Quand les ordures se changent en or

par olivier cabanel
lundi 12 avril 2010

Alors que certains trouvent dans les taxes une façon discutable de sauver notre environnement, d’autres, plus imaginatifs, proposent des solutions innovantes et réalistes pour nous sortir de l’impasse.

A la lumière d’un reportage (ma poubelle est un trésor) qui va être diffusé le 20 avril sur France 3 à 23h30, réalisé par Pascal Signolet et Martin Meissonnier, grâce aux conseils avisés de Dany Dietmann, une évidence se fait, nous avons un trésor dans nos poubelles.

Mr Dietmann s’exprime sur cette vidéo.

C’est un maire novateur, à Manspach, puisque sa communauté de commune en appliquant ses recommandations a fait baisser la quantité de déchets à 96 kg par an et par habitant, alors que notre moyenne nationale franchit allègrement le seuil des 500 kg (590 kg en Isère).

Les habitants payent l’enlèvement de leurs ordures au poids, ce qui provoque la réduction des déchets.

C’est ce qu’on appelle «  la pesée embarquée  ».

Et puis il y a le tri, plutôt que de les enterrer, ainsi que c’est encore fait régulièrement, des solutions innovantes et propres sont mises en place ici, ou là. lien

En effet, les déchets enterrés se retrouvent un jour ou l’autre dans nos verres, puisqu’ils finissent par se dissoudre dans les nappes phréatiques.

S’ils sont incinérés, nous finissons par les respirer (dioxines), et les conséquences peuvent être dramatiques pour notre santé, les cancers pointant le bout de leur vilain nez. lien

Même en respectant les normes en cours, un incinérateur rejette quand même une pollution. lien

Et puis, il y a les dépassements de norme, comme à Melun : il a été d’environ 2000 fois supérieur à la norme. lien

Tout va dans le sens d’une amélioration, puisque le parc d’incinérateurs français est passé de 300 en 1998 à 123 en 2003. lien

La lutte contre le suremballage que nous proposent les supermarchés est engagée. lien

Aux quatre coins de la planète, l’imagination fertile des chercheurs nous propose des solutions.

Par exemple, à Anvers, une usine transforme les cartes d’ordinateurs en lingots d’or.

Les suédois sont les pionniers en la matière.

A Skelleftea, à 200 kilomètres au sud du cercle polaire, un site industriel est né. Dans l’usine de Kuusakoski des tonnes d’aspirateurs, poste de radios, voitures électriques, sèche cheveux, cafetières, téléphones, écrans d’ordinateurs s’entassent attendant leur recyclage.

Un tiers des déchets électroniques de la planète y sont recyclés. Il n’y a pas que les cartes d’ordinateurs qui y sont recyclées, mais aussi tous les appareils électroniques devenus désuets.

En 2004 la fonderie de Rönnskar qui récupère les déchets électroniques du monde entier, mais aussi le minerai en provenance de ces propres mines, à produit 230 000 tonnes de cuivre, 40 000 tonnes de zinc, 475 tonnes d’argent, et 15 tonnes d’or. lien

Une tonne de téléphones mobiles permet de récupérer 1 kg d’argent, 300 gr d’or et 100 grammes de palladium.

Aujourd’hui, 20% du cuivre, 40% de l’or, et 75% du zinc utilisé en Suède provient du recyclage, et dans le monde 33% du cuivre utilisé vient lui aussi du recyclage.

Economiquement, ce n’est pas négligeable, lorsque l’on sait que le cours du cuivre est en constante augmentation (de 1544 $ la tonne début 2003 à 4537 $ en juin 2006) lien

Le recyclage du verre permet d’économiser 250 000 tonnes d’équivalent pétrole par an, 3 litres d’huile de vidange recyclées donnent 2 litres d’huile prête à l’emploi.

Pour faire une bouteille en plastique d’un litre, il faut 300 gr de pétrole.

Le recyclage de l’aluminium permet d’économiser 3 millions de tonnes d’équivalent pétrole par an.

Le recyclage est à la mode : ici, des trottinettes sont fabriquées avec des avions recyclés, là des maisons sont construites à partir de pneus recyclés.

Et puis, il y a la valorisation énergétique du méthane provenant de nos déchets. Alors que l’Allemagne a 3500 usines produisant du biogaz, ( lien)  la France en a deux. lien

En fouillant un peu plus dans nos poubelles, on s’aperçoit que nous sommes une fois de plus le mauvais élève de la classe européenne, puisque seulement 8% de nos ordures sont triées, contre 50% en Allemagne ou en Suisse. lien

Pourtant 30% de leur contenu est compostable, alors qu’aujourd’hui seulement 6% est composté en France.

Les campagnards ont toute facilité pour mettre en compostage leurs déchets ménagers putrescibles, et les utilisent pour fertiliser le sol de leurs jardins.

Pourtant les citadins voient s’ouvrir eux aussi de nouvelles perspectives, et l’on commence à voir fleurir aux pieds des immeubles un compostage collectif, grâce aux déchets ménagés triés.

Sur ce lien, tout ce que l’on apprendre sur les méthodes de compostage et les solutions proposées..

D’autres solutions sont plus discutables, comme le projet de transformer des ordures en iles artificielles dans la baie de Tokyo.

Il faut savoir qu’au Japon 150 000 tonnes de déchets plastique s’accumulent sur les côtes, et qu’ils ont provoqué la formation d’une ile de déchets grande comme 6 fois la France. lien

Lorsque l’on sait que ces 150 000 tonnes ne sont qu’une partie de la réalité, puisque 70% des objets en plastique coulent, et finissent par se dissoudre dans l’eau. lien

La quête est donc lancée pour découvrir cet or qui dort dans nos poubelles.

Car comme disait mon vieil ami africain :

« il ne faut pas profiter de la pluie pour pisser dans le torrent ».


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