Le bric-à-brac
par C’est Nabum
jeudi 10 avril 2025
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Un bric-à-brac dépourvu de brocs (brocanteurs professionnels) propose tout à trac et en vrac ce qui est patraque dans les demeures. Du tac au tac, le client maniaque ne craignant par l'arnaque se met en traque de la bonne affaire pour porter l'estoque à ses envies. Tout n'est pas toc dans cet espace baroque, il y a même un brick qui ne casse pas des briques et une barrique qui appartint jadis à un alcoolique endémique puisque issu de l'Armorique.
Le vendeur, quelle bourrique, tique avec aigreur ! Aurait-il des tics ? Il demande plus de picaillons que raisonnable. Le client l'astique, ce n'est pas pratique de porter à l'alambic un tonneau si antique. Le payer en liquide serait fantastique mais le vendeur fantasque veut un chèque en bois ; il doit être patraque ou démoniaque … Il tombe le masque, il a commis trop de frasques dans son histoire loufoque.
Question fric, le bric-à-brac, joyeux micmac, ne nous fait pas la nique. C'est économique pour les boulimiques de l'acquisition, sympathique pour les compulsifs du cumul, asymptomatique les sceptiques de la décroissance et du troc. C'est pratique pour s'encombrer d'un viatique plus chimérique qu'aphrodisiaque. C'est plus encore mirifique avec des yeux de l'enfant colérique qui faisant de nombreuses mimiques vérifie son pouvoir tyrannique avec son caprice satisfait.
Un vendeur anthropique débarque dans la fête. Il brade ce qui déballe, déballe son bonimenteur d'un ton hypnotique pour des acheteurs qui font la queue-leu-leu devant ce qui lui tient lieu de boutique. Tels des moustiques, les clients s’agglutinent, pris au piège de sa faconde drolatique. Son cirque ambulant échappe à tout critique, il a le chic pour que le toc devienne magnifique et de son verbiage anthropomorphique veut tondre bourriques et moutons.
Tout à trac tout se détraque. Un chineur rechigne quand le vendeur s'échine à refourguer un vase de Chine. Clique-claque, les deux s'attaquent quand le premier se braque. La foule s'esclaffe, les baffes s'échangent et le vase choit et s'éclate en mille morceaux. Tout ce qui est foutraque marque les esprits, le public rapplique, les curieux s’agglutinent.
Une maraîchine s'interpose pour recoudre les morceaux avec une machine à pédale. De fil en aiguille, le ton monte. On ne chinoise pas impunément lui répond le vendeur outragé. Piquée au vif la dame réplique du tac au tac, ce qui est normal dans un bric-à-brac. Le vase n'était qu'une cruche, la bourde se fait moins conséquente. Les esprits s'apaisent, le fautif sort son pèse pour que le vendeur lui rende la monnaie de sa pièce.
Devant tant d'objets caduques, ceux qui font la tournée des grands ducs, s'offusquent de la vétusté de la marchandise. Il y a des frusques, des fracs et des falzars, des fringues bastringues, des loques loufoques, des nippes classiques, des fripes fripées, et des sapes d'époque. Ils renvoient s'habiller les vendeurs qui prétendent les délester de leur flouze.
Plus loin, une clique égraine quelques notes. Des passants font la claque, un trompettiste lubrique astique ses pistons tandis que la musique se fait atonique. Le chef revendique une pratique authentique et souvent fantastique. L'acoustique de l'endroit rend anémique les efforts des artistes. C'est la panique quand ils entament un cantique pour des organisateurs laïcs. Les musiciens seront payés avec des berniques.
C'est un électrochoc. Le grand mastoc qui jouait de la grosse caisse les traite d'escrocs. Sous le choc de ce propos équivoque, le placier convoque les protagonistes. Il invoque cette musique qui adoucit les mœurs, propos équivoque pour un chef qui suffoque de rage. N'ayant pas de chapeau, il ouvre un pébroque tandis que quelques vioques y jettent de la menue monnaie. Belle provoque pour cette scène baroque.
Le bric-à-brac se détraque. Le ciel craque, les clients se débandent, les vendeurs se débinent, les affaires se défont. En dépit de prévisions météorologiques prophétiques les forces telluriques de l'orage sèment la panique pour une conclusion tout aussi dramatique que chaotique.