaire de Gold le précise bien d’ailleurs, l’Inde a de multiple richesses, et elles se pérennisent d’elles-mêmes.

L’émission « Reporter  » nous a rapporté ce film dans la nuit de vendredi 23 à samedi 24. Les journalistes ont réalisé ce film avec énormément de complications, l’interdiction de filmer par les autorités par peur du scandale, de la réputation de ce temple où les sujets sont commercialisés, mais ils n’ont pas renoncé à suivre le cheminement de la commercialisation des extensions. Malgré leurs dix arrestations, ils se sont mêlés à la foule qui dégage tant de paix et de sérénité. L’un d’entre eux pose une question fondamentale à une dame, qui venait de faire son offrande : « savez-vous ce que deviennent vos cheveux ? », question à laquelle elle a répondu par la négative bien entendu, comment le saurait-elle ?

Paradoxalement, dans l’un des nombreux salons de coiffure de Paris, une question à une femme qui laissait à peine deviner l’extension blonde à 900 € qui venait d’être implantée à sa chevelure, « à qui cela vous fait -il penser ? », elle secoue la tête, se regarde, et puis dit d’un air convaincant et très naturel « cela me fait penser à la poupée Barbie », surprenant, elle ne se pose pas même la question de savoir d’ou viennent ces extensions...

Sans doute le sujet pourrait-il faire l’objet d’un film bollywoodien, mais, pour l’essentiel,

APPRENONS QUE POUR LES INDIENS, LA TONTE DES CHEVEUX SYMBOLISE UN RENONCEMENT DE L’EGO, UNE BIEN BELLE SAGESSE EN TOTALE OPPOSITION AVEC LE NARCISSISME OCCIDENTAL.

Milla


Lire l'article complet, et les commentaires