Les bus de Manhattan

par François Blocquaux
samedi 21 novembre 2009

Parisien depuis quelques années, j’utilise les bus de la RATP sur des liaisons « bourgeoises », : les conducteurs ne sont pas agressés, les véhicules ne sont pas caillassés, une certaine convivialité règne.
 
Cependant, quelle divine surprise, retrouvant New-York après 12 ans, de se replonger dans l’ambiance de ces bus up ou down, est ou ouest.
 
L’accès et la sortie s’opèrent par l’avant. Les entrants attendent patiemment que les partants aient vidé les lieux. Les handicapés et les personnes âgées bénéficient de facto d’une priorité. Les sièges qui leur sont réservés se libèrent sur le champ.
 
Et, comble de stupéfaction, TOUT LE MONDE PAYE SA PLACE, soit par carte, soit en liquide. Pas de resquille.
 
L’accueil par le chauffeur est cordial, voire chaleureux.
A preuve !
 
Je verse au débat, tel un ethnologue ayant fait la fouille du siècle, une lettre parue dans le courrier des lecteurs du New-York Times, le 26 octobre :
 
« Ceci m’est arrivé l’autre jour et je fus à ce point émue que je pense que tous les New-Yorkais doivent en être informés.
Je traversais Lexington Avenue pour prendre un bus qui allait vers le bas de la ville quand j’en aperçus un qui attendait à l’arrêt. Etant mal voyante et ayant une canne, j’ai essayé de marcher aussi vite que possible.
Quand j’arrivai à l’arrêt de bus, celui-ci était déjà parti.
J’attendais le prochain quand un homme s’approcha de moi.
« Puis-je vous aider à prendre le bus ? » me demanda-t-il.
« Il est déjà parti. » lui dis-je. « Il a tourné le coin, donc il est vraisemblable que le chauffeur ne vous permettra pas de me faire monter. »
« Je SUIS le chauffeur . » me dit-il.
Je réalisai alors qu’il avait laissé le bus et tous ses passagers qui attendaient afin d’aider une personne étonnée et reconnaissante à parcourir un demi pâté de maisons pour grimper à bord. »
 
Imaginez un instant les clameurs de protestations et le concert de klaxons du côté de Denfert-Rochereau dès lors qu’un conducteur s’aviserait de procéder de la sorte, et les violences verbales, préludant à des échanges plus musclés, s’il s’avisait de refuser l’entrée aux non-payeurs.
 

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