Les champignons, pourquoi faire ?
par olivier cabanel
lundi 4 novembre 2024
Sûr que cette question va en surprendre plus d’un, car pour tout un chacun, un champignon, çà sert surtout à se nourrir... ou à faire mourir !
Pourtant à y regarder d’un peu plus près, il y a tellement de choses à faire avec un champignon, dans des domaines très éloignée de la cuisine...ou des cimetières.
Comme chacun sait, tous les champignons sont comestibles... certains ne l’étant qu’une seule fois... mais ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont utiles dans d’autres nombreux domaines.
Les mycologues avertis connaissent probablement le livre de John Jaccottet, ce grand expert en la matière, et ont probablement découvert dans son livre « les champignons dans la nature » véritable bible des mycologues confirmés, toutes leurs utilisations.
En médecine par exemple, le champignon est utilisé plus souvent qu’à son tour.
L’ergot de seigle, dont on sait les propriétés hallucinogènes,(lien) le Polypore officinal, appelé aussi le Polypore du mélèze seraient des excellents anhydrotiques, (qui agit contre la transpiration) entrant dans la composition du mystérieux Élixir de longue vie.
Il ne s’agit pas cet Elixir de longue vie que l’on trouve dans le commerce, et qui ne serait qu’une infusion de pêche, et de papaye, plus différents épices, ni de cet élixir de Provence, à base de Betterave, de Cassis...(lien) mais d’une préparation complexe, mentionnée dans les papiers du Dr Hesnel, mort à 103 ans...d’une chute de cheval... dont le grand père vécu 130 ans, son père 112 ans, sa mère 107, lesquels prenaient chaque jour de 7 à 9 gouttes de ce breuvage.
Le secret de cette recette a finalement été révélé grâce aux archives départementales du Loiret. Lien
cependant il existerait d’autres élixirs...lien
au-delà de ces tentatives, les champignons peuvent aussi être utilisés comme colorants.
Ainsi le Polypore hérissé servait à teindre les peaux et les étoffes en marron fauve, et les bois en jaune, et on obtenait les mêmes résultats grâce au Polypore soufré, ce comestible au goût de poulet.
N’oublions pas certaines russules dont le chapeau permet une belle couleur rouge, ni les coprins, dont Bulliard assure que l’on peut faire une excellente encre. lien
Le grand Linné assurait que les Laponnes, pour se parfumer, portaient dans leurs habits des morceaux de Tramète odorante, lesquelles dégagent une fine odeur de fenouil, voire de vanille.
Et pourquoi ne pas citer le Polypore amadouvier, qui était fort recherché avant l’apparition des allumettes ?
Pour se faire, on enlevait la couche de tubes d’un coté, et de l’autre l’épiderme ligneux. Ensuite la partie centrale était coupée en fines lanières, battues avec un maillet, puis frottées entre les mains. Après avoir été plongées dans une eau additionnée de salpêtre, et une fois séchées à l’ombre, on les battait de nouveau : elles s’enflammaient à la moindre étincelle.
Quant au Polypore écailleux, il a beaucoup servi à faire d’excellent « cuir à rasoir »…
Mais revenons à la santé…
le Shiitake, ce champignon japonais qui apparaît souvent dans la cuisine asiatique serait efficace pour lutter contre le cancer du col de l’utérus...lien
Sans vouloir donner de faux espoirs, les scientifiques regardent de très près tous ces champignons qui pourraient apporter des progrès considérables à la médecine.
Qu’ils s’appellent crinière de lion, queue de dinde, chaga, reishi, pleurotes, ce sont des extraits de champignons qui ont été utilisés depuis des lustres dans la médecine traditionnelle chinoise, et arrivent maintenant en Occident, apparaissant comme une tendance de mode pour la santé et le bien-être dans bien des domaines : soulagement de l’anxiété, amélioration de l’immunité et des fonctions cognitives, réduction du cholestérol et de l’hypertension…
il existe même des crèmes à base d’amanite tue-mouche qui soigneraient la peau, et les articulations, grâce à ses polysaccharides, ce que rappelait le célèbre mycologue Mikhaïl Vichnevski...lien
Dans son livre « sa Majesté l’Amanite tue-mouche », il écrit : « dans toute la partie européenne de la Russie, l’amanite tue-mouche est traditionnellement utilisé pour préparer un liquide qui tue les mouches, mais aussi comme champignon médicinal ».
« Depuis le XIXe siècle, l’usage externe de ces champignon s’est répandu. L’infusion d’amanite tue-mouche sur de l’huile de lin a commencé à être utilisé pour frotter les patients souffrant de rhumatismes » ainsi que l’écrit Maria Bounina dans « Russia Beyond ». lien
Pourtant nous devons encore plus de considération aux champignons, car il ne faut pas oublier la place de choix qu’ils ont dans nos vies : ils contribuent naturellement à la stabilisation des sols, ils nous permettent de faire lever le pain, de fabriquer de la bière, influencent la composition de l’atmosphère, en se souvenant qu’ils étaient déjà présents il y a plus de 400 millions d’années, (certains vont même jusqu’à dater certains fossiles fongiques de plus de 1,5 milliard d’années), et qu’à l’époque, ils étaient capables de permettre des structures de 9 mètres de haut. lien
Sans eux, nos villes et nos infrastructures seraient impossibles, empêtrées dans des matières non dégradées, nos forets seraient infranchissables, avec des millions d’arbres morts entassés, empêchés de devenir de l’humus...et le biologiste américain Merlin Sheldrake estime qu’il reste encore 90 % d’espèces fongiques à découvrir, d’autant que seulement environ 100 000 espèces de champignons sur les plus de 4 millions estimées sur notre planète ont été analysées. lien
Finalement, comme l’affirme Guillaume E. Lopez : « sans eux, l’Humain ne serait pas là ». lien
...et comme dit mon vieil ami africain : « conserver sa tête vaut mieux que conserver son chapeau »...
L’image illustrant l’article vient de maxisciences
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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