Mangeurs de hérissons
par LE CHAT
mercredi 10 septembre 2008
Deux membres de la communauté « des gens du voyage » viennent d’écoper de 6 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Bordeaux ce lundi. Ils avaient été appréhendés en février avec une dizaine de hérissons en leur possession, qui sans cette interpellation étaient voués à finir en repas selon la coutume tzigane.
Ils risquaient 9 000 euros d’amende et six mois de prison, car, selon l’arrêté du 17 avril 1981, le hérisson est une espèce protégée dans toute la communauté européenne, il est interdit de le détruire, de le chasser, de le transporter, de le naturaliser et de le vendre.
Munis de deux chiens de chasse spécialisés, alors qu’ils chassaient de nuit, nos deux compères pensaient pouvoir faire un bon repas en famille avec pas moins de dix hérissons, mais, malheureusement pour eux, ils ont été interpellés. Quatre associations s’étaient portées partie civile à l’occasion, l’Association Stéphane Lamart, la Société nationale de défense des animaux, la SPA et le Sanctuaire des hérissons. Au total, les deux hommes ont écopé de 1 000 euros d’amende chacun, plus 500 euros de dommage et intérêts et 500 euros de frais de justice à verser à chacune des quatre associations. Leur avocate ne conteste pas la condamnation judiciaire, mais seulement les montant des dommages et intérêts car ses clients ont vraiment de trop modestes revenus.
Manger des hérissons fait peut-être partie intégrante de la culture tzigane, mais celle-ci doit s’effacer devant la loi applicable à tous. Le hérisson est un animal très utile, c’est l’ami du jardinier car il détruit nombre d’escargots, de limaces et d’insectes variés. Ce petit insectivore, quoique quasiment omnivore, atteint rarement sa longévité maximale, environ dix ans, et moins d’1/2 % y parviennent :
26 % meurent empoisonnés par les pesticides ;
24 % meurent écrasés sur les routes ;
18 % sont victimes du parasitisme (tiques, puces) ;
13 % meurent d’épuisement et de faim ;
10 % se noient dans les piscines, sont broyés par les motoculteurs ou sont brûlés dans des tas de feuilles ;
9 % enfin sont victimes de leurs prédateurs naturels (renards, blaireaux, putois, fouines), mais aussi sous la dent des chiens.
Alors inutile de rajouter l’homme parmi ces prédateurs, bien que la consommation de hérissons remonte aux temps anciens, que de nombreuses recettes existent, peut-être est-ce celle-là que nos deux hommes auraient aimé savourer. Le hérisson est mangé dans de lointaines contrées, mais en France métropolitaine il faudra désormais se contenter de ce hérisson.
Ce jugement a une valeur éducative et, désormais concernant le hérisson, tout le monde saura que qui s’y frotte s’y pique !