Trou noir et repli du temps....

par HELIOS
mercredi 10 septembre 2008

Il est 10 heures un peu passé ce mercredi 10 septembre et, il y a quelques instants, le grand collisionneur de 27 km situé sous la frontière franco-suisse près de Genève vient d’entrer en fonction.

Bien sûr de nombreux tests ont déjà été menés.

Officiellement l’opérationnalité de l’outil devient effective...

Depuis les premières discussions en 1984 presque un quart de siècle s’est écoulé et les nombreuses vicissitudes surmontées, notamment celles dues à nos amis anglais, toujours eux, le projet a vu le jour à sa place définitive.

L’usage de cette machine qui nous paraît démesurée est pourtant intéressant, très intéressant au point que nous devrions toucher du doigt, façon de parler, le fondement de l’univers.

 Par cette expression, je ne veux pas imager ce petit texte au point de le représenter comme le cul de basse-fosse du monde, au budget de type danaïde que lui prête… encore une fois nos amis anglais, toujours prêts à la critique, toujours aussi pingres quand il faut mettre la main à la poche, mais aussi toujours aussi profiteurs de ce qu’ils n’ont pas voulu payer. Mais c’est bien pour cela qu’on les aime.



Nous allons enfin pouvoir jouer à la pétanque avec les plus petites boules possible. C’est bien vrai que nous sommes dans le small is beautifull technologique qui contraste avec la taille du terrain de jeu : 27 km, ce n’est pas rien.

La partie est sérieuse. Armés de nos petits grains de matière, nous allons jouer à les faire tourner sur ce manège délirant en leur plaçant un coup de pied au cul à chacun de leurs passages. Et comme pour le copain, dans la cour de l’école qui part en courant, nous devrions obliger nos boules, cochonnet compris, à se rapprocher de la vitesse de la lumière. Je ne vous dis pas ce que ça consomme, ce truc, car Borloo et Hulot en attraperaient immédiatement une vraie crise d’apoplexie : quasiment la production d’une centrale nucléaire, rien que ça et sans espoir de lui coller un malus.

Alors nos p’tits chouillas, si rapides, vont tourner dans leur tuyau et, comme pour vous sur l’autoroute un jour de grève des radars, ils vont se rentrer dedans au plus grand bonheur des personnages lunetteux qui les encouragent. Les restes de ces accidents devraient nous informer sur la nature même des choses.

 Evidemment à titre de comparaison, on pourrait toujours essayer de se faire rencontrer un semi de 38 tonnes plein de boîtes de sauce tomate et une Smart Fortwo, les deux à leur vitesse maximale pour savoir ce qu’il y a dans la boîte à gant de la Smart. Il n’est pas évident d’y retrouver le poudrier de Madame ne sachant même pas si elle se maquille. C’est un peu ce que prétend Hawkins qui a fait le pari que cela ne servira à rien.

Dans le même style, bien que n’étant pas spécialement Anglais, mais néanmoins écologistes les voix de nos fantasmes les plus cachés se sont réveillées avec quelques pisses-vinaigre et nous servent sur un plateau de petit déjeuner l’horrible vérité : nous allons créer un trou noir qui va nous avaler tout cru… La Terre entière va y passer, exactement comme lorsque vous retournez une chaussette avant de la mettre dans la machine à laver.

Séduisant comme concept, la chaussette, n’est-ce pas ? Bon, on voit bien que cela n’est pas possible, mais après avoir lu, avoir vu les innombrables Star-Trek et autres Guerre des étoiles, on se prend à rêver et même à frissonner. A croire que la Géorgie n’a pas suffi.
Tiens au fait, il est à moins de 100 $ le brut au même moment où le collisionneur entre en service. L’essence, elle, n’a pas baissé et coûte toujours le prix qu’elle avait atteint lorsque le baril était à 120 $ dans sa phase de croissance. Pendant que les chercheurs jouent à nous faire peur, les compagnies pétrolières et l’Etat jouent à nous faire les poches.

Ah, les apartés… Je reviens à mon sujet : le trou noir. Donc, nous allons créer un trou noir qui va nous dévorer… Et alors ? Ce qui serait grave, par exemple, c’est qu’il n’engloutisse que les juifs ou que les Palestiniens (rayer la mention inutile selon vos affinités), mais puisque nous allons tous y passer, tous ensemble, pas de problème n’est-ce pas ?

L’ennui, c’est que nous voyons bien comment on entre dans ce trou noir, mais pas du tout comment nous allons en sortir. Gageons que la nature ayant horreur du vide, nous allons effectivement en sortir, il ne reste seulement qu’à déterminer si nous allons émerger « ailleurs », « avant », « après » ou les trois à la fois.

Peu importe, allez-vous me dire et vous avez raison, car depuis que vous avez commencé à lire ce message, le collisionneur est entré en service, a fonctionné, les hadrons se sont rencontrés dans une gerbe d’étincelles, de lumière, d’énergie… Le trou noir s’est formé et… et, et-et (comme disait Zorro) Nous sommes maintenant là et ailleurs.


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