Posséder un animal de compagnie, serait-ce une forme de maltraitance envers celui-ci ?

par Andy
samedi 11 avril 2015

Il aura fallu attendre 800.000 signatures récoltées au travers d’une pétition lancée par "30 millions d’amis" pour que cela change. Désormais, dans le Code-Civil, l’animal domestique est considéré comme étant un être doué de sensibilité et non un bien meuble. Ce changement de statut devrait permettre de punir plus sévèrement la cruauté et la maltraitance envers les animaux. Nos animaux de compagnie sont-ils satisfaits de cette évolution morale de notre société ?

Kiki et sa maîtresse

 

Posséder un animal de compagnie, oui, mais à quel prix ?

À moins de recueillir un animal errant et de lui offrir l’amour et l’attention nécessaire durant le partage de toute une vie, le commerce et la production d’animaux domestiques ne se sont jamais aussi bien portés. Qu’il s’agisse d’importation ou d’exportation, les nombreuses mères porteuses mettent au monde leurs petits à une cadence infernale. Dans la vie, il n’y a pas de sot métier, disait un homme célèbre, à peine ces mères porteuses se remettent-elles de leur couche qu’une nouvelle saillie les attend afin de rentabiliser l’activité d’éleveur d’animaux domestiques. Chiens, chats, oiseaux, poissons et autres NAC (les Nouveaux Animaux de Compagnie) incluant les reptiles, insectes et autres curiosités du monde animal ont une valeur marchande et se négocient à prix d’or sur le marché international. La dignité de l’animal est-elle vraiment respectée dans cette industrialisation de nos « amis » de compagnie ?

 

Quelles sont nos responsabilités envers l’animal ?

Lorsque nous possédons un animal domestique, nous devenons automatiquement responsables de lui. Nous sommes responsables du comportement de l’animal envers les autres, des accidents ou dégradations qu’il pourrait provoquer. Pour le Code-Civil, l’animal n’est qu’un animal doué de sensibilité, il n’y a aucune responsabilité civile pour l’animal et aucun devoir moral envers autrui. L’animal ne peut être puni par la loi, par conséquent, la justice se tournera vers le propriétaire de l’animal, ou du moins, la personne qui revendiquera être le fidèle « ami » de cet animal. Comme dit le vieil adage, c’est toujours dans ces moments-là que l’on voit où sont nos véritables amis. Certains animaux possèdent des documents d’identités, du moins, les animaux qui auront été identifiés par une puce implantée, cette puce contient un numéro d’identification permettant de connaître le nom de l’animal et le nom du propriétaire. Même si l’animal est choyé et aimé, lorsque celui-ci fait partie de notre vie, nous nous devons de rester le maître de cet animal afin de garantir la sécurité d’autrui et être responsable de l’environnement. Par exemple, si les déjections d’un animal domestique sur la voie publique ne sont pas ramassées par le propriétaire de l’animal, celui-ci peut recevoir une amende pouvant aller de 11 à 250 €.

 

Une liberté conditionnée pour nos amis les bêtes ?

L’animal de compagnie, même si nous éprouvons pour lui de véritables sentiments d’amour, celui-ci restera notre prisonnier durant toute sa vie. Le chien sera tenu en laisse, l’oiseau enfermé dans une cage, les poissons rouges seront cloîtrés dans leur bocal. Quant aux chinchilla, hamster, cochon d’Inde, serpent, lézard, araignées et autres NAC, ces animaux seront consignés dans leurs cages respectives et vivariums, avec au programme de la journée, des sorties occasionnelles sous étroite surveillance. Il semblerait que le chat domestique s’en tire à bon compte, à moins que le pauvre animal soit condamné à perpétuité à l’intérieur d’un appartement situé au quinzième étage et qu’il devienne, à force de vivre enfermé, agoraphobe. Le chat, lorsqu’il vit dans un quartier pavillonnaire, peut aller et venir à sa guise et jouir d’une liberté presque totale. Dans les contrées reculées de toute civilisation, il existe encore des relations respectueuses entre l’animal et l’humain. Il s’agit d’une relation particulière et complémentaire où chacun partage un moment de vie, sans obligation ou une quelconque responsabilité vis-à-vis de l’un ou de l’autre. C’est peut-être dans ce cadre de vie que l’animal doué de sensibilité prend tout son sens.

