Plein le cigare
par olivier cabanel
mardi 26 juillet 2022
Non, il ne s’agit pas d’évoquer Cuba, quoique...mais d’évoquer d’abord ce petit livre impertinent et acide, signé Régis Debray, sous le titre « éclats de rire »…et puis de s’interroger sur ces chocs qui ont changé des vies...
L’auteur raconte, sans trop s’étaler, un souci de santé qui l’avait privé provisoirement d’une partie de sa mémoire...et ses efforts pour la retrouver ont donné naissance à un ouvrage modeste et pourtant profond, plein d’humour, de dérision, bourré de provocations, de contre-sens, de jeux sur les mots, sur les gens, sur la vie.
À l’ombre d’un arbre généreux, lire cette prose apporte une fraîcheur bienvenue par ces temps de canicule.
Debray pratique le rire subversif et acide, quand il écrit : « catastrophe, notre leader bien aimé est mort...allons donc ! Un seul être nous manque … et tout est repeuplé ».
Un autre extrait ? : « chaque époque a ses blagues préférées. La nôtre professe le dogme qui nous impose de n’en avoir aucun, disons la croyance dans les bienfaits de l’incroyance. Pas très sérieux, mais cela fait intelligent ».
Ce modeste ouvrage, de 60 petites pages est ébouriffant, mais au-delà de ça, il faudrait s’interroger sur les aléas de notre mémoire.
Edgar Cayce
Lorsqu’après un choc violent, un AVC, ou autre, nous nous réveillons avec parfois d’autres capacités, tout comme Edgar Cayce, qui soignait à distance, après s’être fait hypnotiser, (lien) ou le grand auteur Haruki Murakami, qui suite à un choc, en l’occurrence, une balle de base-ball, a changé totalement de vie, abandonnant son club de « jazz, drogue, prostitution », pour
La liste est longue de ces chocs subis qui ont changé la vie de nombre de nos semblables, tel Reuben Nsemoh, un américain de 16 ans, sombrant dans un coma suite à un choc lors d’un match de foot, et qui, trois jours après, est capable de parler une langue qu’il n’a jamais étudié, l’espagnol en l’occurrence. lien
Quant à Jason Padgett, un américain vendeur de meubles, suite à une agression qui a provoqué une commotion cérébrale, il se prend soudain une passion pour les maths, alors que dans cette matière, il n’était guère à son aise.
Comme il l’écrit lui même : « il semblerait que notre conscience soit fractale et possède de multiples couches qui sont sous jacentes à notre conscience de veille. Lorsque nous atteignons certaines couches, d’autres facultés jusque là inhibées réapparaissent, elle est le cas de la synesthésie ». lien
Il y a au moins une trentaine de cas de ce qu’on appelle « le syndrome du savant acquis », tel ce chirurgien new-yorkais qui écrit une sonate de 26 pages après avoir été frappé par la foudre...ou cet autre américain se blessant à la suite d’un plongeon dans une piscine peu profonde, et qui à 40 ans devient en quelques secondes un pianiste virtuose et éclairé, au point d’en faire son métier.
Berit Brogaard, neuroscientifique à l’université du Missouri a étudié le cas de Padgett, cité plus haut, et en a conclu que les régions anormalement actives dans son cerveau après l’accident, lesquelles se trouvaient juste à coté de celles ayant subi des lésions, ont profité de la libération d’une grande quantité de neurotransmetteurs dans les zones voisines, ce qui aurait créé de nouvelles connexions nerveuses dans des régions du cerveau jusque là en sommeil, renforçant la théorie du « génie acquis ». lien
Comme dit mon vieil ami africain : « les plus intelligents ne sont pas ceux qui font le plus de bruit ».
L’image illustrant l’article vient de influencia
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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