Les temps sont durs

par C’est Nabum
jeudi 9 février 2017

La Sarthe affluent de l'Eure

Chronos file un mauvais coton.

Comme aime à le dire Pénélope : le temps me file entre les doigts. La dame a beau faire tapisserie, elle découvre amèrement que le temps lui est désormais compté. Il est vrai qu’au prix du temps fictif, la chose pèse lourdement dans la balance. Elle a fait tant et plus pour son brave Ulysse, héros des temps modernes, qu’il mériterait bien un petit répit dans le terrible conte à rebours qu’elle a vainement tenté de repousser.

Les temps sont durs et la démocratie a un coup de mou, paradoxe supplémentaire d’une époque déboussolée, quoique certains ne perdent pas le nord, ce qui, avouons-le, est bien là le nœud de l’affaire. Ce n’est d’ailleurs qu’une affaire de temps, aurait dit celui sur lequel pèsent les plus effroyables soupçons. Je vous demande quinze jours... Le temps chez lui, a toujours été de l’argent, sans jamais être certain que ce fût un salaire horaire. C’est à se perdre les pieds dans les aiguilles de la fileuse plus que dans celle de la trotteuse !

La course contre la montre a d’ailleurs débuté dans son propre camp. Des prétendants se révèlent : ceux qui du moins pensent que leur heure est venue. L’impatience gagne du terrain chez ceux qui estiment que la dernière heure a sonné pour le Prince des risettes. Remettre les pendules à l’heure est devenu le leitmotiv des chevaliers blancs de la probité, ou du moins de ceux qui veulent encore nous faire croire que c’est encore possible dans cette caste corrompue.

Il y a pourtant comme un grain de sable dans le sablier électoral. La prochaine échéance risque d’être nulle et non avenue tant on va découvrir de choses sordides sur les uns et sur les autres. C’est le glas qui sonne sur la cinquième République et non le coq, quoique comme toujours, les deux se dressent sur un tas de fumier en décomposition.

C’est donc les temps des regrets et des amours perdues. La démocratie a perdu au jeu de la roulette « ruse » : celle des magouilles et des combines, des coups foireux et des affaires douteuses. Le temps ne leur est plus imparti, l’échéance est là, patente d’un échec colossal. Il a fallu qu’un canard vienne interrompre le cours du temps, briser la clepsydre de ce curieux calendrier électoral pour que le bon peuple cesse de leur accorder temps et considération.

 Si un temps est venu, c’est celui de la révolte et du changement de règle du jeu. Un temps plus court aux affaires : un seul mandat pour des représentants qui ne doivent pas faire métier de la chose politique. Le temps aux affaires est inscrit dans le temps ; une parenthèse qui n’a aucune raison de durer plus d’un bref passage, un service de l’État dont le bail n’est jamais renouvelable.

Ils veulent durer pour faire de l’argent de ce temps qu’ils occupent à toujours mieux se servir. La récréation a sonné ; il est grand temps de mettre un point final à la farce. Il y a un temps pour tout ; celui de la corruption, des magouilles, des arrangements vient de prendre fin dans le fracas d’une affaire exemplaire et non unique. Celui qui est pris la main et la bourse dans le pot de confiture n’est que le paradigme d’un système généralisé.

Le temps de l’exemplarité va s’ouvrir. Il se passera des partis, officines mafieuses, des têtes de classe des grandes écoles. La citoyenneté ne peut être confisquée par une caste, fût-elle bien éduquée aux frais de la République. Le temps des gens ordinaires aux affaires arrive : le tirage au sort, à la courte-paille ou bien à tout autre manière de choisir est advenu. L’élection est une illusion qui donne toujours l’avantage aux coquins, margoulins et fripons à gros budgets.

Mettons donc le temps en suspension ; refusons la farce de la prochaine élection et exigeons une Constituante immédiate, loin de ce personnel politique qui a fait son temps. C’est un nouveau départ qui s’impose et nullement l’illusion de personnes nouvelles qui ne sont que les produits rafraîchis de cette vieille clique intemporelle, accrochée aux affaires depuis toujours. Ne faisons pas du neuf avec du vieux, même si c’est un jeune loup sorti d’une banque. Le temps est vraiment venu d’un autre temps, d’une nouvelle époque !

 Intemporellement leur.

 


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