 

Les NAC's (nouveaux animaux de compagnie)

À droite au fond du garage, juste à côté du lave-linge, il y a un espace suffisant pour aménager la litière de votre éléphant de compagnie. Bien sûr, adopter un tel animal demande de l’autorité et beaucoup de patience durant son éducation. Il sera strictement défendu à ce pachyderme de monter dans le canapé. Ce n’est pas simple d’éduquer un tel animal afin de l’empêcher de barrir dans le jardin après 22 h. Lui apprendre la propreté est important pour une bonne hygiène de vie communautaire, en effet, il faut éviter qu’il lève la patte sur les roues des voitures stationnées dans la rue. Dernièrement, une dame a failli mourir noyée à cause d’un éléphant mal éduqué. Ah oui, à ce propos, n’oubliez pas la brouette lors de votre ballade quotidienne, rappelez-vous que les déjections non ramassées d’un animal de compagnie sur la voie publique peuvent entraîner une amende qui varie entre 11 et 250 €.

Fort heureusement, tout cela est réglementé, il est interdit de détenir des animaux appartenant à une espèce protégée, enfin, sauf pour ceux et celles possédant une autorisation spéciale. Par contre, rien n’interdit à un individu de se balader dans la rue avec un crocodile en laisse, tant que celui-ci est muselé, à défaut de trouver un texte de loi adapté à la détention d’un mangeur d’Hommes. Et pourquoi ne pas porter une tarentule sur l’épaule lors d’une balade en ville ? Ne faisons pas tant de manières, ce n’est pas une petite bête qui va en manger une grosse ! N’est-ce pas ? Ces animaux ne vivent pas dans leur milieu naturel, d’ailleurs, la plupart de ceux-ci naissent en captivité sans même connaître ce qu’est la nature dans toute sa splendeur. Les humains seraient-ils insensibles à ce point, au travers de cette forme de narcissisme ?

 

Il ne lui maque que la parole !

Le vocabulaire de votre animal de compagnie vous semble rudimentaire ? Il est temps pour vous de changer vos idées reçues en la matière. Il est vrai que donner des leçons de moralité à votre animal domestique s’avère être inutile. Le pauvre animal ne comprend que des phrases courtes et il répondra aux instructions rudimentaires que vous lui avez enseigné. (Assis, debout, couché, fais le beau, viens ici, fiche le camp !) Méfiez-vous, avant de dire que votre animal est stupide, il ne lui manque que la parole et il pourrait vous répondre, qu’il vous doit tout...

Les animaux de compagnie communiquent avec nous vocalement par les cris, les gémissements et tant d’autres façons de s’exprimer, toutefois, les bêtes intellectualisées que nous sommes, nous avons oublié l’un de ces modes de communications primitives. Il s’agit d’un langage corporel alliant les odeurs et les expressions du visage... l’animal parvient à décrypter nos expressions corporelles, il nous comprend et il connaît nos intentions avant même que nous lui adressions la parole. De leur côté, ils s’expriment de la même façon, mais notre vocabulaire animalier est relativement maigre, à vrai dire, nous prêtons peu d’attention à ce langage primaire et à la psychologie animalière. Il ne lui manque que la parole ? Parfois, nous ferions mieux de nous taire et apprendre à connaître notre animal de compagnie afin de savoir s’il est vraiment heureux de vivre en notre compagnie.

 

Manger de tout et n’importe quoi,

Manger un être vivant se fait naturellement chez l’être humain, puisque les cailloux sont indigestes et n’apporte rien à l’organisme. Nous mangeons de la volaille, du bœuf, du poisson et du gibier. Mine de rien, les végétaux sont eux aussi des êtres vivants et nous les mangeons volontiers sans ressentir la moindre culpabilité. Dans cette partie du globe, pour notre consommation alimentaire, nous (sur)produisons des animaux dans des conditions de vie horribles. Prenons une minute de silence et ayons une pensée profonde pour ce monstrueux gaspillage des produits invendus et la tranche d’une Marguerite périmée au fond du frigo... Il faut tout de même reconnaître ce qui est, bien que doués de sensibilité, ces animaux ne sont que de la viande sur pattes, nous respectons l’animal pour des raisons de santé et d’hygiène publique. Dans cette partie du globe, il serait impensable de consommer un animal de compagnie, du moins, ceux que nous considérons comme tels, tout cela n’est qu’une question d’éthique. Par exemple, dans certaines contrées lointaines, les chiens et les chats se mangent sans complexe. D’autres pays respectent les vaches sacrées, quand d’autres encore refusent de consommer du porc. Nos cultures, nos éducations et notre savoir-vivre nous guident sur nos considérations vis-à-vis des conditions de vie d’un animal. Durant les grandes guerres mondiales, la faim a justifié et a rendu légitime la consommation de rats, chiens et chats laissant entre parenthèses notre conscience et nos valeurs humaines. Des récits de guerre racontent même des cas de cannibalismes dans nos régions civilisées. Il y a quelques mois de cela, deux Chiwawa, doués de sensibilité et affamés, ont mangé le cadavre de leur maître décédé dans l’indifférence du voisinage. Ces voisins bienveillants, doués eux aussi d’une extrême sensibilité, mais fortement excédés par l’odeur nauséabonde dans le couloir et les aboiements intempestifs, ont portés plainte auprès de la police pour que cela cesse.

 

Posséder un animal avec beaucoup d’amour.

Certains animaux de compagnies sont considérés comme les enfants d’une famille, toutefois, ceux-ci restent des animaux imprévisibles et potentiellement dangereux. Les enfants sont en ligne de mire, car leurs gestes et leurs cris peuvent agacer l’animal. Après un tel accident envers un enfant, l’animal de compagnie ne se fera pas représenter par un avocat devant la justice et il ne pourra pas faire valoir les circonstances atténuantes pour sauver sa peau. Les responsables seront les propriétaires, qui fort heureusement, seront assurés et pourront indemniser la victime. Quant à l’animal, celui-ci risque la peine de mort par injection létale.

 

Il n’est pas rare de croiser des abrutis essayant de rendre leur molosse de compagnie encore plus abruti qu’eux-mêmes au travers de jeux dangereux.

 

Et que deviendront les chiens de flics dans tout ça ? À force d’inhaler les vapeurs et résidus de drogue, seront-ils en bonne santé à l’heure de la retraite ? pourront-ils prétendre à recevoir des indemnités maladie ?

 

Il n’y a aucune sécurité sociale pour nos animaux de compagnie, les personnes traversant une grande précarité sociale devront assumer financièrement la maladie de leur animal de compagnie. Que faire, lorsqu’ils doivent choisir entre manger et se soigner ?

 

Les concours de beauté pour animaux, ne serait-ce pas une forme de maltraitance envers cet animal ?

 

Heureusement, de nos jours, les consoles de jeux nous proposent de posséder un animal virtuel... l’animal n’est plus un bien meuble pour le Code-Civil... Toutefois, nous devrions nous demander : l'animal de compagnie ne serait-il pas considéré comme un objet d’apparat pour l’humain ?

 

C’est qu’il faut avoir beaucoup d’amour et de respect pour partager la vie de notre fidèle compagnon, ce n’est pas simple de répondre à ses désirs et d’être disponible pour lui. Nous devrions parler de détention d’animal dans nos villes et village, à l’intérieur de nos pavillons et HLM. Ces animaux que nous aimons tant sont au bout d’une laisse, dans une cage, parfois derrière un grillage ou derrière une épaisse vitre. En liberté conditionnelle, nos animaux nous attendent devant des gamelles et des portes, ils nous supplient pour sortir, manger et boire. L’animal doit s’adapter à son environnement de vie et accepter de vivre en détention à perpétuité ?

 

La véritable question est : aimons-nous posséder un animal de compagnie ou aimons-nous l’animal pour ce qu’il est vraiment ? 


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